Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie
Intervention de Pascale Rossler.
Monsieur le Préfet, Monsieur le Président, mes chers collèges,
Quelques mots en complément, notamment de précision sur la manière dont les enjeux liés à la nature et aux paysages ont été pris en compte dans l’élaboration du Schéma Régional Eolien (SRE);
Ce SRE définit les zones favorables au développement de l’éolien, c’est-à-dire celles qui permettront d’envisager le dépôt des demandes s’il y en a de Zones de Développement de l’Eolien. Les futurs parcs éoliens se situeront donc nécessairement dans ces zones, mais devront obtenir la création d’une Zone de Développement de l’Eolien et des permis de construire pour chaque éolienne, ainsi qu’une autorisation au titre des ICPE (Installations Classées au titre de la Protection de l’Environnement).
Ainsi, les espaces identifiés, dans des documents départementaux ou régionaux, comme les plus sensibles sur le plan environnemental ont été exclus. Ainsi que d’autres ensembles comme
- les grands ensembles paysagers : Blancois, Boischaut méridional, Boutonière de Ligueuil, Gâtinais, Gâtines : Tourangelles, de l’Indre, Marche, Pays Fort, Perche, Puisaye, Sancerrois,
- Grands massifs forestiers : Sologne, forêt d’Orléans, Marchenoir, forêt d’Apremont, de Preuilly,
- Vallées des cours d’eau les plus importants : Un recul a été pris en compte pour les vallées des cours d’eau les plus importants,
- Espaces naturels remarquables : Zones de Protection Spéciales (Directive Oiseaux) de « Petite Beauce », « Brenne », « Plateau de Chabris / La Chapelle-Saint-Martin », « Champeigne », « Beauce et vallée de la Cosnie », « Lac de Rillé et forêts voisines d’Anjou et de Touraine ». Par suite, la concertation et le souci de cohérence aux « frontières » régionales et départementales ont conduit à revoir, au cas par cas, le zonage de certains secteurs a priori exclus (sud de l’Indre et du Cher notamment).
La protection du patrimoine historique et culturel a fait l’objet d’une attention particulière, en excluant les zones à enjeux majeurs, c’est la cas des zones patrimoniales et des zones classées au Patrimoine Mondial de l’Unesco, notamment en conformité avec le Plan de Gestion en ce qui concerne le Val de Loire, en affinant plus ou moins largement le périmètre selon les principes de visibilité et de co-visibilité :
- Val de Loire,
- les cathédrales de Chartres et de Bourges,
- La Basilique de Neuvy St-Sépulcre,
- La Charité sur Loire,
et en excluant aussi certaines zones patrimoniales comme
- Yèvre-le-Chatel,
- La zone des châteaux de Valençay – Bouges – Levroux,
- La Châtre, Meillant,
- ou Le Pays de George Sand,
Il est important de préciser qu’au sein d’une zone favorable, la présence d’un monument pourra exclure une partie de la zone du fait de co-visibilités ponctuelles, non appréciables à l’échelle du schéma.
L’examen de la protection du patrimoine continuera donc de s’affiner au cas par cas.
Et cette exhaustivité incombera nécessairement aux concertations et études des projets à venir.
La préservation de la biodiversité
La concertation a conduit à exclure une partie de zones Natura 2000 (Sologne, ...) et les zones Natura 2000 directive « Oiseaux ». En revanche, les sites Natura 2000 de petite superficie n’ont pas été exclus à ce stade : dans ces cas précis, les zones favorables sont assorties de recommandations particulières qui devront être prises en compte pour l’aboutissement des projets.
La menace pour la biodiversité résidant principalement dans l’impact sur les couloirs migrateurs et les chiroptères (comprenez chauves-souris), les grandes lignes ont été tracées aussi précisément que possible à l’échelle régionale, mais là encore il est prévu que certaines zones favorables fassent l’objet d’approfondissement.
