Schéma régional de cohérence écologique : liens biodiversité-santé
Intervention de Saadika Harchi
Monsieur le Président, chers collègues, nous, élus écologistes, nous félicitons de l'engagement concernant la préservation de la biodiversité dans notre région, et en particulier pour ce rapport concernant le schéma régional de cohérence écologique, porté ici, par Pascale Rossler.
Et si nous nous en félicitons, c'est parce qu'il y va de la santé des citoyens de notre région. En effet la perte de la biodiversité peut avoir des conséquences directes non négligeables sur la santé si les services rendus par les écosystèmes ne répondent plus aux besoins de la société.
La biodiversité concourt à la santé au travers de services directs tels que la production de remèdes naturels, de médicaments élaborés à partir d'espèces animales ou végétales.
En outre, la diversité biophysique des micro-organismes, de la flore et de la faune, est une précieuse source de connaissances dans le domaine de la biologie, des sciences médicales et de la pharmacologie. Les grandes découvertes médicales et pharmacologiques sont possibles grâce à une meilleure compréhension de la biodiversité sur Terre.
La perte de biodiversité limite chaque jour la découverte de nouveaux traitements potentiels contre un grand nombre de maladies et de problèmes de santé. La perte de biodiversité signifie que l’on perd la possibilité de découvrir de nombreux produits chimiques et gènes similaires à ceux qui ont déjà apporté à l’humanité d’énormes bienfaits sur le plan de la santé.
Dans le domaine végétal, les exemples sont multiples. De la feuille de saule a été extrait l'acide salicylique, principe actif de l'aspirine universellement utilisée comme antalgique. La morphine extraite du pavot reste un antalgique majeur. La vincamine extraite de la pervenche de Madagascar traite les leucocytes cancéreux. La calanolide est utilisée contre le virus du SIDA.
Devant le potentiel que représentent les écosystèmes pour la mise en place de nouveaux médicaments, la préservation de la biodiversité est donc un enjeu majeur de santé alors même que de nombreuses espèces sont menacées d'extinction.
Le 5 décembre dernier, lors de la journée de lancement de l’Observatoire Régional de la Biodiversité, il a été dit que les recherches relatives à la biodiversité sont souvent faites à l’international, et nous avons appris que des recherches ont été lancées en région Centre sur certaines plantes. Au-delà de l’enjeu de santé, elle est aussi une source d’emploi dans ce domaine.
La biodiversité offre aussi des services indirects à la santé en permettant d'atténuer les menaces pesant sur l'insécurité alimentaire ainsi que sur l'accès à l'eau.
Pour que les régimes alimentaires locaux soient sains et suffisamment riches en nutriments, le niveau de biodiversité doit rester élevé. L’agriculture intensive, qui repose sur l’irrigation, l’utilisation d’engrais, la protection des végétaux (par le recours aux pesticides) ou l’introduction de variétés de culture et de systèmes de culture, a une incidence sur la biodiversité et donc sur la nutrition et la santé partout dans le monde. La simplification des habitats, la perte d’espèces et la succession des espèces rend souvent les populations plus vulnérables face aux maladies.
Ce projet de schéma régional de cohérence écologique (SRCE) vise à identifier les réservoirs et corridors de la biodiversité et à proposer des actions volontaristes pour préserver et restaurer les continuités écologiques.
La concomitance avec l'élaboration prochaine du PRSE 3 (programme régional santé environnement), pourrait à juste titre croiser les priorités et les programmes d'actions du SRCE et du PRSE 3, intégrant le département 'santé environnementale" de l'agence régionale de la santé (ARS) sous l’égide conjointe des ministères en charge de la santé, de l’écologie et de l’agriculture.
Comme nous le propose le rapport d'avril 2013 du conseil général de l'environnement et du développement durable, concernant les liens entre santé et biodiversité, nous pourrions renforcer la coordination entre les acteurs régionaux du champ de l'écologie, de la santé, de l'agriculture et de la recherche.
Ceci afin, je cite, "de concevoir et de conduire des actions dédiées à la prise en compte de toutes les composantes des maladies infectieuses émergentes, au bien être humain en relation avec les espaces de nature, aux relations de causalité entre altérations des milieux et pathologies, ainsi qu'aux effets sur les écosystèmes des pratiques de lutte contre les maladies".
Je souhaitais en tous cas citer ici le travail qu’a mené l’Ecopôle cette année sur sa stratégie d’ici à 2020. Un travail qui a identifié 8 thématiques prioritaires et 2 qui seront traitées de façon transversale, dont la santé environnementale. Ce sujet est d’ailleurs intégré dans un module du programme de formation modulaire coordonnée par le Graine-Centre "santé et environnement : quelles pollutions et solutions ?", dans lequel intervient l’ARS, la fédération régionale des acteurs en promotion de la santé (FRAPS) et Lig’air les 8 et 9 juillet.
Et je rejoins en cela les propositions de la conférence régionale de la jeunesse (CRJ) concernant le développement de la recherche, et j'irai encore plus loin en proposant une recherche qui croise différents champs. En particulier en donnant un nouvel élan aux recherches en santé-environnement en accordant une place suffisante aux travaux sur les agents biologiques et plus généralement sur les liens de causalité entre le fonctionnement des écosystèmes et la santé.
Je me réjouis en tous cas que le thème de la biodiversité soit un champ ouvert de l’appel à projets annuel de la biodiversité depuis 2011, et mon propos est plutôt un nouvel appel du pied aux acteurs du territoire à ce sujet. Un certain nombre d’entre eux se sont d’ailleurs d’ores et déjà positionnés sur ce dispositif sur des sujets environnementaux divers.
Pour finir, nous souhaitons qu'à l'avenir, il nous soit possible de proposer des cartographies qui permettent l'évaluation des inégalités écologiques de territoire, afin de nous éclairer sur les aspects environnements et sanitaires de ces inégalités et ainsi conduire des politiques publiques les plus efficientes possibles pour le bien-être de chacun d'entre nous dans notre région.
Je vous remercie, Monsieur le Président, chers collègues, de votre attention.