L’enjeu de la qualité de l’air : « C’est la santé de nos concitoyens ».

Une grande partie du territoire national a connu cette semaine un épisode de pollution aux particules fines. A Paris, a été réactivé la circulation alternée (plaques d’immatriculations paire et impaire) afin de réduire le nombre de véhicules en circulation. Il a également été conseillé aux automobilistes de réduire leur vitesse de 20km/heure.

En région Bourgogne Franche-Comté se sont particulièrement les départements de l’Yonne et du Jura qui sont concernés, justifiant la mise en oeuvre de la procédure d’alerte par les Préfets. Le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort se classent au-dessus du seuil de recommandations. La qualité de l’air en Côte-d’Or, dans la Nièvre, et en Saône-et-Loire reste pour le moment en-dessous de ce seuil de recommandations. L’ATMO, en charge de la surveillance de la qualité de l’air en Franche-Comté a dressé une carte/bulletin de la qualité de l’air (voir en fin d’article).

 

Réaction d’Éric Alauzet :

Pour Éric Alauzet, « L’enjeu de la lutte contre la pollution est d’agir rapidement et en profondeur sur les sources de pollution atmosphérique, en particulier d’origine routière mais pas seulement : industrie extractive, chauffage, utilisation d’engrais chimiques… Car l’enjeu, c’est la santé de nos concitoyens et les différents derniers rapports parlementaires le rappellent : L’air pollué est responsable de 42 000 décès par an en France. Sans compter le coût estimé par le Commissariat général au développement durable (CGDD) pour le système de santé français entre 0,9 à 1,8 milliard d’euros par an et un coût socio-économique de 20 à 100 milliards d’euros par an ».

Dans un communiqué de presse, il insiste sur les avancées concernant la modification de la fiscalité pénalisante pour l’essence vis-à-vis du diesel.

Alors, à l’instar des responsables écologistes François de Rugy ou Yannick Jadot, le député EELV : « la solution pour la pollution automobile aujourd’hui en cas d’urgence c’est la circulation alternée et dès 2017 les systèmes de vignettes qui vont être mis en place à Paris et à Grenoble ».

« D’ailleurs sur les mesures d‘urgences, les écologistes ont fait adopté en première lecture en janvier dernier une proposition de loi sur le déclenchement des mesures d’urgence lors des pics de pollution ». Le texte formule des solutions concrètes sur les deux aspects opérationnels majeurs liés à ces problématiques : l’abaissement des seuils d’alerte et l’automaticité du déclenchement de la circulation alternée dès qu’un certain nombre de polluants ont atteint ces seuils. En effet la législation actuelle se caractérise par un manque de réactivité face à des procédures de décisions complexes auxquelles les élus locaux et les Autorités Organisatrices des Transports sont trop peu associées.

« Et d’autres mesures telles que la gratuité du stationnement résidentiel, incitant à renoncer à son véhicule individuel, ne suffisent pas et les collectivités qui s’engagent en sont réduits à conseiller aux personnes fragiles et aux enfants de renoncer aux activités physiques, tout en espérant que le vent et la pluie arrivent vite pour assainir l’atmosphère. Cet aveu d’impuissance est inacceptable ».

« Aussi, il faut agir en profondeur : la lutte contre la pollution implique la mise en place d’un dispositif global qui comporte à la fois des politiques de mobilité durable de long terme (renforcement du réseau des transports en commun et des pistes cyclables, développement du covoiturage, renouvellement du parc automobile et de bus avec des véhicules non-polluants, l’abandon progressif du diésel, etc.), et un soutien à la transition écologique de notre industrie et de notre agriculture ».

Et enfin, le membre de la commission des finances, se fait à nouveau le relais d’ATMO France qui fédère le réseau des Aasqa, les associations régionales de surveillance de la qualité de l’air, « qui tire en effet la sonnette d’alarme sur la grande fragilité des moyens financiers de ces structures pour son travail d’expertise et d’alerte ».

Face à ces épisodes de pollution, les pouvoirs publics ont pris la mesure du problème et s’en sont saisi. Aussi, le Sénat a rendu un rapport d’information en juillet 2015 sur le coup de l’inaction en matière de pollution de l’air d’un point de vue sanitaire.

 

Rapports parlementaires et actions de la majorité :

L’Assemblée nationale a également rendu un rapport, en mai dernier, contenant des propositions dans le cadre de l’évaluation des politiques publiques de lutte contre la pollution de l’air. Enfin, une proposition de loi écologiste à l’Assemblée nationale a été voté en janvier 2016 visant à faire évoluer la législation et améliorer la gestion des pics de pollution. Le but : agir plus rapidement et « mettre fin à la cacophonie politique lors de la survenance des pics ».

Aussi, depuis 2014, plusieurs actions ont été engagées :

  • Accélération de la mutation du parc automobile français en imposant le renouvellement des flottes publiques de transport individuel et collectif (bus propres) et en facilitant le déploiement de bornes de recharge pour les véhicules électriques et hybrides avec un objectif de 7 millions de points de recharge d’ici à 2030 sur le territoire,
  • Les certificats qualité de l’air permettent de moduler les politiques de circulation et de stationnement des véhicules en fonction de leur niveau d’émission de polluants atmosphériques, notamment pour les collectivités territoriales,
  • L’appel à projets « villes respirables en 5 ans » met en mouvement les territoires : 20 lauréats ont été sélectionnés et pourront bénéficier d’une aide jusqu’à 1 million d’euros,
  • Aides de l’ADEME au renouvellement des appareils de chauffage au bois peu performants, en complément du CITE
  • La convergence des taxes sur le gazole et l’essence

Ces actions ont déjà permis d’obtenir de premiers résultats :

  • 6 000 primes de conversion de véhicules polluants en véhicules électriques ont été attribuées en un an ;
  • avec 12 000 immatriculations de véhicules électriques depuis le début de l’année 2016, la France devient le premier marché européen.

Retrouvez Les Décodeurs du Monde « La pollution de l’air en neuf questions  » : 

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/09/la-pollution-de-l-air-en-9-questions_5046076_4355770.html

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