Tribune « Pour une écologie en action »
OGM, gaz de schiste, COP 21… Les avancées vertes ont été nombreuses ces quatre dernières années. Mais pour l’heure, ce qui compte, c’est la victoire de la gauche en 2017. Ministres et députés écologistes – dont Eric ALAUZET Député EELV – signent une tribune dans Libération ce 21 juin 2016.
« Pour une écologie en action »
Ecologistes, nous portons un projet de transformation de la société centré sur le développement humain et le respect de l’environnement. Cela se traduit par une exigence singulière au sein de la majorité que nous avons constituée en 2012, pour peser jusqu’au bout sur les décisions et répondre à l’urgence sociale et climatique par des actes concrets.
Nous avons parfaitement conscience des erreurs commises par cette majorité, des insuffisances, parfois des défauts de pédagogie. Oui, nous aurions préféré que la majorité mène plus loin la réforme fiscale, concrétise une taxe poids lourd mal préparée par la majorité précédente, soit plus explicite sur sa politique, plus rapide parfois dans son action. Mais nous savons aussi ce qui a été fait : la loi de transition énergétique qui vise à réduire la consommation d’énergie, à développer les énergies renouvelables et qui remet en cause, de manière historique, le dogme du tout-nucléaire ; la résistance aux lobbys pour maintenir l’interdiction des gaz de schiste et des OGM ; le soutien au développement de l’agroécologie ; la création et la montée en puissance de la taxe carbone rebaptisée «contribution climat énergie» et, bien entendu, la réussite de la COP 21 : le sommet de Paris sur le climat a accouché du 1er accord universel de l’histoire qu’il s’agit de concrétiser.
Et nous savons ce qu’il reste à faire au cours des semaines qui viennent : simplification administrative et réglementaire au service des projets d’énergies renouvelables et de l’entreprenariat, car la transition écologique de l’économie passe par les entreprises, généralisation à grande échelle de l’isolation thermique des logements, qui permettra une baisse des consommations énergétiques et des économies pour les citoyens, mise en place d’un cadre législatif clair et opérationnel pour protéger la biodiversité, interdiction des pesticides tueurs d’abeilles, taxation de l’huile de palme, inscription du préjudice écologique dans le code civil, compléter l’arsenal pour lutter contre les pollutions de l’air…
Bien sûr, en tant qu’écologistes, nous aimerions aller plus vite, plus loin. Mais reconnaissons qu’aucune majorité dans l’histoire française n’aura fait autant, en quatre ans, sur l’écologie. Surtout, aucune majorité alternative potentielle n’aurait fait autant : il suffit pour s’en convaincre de lire les déclarations des leaders du parti Les Républicains, de ceux du FN, mais aussi de constater les votes le plus souvent hostiles à l’écologie des députés du Front de gauche. Il suffit aussi de regarder comment les sénateurs de droite tentent de tailler en pièces la loi sur la biodiversité et comment leurs nouveaux présidents de région entament une chasse aux écologistes, supprimant les subventions aux associations de défense de l’environnement.
Nous sommes ainsi des écologistes dans l’action, partenaires d’une majorité qui avait fait du retour à la raison budgétaire, de la justice sociale et du progrès économique et social des boussoles pour sa politique. Sur le progrès social, là encore, nous avons conscience de certaines erreurs commises, mais nous assumons les résultats qui sont là : en quatre ans, les déficits sociaux ont été divisés par 2 – condition essentielle au maintien d’un système de protection sociale solidaire. Les fruits de la lutte contre l’évasion fiscale permettent, depuis deux ans, de financer les baisses d’impôts pour les classes moyennes et les faibles revenus. Le renforcement des moyens de l’école et son adaptation au monde ont été engagés. Et les conditions d’une économie plus compétitive, respectant le dialogue social au sein des entreprises, garantes de nouveaux droits (formation tout au long de la vie, mutuelles pour les salariés, égalité professionnelle entre les femmes et les hommes) sont peu à peu mises en œuvre, malgré les conservatismes. Le chômage commence enfin à reculer. Tout cela, seule cette majorité l’a fait. Les actes sont là pour en témoigner. Nous déplorons donc le jeu systématique des postures et du dénigrement pavlovien qui ne font qu’entretenir une dépression collective, un sentiment d’impuissance face aux crises et une crainte du déclassement qui alimentent ensemble le populisme nationaliste d’extrême droite.
Face à ces crises qui ont des solutions, pour peu qu’on s’inspire collectivement de réussites locales ou individuelles, face à ce danger populiste qui peut être conjuré, pour peu qu’on cesse de s’en renvoyer la responsabilité en permanence au visage, sans voir qu’il n’est pas franco-français, nous avons fait le choix de l’écologie qui agit. Parce que ce qui compte à nos yeux, ce n’est pas de savoir si un candidat écologiste, quel qu’il soit, fera «un bon score» au premier tour d’une élection présidentielle qui verrait, au second, le choix réduit entre l’extrême droite et une droite libérale qui se présente comme «parti des OGM, du nucléaire et des gaz de schiste». Ce qui compte à nos yeux, ce n’est pas de faire vivoter une boutique peinte en verte, qui survivrait dans un paysage politique dévasté en attendant un grand soir qui ne viendra jamais. Ce qui compte à nos yeux, c’est la victoire de la gauche en 2017 pour continuer à faire progresser l’écologie et les solutions concrètes que cette dernière propose aux Français.
Emmanuelle Cosse Ministre du Logement et de l’Habitat durable,
Barbara Pompili Secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité,
François de Rugy Député de la Loire-Atlantique, vice-président de l’Assemblée nationale, président du parti Ecologistes !,
Véronique Massonneau Députée de la Vienne, vice-présidente du groupe socialiste, écologiste et républicain à l’Assemblée nationale,
Eric Alauzet Député EELV du Doubs,
Christophe Cavard Député du Gard,
François-Michel Lambert Député des Bouches-du-Rhône.