16 juillet 2014

Center Parcs à Poligny

Assemblée plénière du 4 juillet 2014 

Intervention de Brigitte MONNET, Eric Durand et Marc Borneck concernant l’étude Center Parcs







Intervention d'Eric Durand :

Il pourrait y avoir à terme 2 équipements en Franche-Comté et Bourgogne, un en Saône et Loire et un dans le Jura.
Sachant que d'ici 2020, les conseils généraux devraient avoir disparu, et en attendant ils auront été dévitalisés selon les propos du ministre Vallini, et que d'ici 2020 nos 2 régions auront fusionné, il y aura donc 2 center-parcs en Bourgogne Franche-comté, soit 2 ans après l'achèvement des projets, tel qu'il est prévu dans le planning du rapport.

Les futurs élus auront donc à gérer à l'échelle de leur grande région, 2 investissements pour 2 équipements concurrentiels, ainsi que les 2 dettes de chaque département, puisque ceux-ci auront contracter des emprunts conséquents pour financer ces équipements.
En avons nous les moyens à ce jour ?
Nous sommes engagés dans cette réforme territoriale, et nous ne pouvons pas ignorer ce fait.
Est-il raisonnable d'engager des fonds publics de part et d'autre des frontières actuelles de nos territoires sur de tels investissement privés ?
Il faudra ajouter au investissement annoncé, les coût d'infrastructures, voirie, adduction d'eau... qui ne sont pas chiffrés à ce jour, et qui seront à la charge des collectivités, essentiellement départementales, communales ou intercommunales. Encore de l'argent public pour finir !
Pour terminer et ça me gêne beaucoup de dire ça, nous avons des inquiétudes sur la pérennité des projets des projets eux-mêmes parce qu'avoir inventé le concept de 2 center-parcs mixed-ages à quelques centaines de kilomètres près, en gardant la même rentabilité et la même zone de chalandise, nous poses vraiment question.
Seront-ils pérennes, déjà, dans leur montage de projet ; est ce qu'ils arriveront les deux à terme, nous avons des doutes là-dessus !
Et une fois installés, 2 équipements concurrentiels à si peu de distance l'un de l'autre, vont finir par se tuer l'un et l'autre,
Que feront les pouvoirs publics, de 2 équipements tels que ceux-ci très très typiques, très difficilement requalifiables en d'autres structures. Nous avons déjà du mal à requalifier le centre de Lamoura, alors requalifier une bulle et des cottages à Poligny ou en Saône et Loire, puisque nous en aurons la responsabilité, va être une tache très difficile pour nous collectivité alors que nous aurons à financer encore les prêts que nous aurons engagés dans ces projets.
Rien que du point de vue financier, en + des arguments formulés par Brigitte Monnet, nous sommes extrêmement dubitatifs sur la crédibilité de ces 2 projets.

Nous aurons, donc à gérer des friches touristiques après avoir eu à gérer des friches industrielles ou des friches communales !


Intervention de Brigitte Monnet :

La France se prépare à un évènement majeur : nous allons accueillir en 2015 la conférence climat. Le réchauffement climatique est une préoccupation mondiale et tous les scientifiques s’accordent à dire que l’amplification du changement climatique est du à l’activité humaine.

Un grand accord mondial devrait être conclu à cette date, engageant de manière contraignante tous les pays du monde à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Lors des dernières négociations climatiques, à Varsovie en novembre 2013, les ONG environnementales avaient claqué la porte du cycle de négociations en cours, les pays du Sud, les plus pauvres (ceux qui subiront en priorité le changement climatique) considérant que les pays riches – responsables historiquement du réchauffement climatique – n’assument pas leurs responsabilités.

La question que l’on peut se poser, ici aujourd’hui est : est-ce qu’à notre niveau, nous assumons nos responsabilités ?

Dans un sens, on pourrait dire oui : la Région a mis en place un schéma régional climat air énergie ambitieux. La Région est pionnière dans son programme d’efficacité énergétique des bâtiments avec Effilogis et plus récemment le plan bâtiment durable franche-comté. Nous y consacrons des moyens humains et financiers pour atteindre nos objectifs de diminution par 4 des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Mais nous savons aussi qu’il reste beaucoup de chemin à faire pour tenir nos objectifs.

Alors, face à ces enjeux vitaux pour l’avenir de notre planète, quel sens donner à la création d’une vaste bulle « tropicale » chauffée à 29°, tous les jours de l’année (surtout dans un climat comme celui du Jura, mais ne nous inquiétons pas, nous nous réchauffons aussi). Est-ce que, en acceptant de participer au financement d’un tel projet, nous sommes cohérents ? J’ai le sentiment que non, nous faisons pour la planète 2 pas en avant, 2 pas en arrière. Mais attention à la chute.

