Cyclone dans les Antilles françaises : Éric Alauzet : « Passe, impair et manque »
Les Iles St Matin et St Barthélémy ont été ravagées par le passage de l’ouragan Irma.
Éric Alauzet réagit à la catastrophe en la reliant au changement indispensable de notre modèle énergétique.
Besançon, le 11 septembre 2017.
Passe, impair et manque.
Les événements climatiques ont beau se succéder, l’émotion des premières heures et des premiers jours laissera à nouveau la place à l’incrédulité. De la même manière que le fumeur refoule le risque de cancer ou de maladie cardiovasculaire, nos sociétés addictives aux énergies fossiles et au confort douillet peinent à envisager le changement de modèle vers la modération et la transition énergétique de l’économie.
Mais pourquoi le changement est-il si difficile ?
D’abord parce que la capacité de résilience de l’humanité est telle que nos compatriotes tellement éprouvés par la déferlante climatique pensent déjà à reconstruire. Sans doute nombre d’entre eux n’ont-ils pas le choix et ne peuvent pas imaginer être arrachés à leur terre ; alors ils prendront tous les risques et s’opposeront aux éventuelles mesures de restriction, d’interdiction ou autres normes qui compliqueraient voire empêcheraient leur projet ; le risque de tout perdre, à nouveau, et même le risque de ne même plus pouvoir s’assurer. Les réassureurs (assureurs des assurances), réunis ce week-end pour leur réunion annuelle à Monaco l’ont dit nettement : « Si la montée des risques naturels liés au réchauffement climatique mais aussi à l’urbanisation accélérée de zones côtières… n’étaient plus aléatoires mais de produisaient de façons récurrente et donc certaine, ils (ces phénomènes) ne pourraient plus être assurés ».
Actuellement, au Texas, jusqu’à 85% des habitant ne sont pas assurés contre les inondations. Ces attitudes sont malheureusement communes. Combien d’Ukrainiens sont-ils restés dans la zone irradiée après l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl !
Mais si nous progressons insuffisamment c’est encore pour d’autres raisons que nous connaissons bien parmi lequel le cynisme – parfois au plus haut niveau comme à la tête de l’Etat le plus puissant du monde – de celles et ceux qui font passer avant tout leur orgueil et leur profit personnel.
Et comment ne pas être choqué par ces journalistes qui se sont empressés de critiquer de manière pavlovienne les propos du Président de la République française qui avait courageusement mis en cause le réchauffement climatique à l’origine de ces catastrophes. Ces mêmes journalistes qui expliquaient savamment comment se constituaient les cyclones, à partir d’un réchauffement des océans au-dessus de 26 degrés Celsius sur une profondeur de 40 mètres.
N’y aurait-il pas un lien entre le réchauffement climatique de l’atmosphère et celui de la mer !
Nous ne pouvons plus poursuivre ainsi, nous devons tous collectivement apprendre à vivre avec de nouveaux repères énergétiques et écologiques pour faire face aux défis climatiques qu’on annonce pour la fin du siècle mais qui frappent déjà à notre porte.
Éric ALAUZET