Clôture des Assises de la mobilité : Vers des solutions solidaires, collaboratives et pour désenclaver des territoires.
Lancées le 19 septembre dernier, les assises nationales de la mobilité (Cliquez ici pour aller plus loin), qui sont une première étape afin de préparer la loi d’orientation sur les mobilités qui sera présentée au Parlement au début de l’année 2018, ont refermé leurs portes le mercredi 13 décembre.
Entre temps, des ateliers étaient déclinés en région. Eric Alauzet était représenté à ceux organisés le 28 novembre dernier pour la Bourgogne Franche-Comté à Dijon.
Le constat
- Des zones urbaines qui sont su développer des offres de transports publics mais qui n’ont pas su faire face à une congestion automobile qui s’aggrave et qui, souvent, n’ont pas apporté de solutions aux quartiers politiques de la ville et à leur périphérie.
- Des zones périurbaines où l’habitat s’est diffusé pendant que les emplois se recentraient dans les cœurs de villes, avec une dégradation des conditions de déplacements pour le travail, l’accès aux lieux d’études ou aux services.
- Des zones rurales qui sont souvent dépourvues d’offres et pour lesquelles l’enjeu reste dans de trop nombreux cas de sortir de l’enclavement.
Il y a également les populations oubliées de la mobilité pour qui elle est devenue un handicap plus qu’une chance. Il perdure également des impasses budgétaires étirant les programmes sur des décennies. Enfin, il faut faire le constat que les politiques de transports actuelles se trouvent dépassées par le fait que les mobilités sont en pleine révolution. Les nouvelles technologies qui émergent, qu’il s’agisse des mobilités propres, autonomes, connectées, partagées, bouleversent le paysage. C’est donc un nouveau monde qui émerge, dans lequel la frontière entre transport public et mobilité individuelle s’estompe, dans lequel le le digital va permettre d’étendre les options accessibles et d’orienter les choix de chacun, dans lequel les chaines de valeur auront été totalement redistribuées.
Les perspectives
La future politique de mobilité doit avoir comme moteur de redonner toutes leurs chances à chaque citoyen et à chaque territoire. Aussi, il y a des investissements vitaux à réaliser. Il s’agit, par exemple, d’achever et mettre à niveau de nombreuses routes nationales ou encore de rénover certaines lignes ferroviaires vitales pour relier les villes petites et moyenne à la métropole la plus proche. Concernant ces métropoles en pleine émergence, il s’agit de pouvoir les doter d’un réseau ferroviaire capable d’apporter une réponse à la saturation et à la congestion routière. Le Gouvernement s’est fixé pour ambition un plan de désenclavement complet de la France à l’échelle d’une décennie.
Aujourd’hui, près de 80% du territoire n’est couvert par aucune autorité organisatrice de mobilité. La future loi d’orientation sur les mobilités mettra en œuvre les leviers nécessaires pour que l’ensemble du territoire soit couvert.
Les priorités du Gouvernement en matière de mobilité ont, bien évidemment, vocation à trouver des réponses dans tous les territoires de la République (Métropole + Outre-Mer).
Lors des différents ateliers et concertation, les français ont fait part de leurs attentes, c’est-à-dire des solutions et des réponses très concrètes à leurs besoins du quotidien. Beaucoup de solutions de mobilité solidaire ou collaborative se sont développées. On peut citer le covoiturage, l’autopartage, le transport à la demande, les vélos en libre-service…
L’Etat sera aux côtés des autorités organisatrices, celles qui existent comme celles qui se mettront en place :
- Pour développer ces solutions, les articuler et les rendre lisibles ;
- Pour encourager la coordination des politiques dans tous les territoires ;
- Pour impliquer les entreprises et soutenir leurs efforts d’innovation.
La loi d’orientation des mobilités définira les trajectoires de verdissement des véhicules (voitures, poids lourds, deux-roues, autocars, …), ainsi que les leviers pour que tous les acteurs y contribuent. L’objectif est clair : la transition énergétique des véhicules doit être accessible à tous et ne pas générer pas d’exclusion.
L’aspiration à des mobilités plus propres et plus apaisées, c’est aussi se doter d’une réelle politique en faveur du vélo. 75% des déplacements font moins de 5 km. Le succès de la consultation « Parlons vélo » lancée pendant les Assises, avec plus de 100 000 réponses, en témoigne. C’est un des sujets qui a été le plus abordé dans les réunions publiques. Aussi, la stratégie mobilité du Gouvernement comprendra un Plan vélo pour aborder l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé publique, infrastructures, éducation, fiscalité…
Il faudra également mettre enfin en œuvre la loi de 2005 notamment autour de la question du handicap dans les transports en commun.
L’innovation a été au cœur de la démarche des assises. Aussi, et afin d’y répondre, plus de 150M€ seront mobilisés, dès aujourd’hui, dans le cadre du Programme des Investissements d’Avenir, pour soutenir l’innovation des start-ups, des PME, et développer les innovations issues de la recherche. Mais l’Etat doit aussi soutenir et accompagner les territoires qui veulent innover et expérimenter. Aussi, dans le cadre du Grand Plan d’investissement lancé par le Président de la République, 500 M€ vont ainsi financer des projets d’organisation territoriale particulièrement ambitieux et innovants.
Assises régionales de la Mobilité
Quelques « retours » de la rencontre du 28 novembre et des groupes de travail régionaux :
- Le temps de parole, de dialogue est mis en avant lors de cette après-midi
- Enjeux de la proximité, du bien vivre
- ¼ des jeunes refusent une formation ou ont des difficultés de retour à l’emploi par manque de mobilité
- Volonté de mobilité partout et pour tous
- La Région est le bon échelon pour recenser les initiatives, les manquements, …
- La région commence à mettre en place des outils pour le multimodal pour favoriser les économies d’énergie et baisser les GES
- Scandale français de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite : la région va prendre des avances pour faire évoluer ces questions
- La région souhaite finir le train Rhin/Rhône et défendre leur train Lyria (entre la France et la Suisse)
- Réflexion autour des trajets domicile-travail
- 2 actifs sur 3 en Franche-Comté quittent leur commune pour aller travailler
- 1/12 va travailler hors de la région (30 000 en Suisse, 15 000 en région parisienne)
- 8/10 vont travailler en voiture : dans les grandes villes et le long des grands axes, les actifs utilisent davantage les transports en commun
- Discussion avec la SNCF pour arriver à recréer MOBIGO « emmène moi là où je veux » qui était opérationnel dans la région Bourgogne
- La Région a autorité pour les transports et il faudrait y ajouter la mobilité en étant également animateur dans les territoires en s’appuyant sur des relais locaux
- Perspectives de la mobilité en Bourgogne Franche-Comté, en 3 axes : poursuivre les efforts en transports publics, trouver un équilibre entre urbanisme et mobilité, faire des mesures ciblées
- Développer l’hydrogène (entre autres via les piles à combustibles) car la France est en retard par rapport à la Corée, le Japon, l’Allemagne. Cette filière se structure en BFC car elle est fondamentale. C’est à peu près la seule filière énergétique majeure qui pourra créer de l’emploi en s’industrialisant
- Développer les véhicules autonomes (qui peut être couplé à l’hydrogène).