Investissements : Tenir compte de tous les aspects économiques, sociaux et environnementaux
Éric Alauzet a participé dernièrement aux « Matinales de l’Économie » sur l’Investissement : sur le thème « Comment dynamiser l’investissement pour relancer la croissance en France ? ».
Le député est intervenu tout particulièrement à la table ronde sur « Comment accompagner les secteurs porteurs et redonner confiance aux investisseurs ? »
Interrogé par Christian ROUDAUT, journaliste, sur « Comment écologie et efficacité écologique peuvent aller de pair ? L’énergie verte constitue-t-elle un secteur porteur ? ».
Éric ALAUZET :
« Je vous remercie pour votre question. Je vais évoquer trois exemples qui vont me conduire à répondre indirectement à votre interrogation. Dans une période où les ressources publiques s’avèrent de plus en plus rares, je me questionne sur les choix que nous devons faire. Il n’est pas pensable d’exclure certains secteurs pour le moment, mais peut-être faudrait-il modifier notre curseur en fonction de certains éléments importants.
Nous avons souvent tendance à comparer la structure de l’investissement public à celle de l’investissement privé. Pourtant, la démarche est différente. Lorsqu’un entrepreneur décide d’investir, il effectue un calcul de rentabilité de sorte que l’engagement financier soit bénéfique pour l’entreprise. En revanche, l’investissement public ne génère pas de façon évidente de profit ou de rentabilité. De plus, il entraîne souvent des dépenses ultérieures qui ne sont pas forcément prises en compte. Si je prends l’exemple d’un bâtiment tel que celui dans lequel nous nous trouvons, l’investissement initial ne représente qu’environ 20 % de la dépense totale du bâtiment. Il faut en effet ajouter les frais de personnel, l’entretien des locaux ou le financement des fluides. En outre, l’investissement ne tient pas compte des externalités qu’il va générer (conséquences environnementales, chômage éventuel, impact sur la santé).
Cette différence de nature entre les deux types d’investissement donne un avantage particulier à l’investissement public consacré à la à la transition énergétique. Il faut donc préciser le temps de retour et les économies qui seront issues de ces investissements Dans le domaine de la transition énergétique, nous avons un retour sur investissement plus certain que dans d’autres secteurs.
La priorité est souvent donnée à des grands projets toujours très coûteux. Actuellement, un vaste débat a lieu sur le projet du Canal Seine-Nord. Il existe en effet un programme alternatif multimodal qu’il faudrait avoir le courage de comparer. Cette proposition alternative recouvrerait une myriade de petits projets pour un coût global deux fois inférieur. Elle consisterait à mener des aménagements sur les ports français, les voies fluviales existantes, les voies ferroviaires et au sein des territoires. Par conséquent, nous devons pouvoir mettre les plans en concurrence en tenant compte de tous les aspects économiques, sociaux et environnementaux. L’alternative que j’évoque, si elle fait la preuve de sa supériorité, est beaucoup plus en phase avec l’aménagement des territoires et la mobilisation des PME locales.
Je me demande finalement s’il ne faut pas privilégier le transport d’informations numériques plutôt que celui des marchandises et les personnes. Je fais bien sûr référence aux réseaux énergétique et numérique européens plutôt qu’aux grandes infrastructures de transports plus traditionnelles. Les réseaux énergétiques et numériques présentent un large avantage écologique. S’il faut effectuer des arbitrages en raison d’une baisse des dépenses publiques, il faut prendre en compte les conséquences économiques, écologiques et sociales d’un scénario par rapport à un autre. Je regrette que ce ne soit pas toujours le cas. »
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