D’autant plus, que pour installer bulle et cottages il y aura nécessité, dans cette forêt polinoise, de couper une forêt. Or, les arbres de cette forêt avaient joué leur rôle, celui de stocher du carbone. Mort, l’arbre, rejette le carbone. Aujourd’hui, dans une forêt lorsqu’on effectue des coupes, on replante de jeunes pousses afin qu’elles absorbent du carbone, ce qu’elles font de façon privilégié pendant leur phase de croissance. Mais, dans ce cas de figure, on ne replantera pas.

Donc, outre le fait que le jura sacrifie une partie de sa forêt dans sa fonction de stockage, elle la sacrifie aussi dans sa fonction paysagère, identitaire du Jura.

Car l’image touristique du Jura est celle d’un département vert, où la nature a gardé ses droits, un département authentique, tout le contraire de l’image véhiculée par un Center Parcs où l’on vit en vase clos. Entendrons-nous d’ailleurs en 2016, coincés sous la bulle, sur les ondes de France Info et de France Bleu « Cher Jura, tu me manques, je me souviens l'été dernier, tes forêts sauvages, tes rivières fougueuses et généreuses...» C’est sûr qu’un center parc ça sera moins sexy.

Par ailleurs, l’objectif d’un center parc, c’est que l’on consomme sur place. Que l’on consomme du loisir, de la remise en forme, que l’on se restaure sur place, bref que le touriste dépense sur place.

Je suis allée faire un tour sur le site d’un center parc et les soldes sont ouvertes : WE du vendredi 4 juillet au lundi 7 juillet : 399€ au lieu de 539€, du 21 juillet au 25 juillet 999€ au lieu de 1139€ … Si les prix ne sont pas plus élevés (vu le niveau d’investissement pour les équipements) n’est-ce pas parce que la plus-value se fait par les activités annexes à l’intérieur du parc ? Ce qui tendrait à prouver que les gens restent sur le site et donc ne consomment pas à l’extérieur.

L’autre spécificité du tourisme jurassien c’était le tourisme social, mais qui se soucie aujourd’hui de permettre aux familles modestes d’accéder à des vacances ?

En outre, il reste trop d’interrogations sur trop de points :

· 630 000 nuitées, est-ce bien raisonnable de partir sur des chiffres qui annoncent des taux de d’occupation de 80% et ceci tous les jours de l’année ! Alors que les taux d’occupation annuel en 2013 des hébergements francs-comtois, données du comité régional du tourisme, ont été en moyenne de 50 % dans l’hôtellerie de tourisme, de 26 % dans l’hôtellerie de plein air, de 31,7% pour les hébergements collectifs et15,2 semaines de location par gîte en moyenne. Par quel miracle, ou au prix de quelle campagne de marketing, et payée par qui ?, va-t-on arriver à un taux d’occupation de 80% ?

· Les emplois locaux lors de la construction : nous sommes pour la création d’emplois locaux, mais, un exemple jurassien nous montre qu’entre promesse et réalité il y a une belle distance… Et pour illustration rendons-nous sur le chantier de la centrale photovoltaïque de Soucia, ça se passe maintenant, où l’on avait fait miroiter 30 emplois locaux à temps plein, pendant 6 mois, et… au final un chef de chantier d’une entreprise de Toulouse (on peut faire un peu mieux en local) qui manage une vingtaine de monteurs qui viennent d’encore plus loin, pour 2 mois !!! et non pas 6 mois comme annoncé. Alors quelle garantie pour les emplois locaux. Car vous vous doutiez bien que pour la centrale en question il y avait bien eu les promesse d’emplois locaux pour la construction. Alors j’ai envie de dire, les promesses n’engagent que ceux qui y croient… et dans cette affaire de center parc on se croirait dans une salle des enchères c’est à qui dit mieux : 300 emplois, non 500 emplois, soyons sérieux.

· Quant à la qualité des emplois permanents : on aimerait y croire…

· Le problème de l’eau : 170 000 m3 /an - 465 m3 /j et bien sûr de l’assainissement. Quel approvisionnement en eau sera possible alors que les ressources actuelles semblent à peine suffisantes aux besoins de la population locale ?

· Et quant à la concurrence : vous n’êtes pas sans savoir que les center parcs font la publicité pour la remise en forme que l’on peut faire sur le site, cela ne fera-t-il pas de la concurrence aux thermes de Lons et de Salins ?


Et pour finir, est-il raisonnable, dans l’état actuel des budgets de nos collectivités, régionale et départementale (nous devrons économiser 25 millions d’euros rien que pour notre collectivité), d’investir autant d’argent public dans des projets d’investisseurs privés ? D’ailleurs, si ça marche si bien que le dit Pierre et Vacances, pourquoi ont-ils besoin des collectivités locales ?

Notre groupe, EELV, votera contre cette étude mais nous faisons une proposition Mme La Présidente, oui créons une SEM mais une SEM pour le développement des énergies renouvelables. Il y a des projets en Franche-Comté qui attendent ça et vous êtes sûre avec une SEM énergies renouvelables qu’il y aura des retombées économiques et écologiques sur notre territoire.

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