COP 21 : Bilan de la seconde semaine des négociations : vers un accord ?

La Conférence pour le Climat de Paris s’achève ce soir. Un accord universel, substantiel et contraignant doit être signé entre les 195 pays présents afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport à l’ère industrielle.

 

Engagement des élus locaux

Vendredi dernier, 1 000 Maires se sont réunis à l’Hôtel de Ville de Paris avec pour ambition d’être à 100% d’énergies renouvelables et à moins de 80% d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) d’ici à 2050. Ce « Communiqué des milles Maires », comme il est appelé, prend d’autant plus de sens et de poids qu’il compte parmi ces membres des villes telles que New York, Pékin, Rio de Janeiro ou encore Dakar. Besançon était également représenté par son Maire, Jean-Louis Fousseret. Les pays du Nord, émetteurs historiques de GES, s’engagent donc au côté des pays du Sud qui eux montrent là leur engagement et leur détermination à être acteurs de la COP 21. En outre, ces villes s’engagent à réaliser un tiers du chemin nécessaire pour passer d’une trajectoire de 3°C d’émissions à une trajectoire de 2°C. Or, tout l’enjeu des négociations de la COP 21 réside ici. Il est admis par la communauté scientifique qu’un réchauffement climatique au-delà de 2°C aurait des impacts importants, notamment pour les pays les plus vulnérables. Les Maires de ces grandes villes ont compris très tôt les conséquences climatiques de nos modes de vies. Quand l’ouragan Sandy recouvre Manhattan, c’est le maire de New York qui est en première ligne ; quand une sécheresse historique frappe São Paulo, qui est en première ligne…

 

Les cycles d’endettements

Concernant les négociations étatiques, la question des cycles d’endettements était au menu de ce vendredi. Les Etats se sont engagés, depuis 6 mois maintenant, à des contributions qui nous mènent à 3°C. Or on l’a vu, l’enjeu est de passer de 3°C à 2°C. Pour y arriver, il faut respecter 3 enjeux majeurs :

  • définir des cycles de 5 ans pour que les objectifs puissent changer vite. L’idée c’est de ne pas se retrouver prisonniers de longs cycles pendant lesquels rien ne change.
  • faire que cela soit bien en phase avec les 2°C. Cela ne sert à rien de se retrouver tous les 5 ans si c’est pour ne rien changer.
  • commencer tôt, au plus tard en 2020 et idéalement dès 2018.

 

Taxe européenne sur les transactions financières

Le week-end dernier a été consacré à la taxe européenne sur les transactions financières. Onze pays ont donné leur accord de principe politique pour mettre en œuvre une telle taxe, mais ils ne se sont pas accordés sur ses modalités, donc elle ne peut pas entrer en vigueur. Parmi les pays concernés par cette taxe on retrouve la France, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal… Evaluée à au moins 10 milliards d’euros par an, elle verra une part significative de ses recettes être allouée aux pays du Sud. Cette taxe enverra donc un signal fort quant aux engagements financiers des pays du Nord. Trois points importants se sont déroulés mardi. 

Eric Alauzet s’est félicité de cette avancée majeure : tweet :

Éric Alauzet         @ericalauzet

10 pays de l’UE sont «d’accord » sur la base de calcul de la taxe sur les transactions financières, comprenant actions et produits dérivés.

 

Solidarité climatique internationale

Samedi a également vu la remise à Laurent Fabius, Président de la COP 21, du texte issu de la première semaine de négociations. C’est une version intermédiaire, légèrement raccourcie et qui comporte encore des sujets politiques importants à arbitrer. On constate également une forte demande des Etats-Unis, des Australiens et des Européens d’élargir la base de ceux qui contribuent à la solidarité climatique internationale. On peut y voir un message lancé à la Chine ou aux pays du Golfe.

Enfin, il ne faut pas oublier qu’une part non négligeable des engagements pris à Paris le sont par des acteurs non-étatiques et pouvant relevés de la société civile. Ainsi, depuis le début de la COP 21, 10 000 engagements ont été pris par les entreprises, les collectivités locales ou le secteur financier.

 

La semaine de négociations

Depuis lundi, se sont les Ministres qui ont pris la main sur les négociations. 16 pays, dont la France, la Bolivie, l’Allemagne, Singapour, se sont associés par binôme (un pays du Sud et un pays du Nord). Un des sujets dont les négociations progressent est la limitation du réchauffement climatique. Voulue depuis de nombreuses années par les petites îles du Pacifique, la limitation à 1,5°C n’est pas à exclure tant ces pays exercent une pression forte pour y aboutir. A contrario, l’Arabie Saoudite semble vouloir affaiblir les ambitions (notamment celle des 1,5°C) et bloquer les engagements financiers. Ce pays a d’ailleurs reçu, pour la quatrième fois depuis le début de la COP21, le « Prix fossile » attribué chaque jour au pays qui tient les positions les moins favorables à l’accord. Cette position montre que l’enjeu géopolitique est autant présent que l’enjeu climatique à Paris.

De plus, 114 entreprises (Danone, L’Oréal, Thales, Ikea, Coca-Cola…) ont annoncé qu’elles adoptaient une « feuille de route 2 degrés » dans le cadre de l’initiative Science Based Targets. Ainsi, dans les deux ans à avenir elles devront réfléchir à qui changer dans leurs investissements, produits, chaînes de production. Si toutes ces entreprises passaient de leurs émissions actuelles à des émissions compatibles avec le budget carbone 2°C, on éviterait la construction de l’équivalent de 125 centrales à charbon !

Enfin du côté des négociations, l’enjeu du jour était de garantir le début de la date de révision des engagements des Etats à 2017-2018.

 

Depuis mercredi, les négociations sont entrées dans leur dernière ligne droite. Sur le fond, les éléments clés d’un accord ambitieux n’ont pas été perdus. Plusieurs versions différentes du texte ont été proposées.

La dernière, hier soir (jeudi) à 21h, une nouvelle proposition de texte a été publiée. Cette proposition de la présidence française, plus courte que la version précédente, comporte moins de 50 crochets. On peut aussi noter que le texte contient 4 fois plus de « doivent » que de « peuvent ». Plusieurs avancées semblent actées. Tout d’abord, les financements post-2020. Les 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 sont un plancher et des cycles de révision à la hausse sont prévus. Il semble que la date de la première révision soit fixée à 2025. Les ONG et les pays les plus vulnérables demandent, quant à eux, une révision dès 2020. Autre élément, l’objectif de limitation de température : la rédaction est assez satisfaisante puisqu’elle demande à se maintenir en-deçà des 2°C mais en se donnant comme objectif de pouvoir atteindre le 1,5°C.

 

Il faudra attendre samedi matin pour avoir la version finale de l’accord. Si des avancées, des principes sont à retenir, les négociations sont encore compliquées comme en témoigne le nombre de crochets encore présents dans le texte rendu à Laurent Fabius jeudi soir. Un des négociateurs brésilien à d’ailleurs dit que les crochets présents sont « comme des molécules de carbone, elles polluent le texte et ne nous mènent pas à un accord ».

Cette COP 21 marquera le début d’une nouvelle ère axée sur la responsabilisation et l’engagement de chacun. Elle permettra de limiter le réchauffement climatique et ainsi de protéger et favoriser la biodiversité. L’avenir de la planète est l’avenir des générations futures.

Suivez la COP 21 sur le site : www.cop21.gouv.fr

 

 

 

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