« Fainéants, cyniques, extrêmes – Non, Emmanuel Macron ne vise pas le peuple français »
A la suite de la déclaration du Président de la République (ci-dessous), Éric Alauzet partage la réaction de Françoise Diehlmann sur son Blog de Médiapart.
MEDIAPART – 10 SEPT. 2017
Emmanuel Macron, en disant qu’il ne cédera rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes, vise les dirigeants politiques qui ne sont que dans l’invective, qui ne proposent rien d’autre que de détruire l’Europe, qui n’ont rien fait pour la reformer, et certains éditorialistes qui attisent toute situation et non le peuple. Le peuple n’est ni fainéant, cynique, ni extrémiste.
Nous avons quand même un dirigeant politique, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas brillé par sa présence au parlement Européen, qui n’a pensé qu’à ses vacances sur les bancs de l’assemblée nationale, qui n’est que dans l’invective et la destruction, mais qui se permet, parce que visé par les propos du Président, d’accuser ce dernier de détester les Français. Alors Mélenchon appelle-les « fainéants » à descendre dans la rue, accusant de fait le peuple qu’il mythifie, de fainéant. Quel dérapage ! je pense que le Président a mis le doigt la ou ça fait mal. Et oui, JLM rassemble tout ça.
Mais Emmanuel Macron va plus loin, il remonte aux débuts des années Chirac. Car depuis Mitterrand que s’est-il passé sur l’Europe ? Rien. Chirac, Sarkozy, Hollande ont laissé vogué le navire vers l’iceberg, ce qui nous a conduit au rejet du TCE de 2005 et au développement des mouvements europhobes qu’ils soient de droite ou de gauche.
Le manque de réforme de l’UE de la part de Chirac, Sarkozy, Hollande, n’avait rien à voir avec l’extrémisme et le cynisme, mais avec ce manque de volonté, cette paresse à ne pas faire bouger les choses, de peur que…. Peur de quoi ? Qui ne tente rien, n’a rien ou alors il récolte la régression. C’est bien ce qu’il s’est passé. Conséquences, les nationalismes sont là, et les extrêmes et les cyniques anti-européens sont renforcés. L’Autriche et les Pays-Bas ont échappé à l’extrême droite. La France aussi, mais Le Pen était présente au 2 e tour de l’élection présidentielle. Un parti d’extrême droite fera son entrée pour la première fois au Bundestag aux élections allemandes.
D’ailleurs pour ce qui est des élections allemandes. Le seul moment où l’UE a été abordée durant le débat Schulz-Merkel, c’est lorsque Martin Schulz a eu le culot et l’outrecuidance de reprocher à Merkel de prendre une décision unilatérale concernant l’accueil des réfugiés, alors qu’il y avait urgence, sans avoir pensé à consulter en amont les partenaires européens, comme si cela aurait fait changer d’idée les dirigeants nationalistes hongrois et polonais. Quant au débat des 5, des petits partis, Cem Özdemir, des Grünen, était le seul, oui le seul à défendre l’UE, d’ailleurs il en était lui-même atterré devant le débat.
Qu’un président français prenne les choses en main, emploie le mot « fainéant » parce que rien n’a été fait, et les mots « cyniques et extrêmes » pour les europhobes et ce, lors de son déplacement en Grèce, je trouve cela très important, surtout qu’Alexis Tsipras qui a voulu que son pays reste dans l’UE, et c’est tout à son honneur, a vécu de près cette paresse et fainéantise à ne rien vouloir changer, le cynisme et la capacité de nuire des extrêmes qui voulaient le faire sortir de l’UE.
Françoise Diehlmann
Germaniste, très branchée Allemagne, Ex Conseillère régionale. ex membre du Conseil d’Administration de l’Office Franco Allemand pour la Jeunesse, En Marche. Ecolo cohn-bendiste, profondément de gauche et pro-européenne, pour l’accueil des réfugiés, la reconnaissance de l’Etat de Palestine, contre Poutine et Bachar El Assad, ex membre d’EELV et de son Conseil fédéral, militante des droits humains. Gennevilliers – France
Ci-dessous les propos d’Emmanuel Macron
« Alors oui, je vous le dis. Des choses qui paraissent terriblement infaisables : réformer le droit du travail, transformer la formation des chômeurs, réformer le marché du logement, les transports, tout ce qui a fait hésiter, bégayer l’histoire en France depuis tant de décennies, nous allons le faire. Sans brutalité, avec calme, avec explications, avec sens. Parce que je ne veux répondre en ces matières à aucune jalousie ou à aucune directive de l’un ou de l’autre. Je veux juste que notre pays soit plus fort pour pouvoir être plus juste. Soit plus fort pour porter l’Europe dans cette ambition que je décrivais. Soit plus fort pour défendre ce qu’il est et qu’il a toujours été à travers le monde.
Nous sommes là, dans ce jardin. Il y a quinze ans, j’aurais sans doute tenu un autre discours. On aurait pu peut-être imaginer une forme de fin de l’histoire. Ce pays pensait que la croissance lui était offerte désormais, que tout irait bien et que l’Europe était une forme de créature devenue évidente qui pouvait s’assoupir. C’est un peu ce qui s’est passé. Les quinze dernières années nous ont montré que rien n’était ainsi.
Et aujourd’hui les valeurs, la force, tout ce qui a porté ce projet français et grec qui nous réunit est bousculé par le monde qui va. Sur les autres rives de la Méditerranée, ceux qui nous attaquent détruisent les œuvres d’art qu’ici on protège et on fouille. C’est pourquoi je crois tant à la culture, en ce qu’elle dit de notre civilisation, en ce qu’elle dit de nos valeurs, en ce qu’elle dit de ce que nous sommes et de ce que nous voulons faire. Mais tout cela nous a rappelé une chose : la démocratie ici inventée est fragile ; la paix que nous avons inventée en Europe après-guerre est fragile ; l’esprit de culture que nous avons défendu et porté ici est fragile ; cette volonté d’universel qui vous fait là est fragile.
Alors c’est parce que c’est fragile que je veux vous dire, pour terminer, deux choses. Je serai d’une détermination absolue et je ne cèderai rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. Et je vous demande d’avoir, chaque jour, la même détermination. Ne cédez rien ni aux égoïstes, ni aux pessimistes, ni aux extrêmes. Vous êtes une part d’Europe ici, une part d’Europe redoublée. »
« Mon discours était très clair, j’interpellais toutes celles et ceux qui, 15 ans plus tôt, avaient dit qu’en Europe ou en France, on pouvait ne pas bouger, et qui, 15 ans plus tard, se réveillent avec le Brexit, la Pologne qui nous tourne le dos, une crise européenne et des difficultés françaises » a expliqué ensuite Macron.
Or à Athènes il dit que lui-même, il y a quinze ans, aurait tenu un discours autre que celui qu’il tient aujourd’hui tellement l’Europe semblait ne plus poser problème. Peut-on savoir de quand date sa conversion ?…
Par ailleurs, les unes illettrée », les autres alcooliques, tabagiques, ne travaillant pas assez pour se payer un costume… ça ne fait pas un peu beaucoup ?
Si les Français sont méfiants envers les réformes, c’est parce qu’ils ont peur de voir les inégalités s’aggraver et l’injustice s’installer encore plus durablement. Macron ne sera pas jugé sur sa capacité à mener ses réformes, mais sur les résultats qu’elles produiront. C’est loin d’être gagné…