La COP 21 est lancée ! – Première semaine

La COP 21 s’est ouverte à Paris lundi.

Durant 12 jours, environ 150 chefs d’Etat vont négocier afin d’obtenir un accord universel et contraignant. Pour cela, les négociateurs partent d’un texte d’une cinquantaine de pages qui comprend l’accord stricto sensu ainsi que les décisions de la COP prises à Paris mais qui ne figureront elles pas dans le texte. Cet accord durable doit permettre d’envoyer un message clair en faisant assumer aux pays développés une responsabilité historique avec la promesse des 100 milliards d’euros à destination des pays en développement dès 2020 pour les accompagner dans leur adaptation aux impacts climatiques. Les pays émergents doivent, quant à eux, accélérer leur transition énergétique.  Il nous sera alors possible de basculer dans une économie mondiale durable et d’établir un projet de long terme qui passe par l’objectif du maintien de réchauffement à 2° C.

 

Dès la veille de la COP 21, une coalition des « leaders pour une tarification du carbone » a été lancée. Elle regroupe plusieurs chefs d’Etat, la Banque mondiale, le FMI, les collectivités locales et des chefs d’entreprise. Les membres de la coalition ont adopté un plan d’action commun pour faire avancer la tarification du carbone. Il ne s’agit pas de fixer un prix unique, mais de promouvoir l’extension progressive de la tarification carbone à travers des mécanismes existants (système d’échange de quotas européens, taxe charbon en Inde, US Clen Power plan) et à venir (marché unique du carbone en Chine).

 

Cette première semaine de négociation a débuté par une initiative lancée par l’Inde et signée par 120 pays, l’Alliance solaire internationale. Son objectif est d’accélérer le déploiement des énergies solaires, en travaillant à la fois sur des technologies mais aussi sur des volets réglementaires, des politiques publiques, des transferts de technologies…

Il ne s’agit, pour l’instant, que d’un plan. Pour le mener à bien, elle a besoin de ressources – qu’elle a trouvées, notamment, en instaurant une taxe sur le charbon – mais aussi d’un soutien international, auquel cette Alliance peut contribuer. C’est essentiel sur un plan technologique et économique mais aussi diplomatique et politique. L’Inde est un pays pivot à même de faire de cette 21e COP une réussite … ou un échec.

 

Elle a également été marquée par les initiatives africaines et les financements climat de la France. Ainsi, mardi matin, un sommet rassemblant 12 chefs d’État africains, banques de développement, les États-Unis, l’Allemagne et la France a permis de consolider et financer plusieurs initiatives africaines autour de trois enjeux clé pour le continent africain : l’accès aux énergies renouvelables, l’adaptation des pratiques agricoles et la lutte contre la désertification.

Concernant l’accès aux énergies renouvelables, l’initiative est née lors du G7 en juin 2015. Elle vise le doublement de la production électrique (pas seulement renouvelable) en Afrique en 2030 par rapport à 2015. L’objectif est ambitieux mais représente une opportunité formidable pour l’Afrique d’exploiter massivement son potentiel en énergies renouvelables, d’apporter l’électricité dans les zones les plus reculées et enclavées du continent à un prix abordable, de renforcer son indépendance énergétique et de créer des dizaines de milliers d’emplois pour la jeunesse africaine. Depuis cette semaine, l’initiative fait l’objet d’engagements financiers : les Etats-Unis, la Banque africaine de développement, la Banque Mondiale, l’Allemagne se sont engagés à la financer mais sans préciser de montant. La France a annoncé qu’elle y consacrerait 2 milliards d’euros entre 2016 et 2020. Selon le communiqué de l’Elysée, cela représente une augmentation de 50% des engagements de la France par rapport aux cinq dernières années et permettra de financer 20% de l’objectif fixé pour 2020.

Les pays bailleurs se sont également engagés à soutenir des projets d’irrigation, de reboisement, de retenues d’eau, et de développement aux pratiques agricoles. La France a annoncé qu’elle triplerait ses financements par an destinés à l’adaptation pour l’Afrique, atteignant ainsi 1 milliard d’euros par an. 30 millions seront plus précisément consacrés à la Grande muraille Verte qui doit agir comme rempart boisée contre l’avancée rapide du désert.

La semaine c’est poursuivi avec des avancées importantes en termes de désinvestissement dans le secteur des énergies fossiles. 500 institutions ont déjà pris part à ce jour à ces désengagements pour un montant de 3 400 milliards de dollars. Il a également été annoncé que vingt villes françaises, parmi lesquelles Bordeaux, Dijon ou Saint-Denis allaient également désinvestir le secteur des énergies fossiles. Tous ont compris que l’avenir passait par les énergies renouvelables.

 

La journée de jeudi a elle été consacrée au lancement d’un fonds visant à mobiliser plus de 2 milliards d’euros pour la restauration des terres agricoles dégradées depuis de nombreuses années. Il s’agit d’améliorer la sécurité alimentaire des populations, tout en luttant contre le dérèglement climatique et en préservant les forêts.

Aujourd’hui, de trop nombreuses terres agricoles sont abandonnées à cause de l’érosion, la désertification, ou d’évènements climatiques (montée des eaux salées dans les rizières d’eau douce au Bangladesh ou au Sénégal). Par ce fonds qui sera adressé aux banques de développement, à la Banque européenne d’investissement, à la Caisse des dépôts mais également et surtout aux investisseurs privés (compagnies d’assurance, fonds de pension…), on sera en mesure d’augmenter le potentiel de stockage de carbone des terres restaurées. Ce potentiel correspond à 20% de la totalité de ce qu’il faut faire pour respecter la limite des 2°C. Dans le cadre du Plan d’action Lima-Paris, la France, outre son soutien à ce fond, a lancé linitiative 4 pour 1 000 (article) qui consiste à fédérer tous les acteurs volontaires du public et du privé pour assurer une meilleure sécurité alimentaire et lutter contre le changement climatique.

 

C’est ce soir qu’un nouveau texte doit être remis au Président de la Conférence Climat, Laurent Fabius. Après une première semaine de négociations, ce texte apparait comme un test pour la suite du processus devant conduire à un accord. La responsabilisation doit provenir des pays développés ainsi que des pays émergents ou les moins développés. L’accord qui doit voir le jour à Paris a une portée géopolitique historique. Il sera le premier grand accord international signé dans une configuration où les émergents sont devenus de réelles puissances diplomatiques.

 

 

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