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Autre point Monsieur le Président, dont j’aimerais tant pouvoir m’exonérer :
à l’heure où l’irresponsabilité des responsables de notre planète constatée à Rio, au sommet de la Terreoù les chefs d’Etat Américains, Allemands, Russes ont brillé par leur absence, rappelons combien la convergence de crises fait qu’elles s’ amplifient mutuellement.
Mais si on sait que les crises économiques et environnementales ajoutent des urgences chaque jour plus graves à la crise sociale, il est moins fréquent d’aborder combien crise climatiques et crise de la biodiversité, celle de l’effondrement de nos ressources naturelles, se renforcent mutuellement.
Ainsi si la déforestation galopante ampute d’autant le potentiel de stockage de carbone, dans des proportions extrêmement préoccupantes à l’échelle mondiale, le dérèglement du climat a un impact sur la biodiversité encore mal connu, croissant et d’ores et déjà alarmant pour ses fragiles équilibres, en cascade.
Parce qu’il est nécessaire d’ illustrer ces propos qui sont si lointains, si corticaux et théoriques, depuis notre hémicycle , je vais citer seulement 2 exemples, vivants et concrets :
le macareux moine, petit pingouin en déclin continu et alarmant, dont seules quelques centaines de couples subsistent en France en Bretagne,
Ces oiseaux se nourrissent de lansons, petits poissons, dont l’aire de répartition se décale vers le Nord à cause du réchauffement des eaux ; la nature ayant horreur du vide, leur niche écologique est désormais occupée par une autre espèce très proche, de même format, la seule différence est que ce poisson-là comporte de nombreuses arrêtes beaucoup plus grosses. Les macareux s’en nourrissent volontiers, mais voilà.. Leurs poussins eux s’étouffent.
Le lanson est un indicateur-clé de la chaine alimentaire marine, mais combien de chaînes alimentaires ainsi déréglées en cascade, alors même que la gulfstream, ce courant océanique planétaire, ce tapis roulant marin qui régule les grandes migrations marines et maintient la douceur des climats de l’Europe occidentale ralentit considérablement menace de s’arrêter..
autre exemple qu’il m’apparaît utile de citer : celui des cigognes blanches.
il en restait moins de 10 couples il y a 40 ans. De nombreuses mesures ont été prises et les populations reprennent.
Auj, sur les 2000 couples de cigognes qui nichent en France, près de 1000 restent désormais en France toute l’année notamment dans le Sud et ne partent plus en migration, car désormais les températures moyennes hivernales leur conviennent. Évidemment, ceci leur épargne un voyage périlleux, et pourrait sembler bénéfique. Néanmoins, l’accélération de l’ampleur des phénomènes climatiques extrêmes a tendance à s ‘amplifier, et à la moindre grande vague de froid comme nous en avons connu plusieurs épisodes cet hiver, elles ne résistent pas,...
C’est pour cela que je préfère parler de dérèglement plutôt que de réchauffement, bien que celui ci soit réel, s’y ajoutent des épisodes extrêmes dont on ne sait auj évaluer les impacts colatéraux !!
Mais, comme nous savons par le rapport Stern que prévenir le dérèglement climatique couterait 1% du PIB mondial là où guérir coûterait 5 à 20%, l’économie des écosystèmes nous éclaire désormais, l’effondrement annoncé de la biodiversité, lui, coûterait 7% du PIB, alors que nous en sommes à la 6ème grande extinction des espèces, et j’accorde cela à Mme Soullie, c’est la 6ème, le rythme d’extinction est 1000 fois supérieur au taux naturel, si ce n’est que cette extinction à est due à l’accélération des changements auxquels les espèces n’ont pas le temps de s’adapter.
Si on ramène la vie de la terre, 4,5 mds d’années, à l’échelle d’une semaine , la révolution industrielle et le début de la combustion des énergies fossiles, représente 1/40 ème de seconde ; la notion d’excédent de GES dans l’atmosphère qui va avec elle aussi représente 1/40ème de seconde à l’échelle d’une semaine pour la vie de la terre, et je nous invite tous à méditer ainsi notre responsabilité, étymologiquement avoir la réponse. Je remercie et salue toutes les personnes qui ont travaillé avec conviction sur ce dossier.