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La formation au cœur de l’engagement pour l’emploi et la reprise économique

Portrait Jean Delavergne

Intervention de Jean Delavergne

 

Compte tenu des compétences des Régions, la formation professionnelle est pour un Conseil régional l'un des vecteurs essentiels de son action sociale. Face aux difficultés que connaissent nos concitoyens, et en particulier du maintien d'un haut niveau de chômage, il est donc parfaitement légitime que l'exécutif régional ait souhaité mieux adapter aux besoins et renforcer ses  dispositifs en faveur de la formation professionnelle et de l'apprentissage.

 

De la même façon que nous avions réussi à booster l'innovation dans les PME l'an dernier, il s'agit aujourd'hui de répondre à l'urgence sociale et de faire le maximum pour mettre la formation au service de l'emploi. 

 

Ce faisant, on peut dire que l’exécutif régional "fait le job" !  Et cela devrait être reconnu par tous les gens de bonne volonté sur les travées de cette assemblée. Mais sans doute que, les élections approchant, nous allons avoir droit à de tous autres positionnements, confondant en particulier les dimensions régionales et nationales.

 

Pour ce qui nous concerne, soyons clairs : pas plus aujourd’hui qu’hier nous ne confondons les niveaux de responsabilité !

 

Au niveau national, Il y a fondamentalement une incompréhension de la nature des problèmes que nous devons affronter.  Refus de voir que nous ne sommes pas confrontés à une simple crise conjoncturelle mais bien plutôt à une mutation très profonde avec une forte dimension écologique. Alors même qu'on peut constater depuis les années 70 une tendance a la baisse des taux de croissance du PIB, le Président de la République  a, lui, tout misé sur un hypothétique retour de la croissance… consacrant ses efforts, en attendant, à faire avaler la pilule amère de l’austérité que le couple Merkel-Sarkozy avait mis sur les rails.

 

On a beau invoquer sans cesse "la croissance", "la croissance"... en réalité l’austérité généralisée à l’ensemble des pays européens entretient une spirale de déflation, porteuse de toujours plus de réduction d’emplois et de déficits accrus des comptes publics. Pour les écologistes, comme pour beaucoup d’autres, c’est pratiquement le contraire qu’il faudrait faire :

1-     Plutôt qu'une politique déflationniste de baisse des dépenses publiques, il faut engager une politique de "grands travaux" écologiques pour faire face aux défis contemporains et en particulier à ceux de la transition énergétique.  Ce qu’il nous faut c'est un  "Green Deal" qui assurerait, comme le "New Deal"  de Roosevelt,  un réel soutien à l’activité économique.

2-     Et plutôt que de continuer à rêver au retour à des taux de croissance élevés susceptibles de résoudre comme par magie le les questions sociales (création d’emplois et financement de la protection sociale), si l’on veut éviter que la montée des inégalités ne fasse imploser la société, il faut reprendre résolument la voie d’un partage plus équitable des richesses et du travail.

 

Or ce n’est pas du tout cette orientation qui a été choisie avec la nomination de Manuel Valls à Matignon, et les annonces d'hier ne font que le confirmer :  quoi qu'il en dise, l'orientation c'est celle d'une austérité renforcée, avec des coupes sombres dans les services publics, la protection sociale et les collectivités locales.

 

Seule l’annonce du passage avant l’été de la loi sur la transition énergétique aurait pu donner quelque espoir. Mais que peut-on attendre sérieusement comme politique ambitieuse dans ce domaine lorsque les capacités financières de l’Etat et des collectivités auront été drastiquement réduites ?

 

Ajoutons pour finir que ce ne sont pas les annonces en matière de "décentralisation" qui peuvent permettre de faire oublier cette potion amère : en la matière si on veut vraiment aller dans le sens de la décentralisation, la vraie question n'est pas celle du nombre ou de la taille des Régions, la vraie question est celle des compétences et des moyens dont elles sont dotées. C'est cela seulement qui fait la différence entre les Régions françaises et les  Länder allemands alors même que certains de ces Länder sont de taille relativement modeste.

 

Bien évidemment ce n’est pas du côté de la droite non plus que l’on peut attendre des solutions : un certain nombre de ses dirigeants ne disent-ils pas clairement que 50 M€ de baisse des dépenses publiques seraient très insuffisant ! Et en plus on aurait et les OGM et le gaz de schiste !

 

Quand aux "solutions" de repli nationalistes, si elles devaient être mises en œuvre, elles ne feraient que précipiter notre pays dans une situation catastrophique de dévaluation et de banqueroute.

 

Au niveau national, les écologistes ne peuvent donc qu'agir pour qu’il y ait un réel changement de cap gouvernemental et une  réorientation de la politique économique, sociale et environnementale.

