Monsieur Ghosn, le respect des droits sociaux concerne aussi votre usine Nissan Canton !

Au moment où l’on évoque la rémunération du PDG, Eric ALAUZET a cosigné une tribune pour appeler l’Alliance Renault-Nissan à respecter dans tous les sites de production le dialogue social et les droits sociaux fondamentaux qui sont essentiels au développement et à la pérennité de l’entreprise. Il en va de l’exemplarité du groupe et de sa crédibilité sur la scène économique internationale.

 

Paris, le 2 mai 2016.

L’Alliance franco-japonaise est aujourd’hui le 4ème constructeur automobile mondial. L’Etat français, et c’est notamment ce qui justifie notre démarche, est actionnaire de Renault qui est, de loin, avec 43,4% de son capital, le 1er actionnaire de Nissan. Tout ce qui concerne Nissan, comme tout ce qui concerne Renault, concerne tous les français. Ce qui nous concerne tous, c’est à la fois l’intérêt social des deux co-entreprises et le respect des droits sociaux.

Or, tous ne sont pas sur un même pied d’égalité dans le monde de l’Alliance Renault-Nissan, à commencer par les 5000 salariés de l’usine de l’Alliance Nissan Renault située dans l’Etat le plus pauvre des Etats-Unis, le Mississippi. Cette usine, depuis son inauguration en 2003, est frappée d’une sorte de malédiction: ces 5000 salariés ont parmi les revenus les plus bas du secteur et sont victimes d’intimidations répétées lors de chaque tentative de création d’un syndicat. Son management dissuade les salariés de se syndiquer, dénigre la négociation collective et affirme « qu’il n’est pas dans le meilleur intérêt des employés, des clients ou de la communauté d’avoir une implantation syndicale dans l’usine« .

Ces interventions nous ont été rapportées et prouvées, très récemment, par des ouvriers de cette usine. Nul micro-climat local, nulle prétendue culture d’entreprise ne sauraient masquer cette réalité: les salariés de cette usine sont dissuadés de se syndiquer et de bénéficier de la négociation collective pourtant vantée, partout ailleurs dans le groupe comme un levier de performance. Interpellé le 17 février par des députés à l’Assemblée Nationale, Monsieur Ghosn a nié les faits et affirmé que tout était légal.

Le 29 avril, l’Assemblée Générale mixte de Renault a adopté un avenant à l’accord fondateur de l’Alliance Renault-Nissan qui « aura pour effet de pérenniser l’Alliance et de favoriser son développement, dans la poursuite de l’intérêt social de Renault. » L’Alliance est ainsi de plus en plus intégrée et la coresponsabilité de Renault dans cette affaire d’autant plus importante. La réponse apportée aux questions écrites posées par plusieurs actionnaires en vue de l’AG du 29 avril est clairement insatisfaisante et masque à peine un déni du sujet sinon un mépris à l’égard des travailleurs de l’usine de Nissan Canton.

Convaincus que le dialogue social et le respect des droits sociaux est un facteur de succès pour les entreprises, nous saluons l’accord-cadre mondial conclu par Renault, qui comporte notamment des dispositions sur le respect des conventions de l’OIT sur les droits fondamentaux au travail et sur la liberté syndicale. Renault met ainsi en avant dans ses rapports annuels les avantages du « dialogue social local permanent » et les accords collectifs signés dans de nombreux pays…

Des voix s’élèvent en France, à Bruxelles et aux Etats-Unis contre l’injustice faite aux 5000 salariés. Administrateurs syndicaux d’Institutions de Retraite Publiques (IRP) mobilisés pour l’investissement responsable et élus engagés en faveur de la responsabilité sociale des entreprises, nous appelons les dirigeants et actionnaires de Renault Nissan à prendre leurs responsabilités pour que cesse cette exception qui persiste depuis la création de l’usine Nissan de Canton. La responsabilité sociale d’une entreprise comme Renault Nissan est de respecter un principe de faveur en appliquant dans toutes ses implantations et filiales autant que possible les normes sociales de son pays d’origine.

Le dialogue social et le respect des droits sociaux fondamentaux sont essentiels au développement et à la pérennité de l’Alliance Renault-Nissan. Ils doivent être pleinement mis en œuvre dans tous les sites de production. Il en va de l’exemplarité du groupe et de sa crédibilité sur la scène économique internationale.

Signataires:

– Eric Alauzet – Député du Doubs,

– Danièle Auroi, Députée du Puy-de-Dôme

– Serge Bardy, Député du Maine et Loire

– Jean-Yves Caulet, Député de l’Yonne
– Gilles Frostin – Administrateur IRP,
– Didier Gounet – Administrateur IRP,
– Marcel Lecaudey -membre du RAIR,
– Dominique Levêque – Administrateur IRP,
– Anne Meunier – membre du RAIR,

– Michèle Nathan, Membre du Réseau des Administrateurs pour l’Investissement
– Philippe Noguès – Député du Morbihan,
– Luc Prayssac – Administrateur IRP,
– Philippe Sebag – Administrateur IRP,
– Philippe Soubirous Administrateur IRP – cofondateur du RAIR (Réseau des Administrateurs pour l’Investissement Responsable.

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