Accueil Thématiques Économie et emploi Voeu pour un accompagnement de qualité au service des demandeurs d’emploi

Voeu pour un accompagnement de qualité au service des demandeurs d’emploi

Vœu du groupe Europe-Écologie Les Verts 

Dans un contexte économique et social qui reste caractérisé par un niveau élevé du chômage, les besoins d’accompagnement et de formation des demandeurs d’emploi sont primordiaux. Le service public de l’emploi a notamment pour mission de favoriser l’accès des jeunes au marché du travail ou le retour à l’emploi des salariés et de répondre aux besoins de recrutement des entreprises ; il doit également accompagner les ruptures de parcours professionnels et faciliter les mobilités ou transitions professionnelles des actifs.

En créant l’opérateur unique Pôle Emploi – fusion des missions et des moyens de l’ANPE et des ASSÉDIC –, la loi du 13 février 2008 prétendait permettre l’efficacité du service public de l’emploi, au profit de ses usagers. 

Trois ans après, on ne peut que constater l’échec de cette opération préjudiciable d’abord pour les demandeurs d’emploi mais aussi pour les agents de Pôle Emploi.

Un avis du CESE sorti ce mois-ci relève notamment que deux ans après la fusion entre l’ANPE et les ASSÉDIC, il n’y a aucune amélioration significative du service rendu aux usagers. L’essentiel des critiques porte sur l’accompagnement des chômeurs qui se révèle « insuffisant ». Ce problème ne résulte pas directement du personnel qui est mobilisé mais plutôt d’un management guidé par une logique financière et budgétaire avec des objectifs de court terme. 

En privilégiant le concept de « résultat », on se détache progressivement de la mission de service public. Tout est bon pour faire baisser les chiffres du chômage : le nombre des radiations explose, et les demandeurs d’emplois qui y échappent sont orientés vers les métiers dits « en tension ». On est ainsi progressivement passés de la recherche de qualifications à la gestion de « compétences ». 

La fusion et les évolutions qu’elle a entraînées ne permettent plus un accompagnement de qualité. Le nouveau fonctionnement qui consiste à tout regrouper au sein des EID (entretien, inscription, diagnostic) a pour conséquence de demander aux agents de Pôle Emploi d’exercer deux métiers : celui qui indemnise et celui qui accompagne la recherche d’emploi. Chacun des deux métiers a ses propres exigences professionnelles. Vouloir les faire exercer simultanément se fait au détriment de la qualité des services rendus aux demandeurs d’emploi.

L’augmentation des demandeurs d’emploi a créé un effet de saturation. Alors que la moyenne affichée est de 95 demandeurs par agents, en réalité on arrive à 160 demandeurs par agent, (alors que le nombre idéal se situerait autour de 30 demandeurs) ce qui a pour conséquences : des délais allongés de traitement des droits des usagers à l’assurance chômage, une diminution de la qualité des réponses apportées, une relation confuse avec un agent qui accompagne mais qui peut aussi sanctionner par le non paiement des allocations. 

Pôle Emploi avait la possibilité de se distinguer par son maillage territorial, mais petit à petit celui-ci s’affaiblit. Ainsi en région Centre, l’objectif actuel est de passer de 62 agences locales à seulement 33. Le regroupement s’effectue autour de la création de « grosses boutiques d’accueil », et la compensation est censée se faire par le développement de suivi par téléphone et internet. Les demandeurs se retrouvent alors confrontés à des soucis de déplacement pour rejoindre une agence en ville, pour pouvoir bénéficier d’un accompagnement normal et d’un service non déshumanisé.

En conséquence, le Conseil régional du Centre, réuni les 23 et 24 juin 2011 à Orléans :
    - désapprouve la stigmatisation des demandeurs d’emploi orchestrée de manière cynique et méprisante au plus haut niveau de l’Etat, particulièrement dangereuse pour la cohésion de notre société alors même que la crise a porté à 4 millions le nombre officiel de chômeurs en France ;
    - demande au Gouvernement :
        - de mettre en place une véritable politique pour l’emploi avec une vision à long terme plutôt qu’une série de mesures de communication qui privilégie tour à tour des priorités changeantes pour des types de publics (jeunes, seniors...)
         - d’assurer un véritable service public national de l’emploi qui garantisse les mêmes droits et les mêmes chances pour chacun ;
         - de sanctuariser les crédits consacrés à la formation des demandeurs d’emploi ;
    - demande à la direction de Pôle Emploi de procéder particulièrement en région Centre aux recrutements nécessaires et au maintien d’un nombre d’agences suffisant pour permettre un réel maillage territorial, pour faire progresser la qualité du service et préserver l’accueil physique non déshumanisé des demandeurs.


Vœu adopté : vote "Pour" de la majorité (PS, EELV, PC-FG),  abstention du FN, et non participation au vote du groupe UPRC (UMP+NC)