 

En attendant, nous restons pleinement partie prenante de la majorité régionale qui, elle, dans les limites de ses compétences et de ses moyens financiers, a su montrer jusqu’ici  sa capacité à  faire face aux défis régionaux de notre époque.

 

Comme l’indique le CESER qui, malgré quelques réserves, "salue la démarche engagée", le rapport qui nous est soumis ce matin montre bien le "dynamisme régional" et le "volontarisme politique" de l’exécutif en matière de formation professionnelle.

 

C’est le cas avec la mise en œuvre systématique de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), pour être en mesure d’anticiper l’évolution de l’économie et des métiers et ce à tous les niveaux : aussi bien territoires que filières, clusters ou pôles de compétitivité, artisanat comme agriculture, ...

 

Volonté aussi d’accroître et d'adapter l’offre de formation pour mieux répondre aux demandes d’emploi : doublement des crédits annuels destinés au "Fonds Ré-Actif", permettant d’ores et déjà de prévoir 21 actions de formations nouvelles à partir d’analyses territoriales des besoins.

 

Enfin, relevons la décision d’apporter des soutiens exceptionnels à l’apprentissage

- soutien financier maintenu aux CFA du BTP alors même que l’application de nos règlements devait nous conduire à les baisser compte tenu de l’évolution défavorable du nombre d’apprentis concernés ;

- demande aux CFA, en contrepartie du maintien de ces aides, d’accueillir des jeunes de plus de 18 ans "décrocheurs" sous statut de stagiaire de la formation professionnelle ;

- nouvelle aide de 500 € aux TPE qui proposent des maîtres d’apprentissage ;

- enfin, doublement du nombre d’apprentis accueillis dans les services de la Région.

 

Je n’ai évidement pas souhaité reprendre les 23 engagements régionaux qui vous sont proposés dans le rapport. Mais rien qu’avec ceux que j’ai énumérés, on voit bien que la Région ne reste pas l’arme au pied et cherche à adapter sans cesse ses dispositifs aux réalités et aux besoins.

 

Je tiens cependant a émettre un regret : ce rapport totalement tourné vers l’urgence de répondre aux problèmes de nos concitoyens, ne prend pas assez en compte pour nous l’enjeu stratégique de la transition écologique de l’économie et donc n’anticipe pas assez les mutations des emplois à venir.

 

Certes, de fait, les transformations vers une économie plus économe des ressources et de l’énergie et plus respectueuse de l’environnement sont d’ores et déjà engagées dans de nombreux domaines, et l’on constate que c’est la vie économique elle-même qui pousse vers ces évolutions.

 

Rappelons ici par exemple la part importante des dossiers « innovation » que nous avons retenus en session d’octobre dernier et qui relevaient peu ou prou de la transition écologique : c'était le cas de près de 50 % de dossiers retenus ! 

 

De même dans le rapport d’aujourd’hui, on voit apparaître dans les deux dernières pages, consacrées au "Fonds Ré-Actif" et au "Fonds Jeunes", des formations au maraîchage bio ou encore aux métiers de l’écoconstruction, comme on constate que les prévisions de recrutement d’apprentis dans les services de la Région concerneront en particulier les métiers de l’efficacité énergétique.

 

Gilles Deguet reviendra de son côté sur le développement des  plateformes ou plateaux techniques consacrés à l'écoconstruction qui aurait largement mérité de figurer aussi dans ce rapport.

 

Donc les choses bougent. Mais il est cependant nécessaire que les politiques publiques accélèrent le mouvement, l'amplifient, y mettent de la cohérence et c'est pourquoi nous regrettons l'absence dans ce rapport d'un engagement stratégique plus affirmé sur cette orientation.

 

Heureusement, cette absence d'engagements en faveur de la transition écologique reste tout de même un peu exceptionnelle dans nos politiques régionales et nous aurons l’occasion de vérifier très prochainement que, par exemple, la question de l’économie circulaire que nous avons mise en avant depuis plusieurs mois va bien finir par être pleinement prise en compte dans les politiques régionales.

 

Monsieur le Président, compte tenu de la volonté de répondre aux urgences sociales et considérant l’ensemble de nos politiques, nous voterons donc ce dossier malgré les réserves que je viens d’indiquer.

Nous demandons cependant que soit d’ores et déjà acté que les contrats de filière industrielles annoncés dans ce rapport comporteront tous un volet transition écologique :

- pour mieux préserver les ressources naturelles pour aujourd’hui et pour les générations à venir,

- pour rendre les entreprises régionales plus capables d’affronter la concurrence,

- pour développer donc des emplois réellement plus durables.