Couverture territoriale en matière de santé en région Centre
Intervention de Saadika Harchi
Et si l’amélioration de la santé de nos usagers ne se résumait pas seulement en médecins en nombre suffisant et en construction de cabinets pluridisciplinaires ? Ainsi donc, en tant qu’élue d’Europe-Écologie Les Verts, pourrais-je commencer l’analyse de ce rapport sur la couverture territoriale en matière de santé en Région Centre ! C’est un peu provocateur, je vous l’accorde, pour autant un certain nombre d'observations seraient à relever.
L’observatoire régional de la santé du Centre vient de publier une étude sur les inégalités sociales et territoriales de santé par canton, il est dommage que ce rapport n’y fasse pas plus référence. Et plutôt qu’une répartition harmonieuse de l’implantation des Maisons pluridisciplinaires de santé, s’appuyant sur la densité médicale, ne pourrions-nous pas préconiser une implantation qui prendrait en compte les besoins des usagers sur un territoire donné et qui prenant en compte les cartographies de cette étude, viserait à diminuer ces inégalités sociales et territoriales de santé ?
Concernant les aides apportées dans le cadre des formations, il serait judicieux d’envisager d’élargir les aides accordées aux étudiants de médecine de 4ème année en stage hors agglomération, aux infirmières lors de leur stage de 3ème année, plus long depuis la réforme de leurs études, afin de favoriser leur installation dans les zones rurales ayant le plus de besoin en personnels de santé. Et si la formation en apprentissage des étudiantes en soins infirmiers de 3ème année semble efficace pourquoi ne pas l’étendre aux 2èmes années ?
Chacun sait, et le rapport en fait état, le défi à relever concernant le vieillissement de la population, les participants du SRADDT l’ont fortement exprimé, en plus du déficit médical, nous avons un déficit en infirmière mais aussi en aides soignantes et en assistante de vie, peut être pourrions nous, nous appuyer plus sur les maisons familiales et rurales, pour les formations de niveau V, tout comme nous le faisons dans les établissements de formation sanitaire et sociale. Seulement il ne suffit pas de former ces professionnelles, encore faut il réfléchir aux conditions de travail et de salaire qui leur sont offert, ce sont des métiers difficiles, et très mal valorisés. Il faut trois ans pour former une infirmière ( les exigences en terme de compétences ne cesse d’augmenter ) et la durée moyenne d’exercice professionnel dans ce métier n’excède pas dix ans. Il n’est pas rare d’ailleurs que des services de soins ferment non faute de médecins mais faute d’infirmière.
L’acteur essentiel de la couverture territoriale de santé, c’est l’usager. Sa participation, soit directe, soit au travers d’associations d’usagers, dans l’élaboration du projet de santé sur son territoire ne doit pas être minorée. Il en est de même des associations de l’économie sociale et solidaire, notamment dans le champs de la prévention qui devraient participer à cette réflexion. Il ne s’agit pas de faire pour les citoyens, mais avec eux, c’est précisément ce que le SRADDT a commencé à initier.
Si l’on considère que la santé c’est un état de bien être physique, psychologique, social et environnemental, rien n’est dit dans ce rapport de certains aspects de ce bien être.
Et pourtant, le Conseil Régional intervient dans le champs de la santé au travers de plusieurs politiques qu’elle met en œuvre :
- au niveau de sa politique de transport en développant des transports doux et en favorisant les transports en commun, ce qui de ce fait diminue la pollution, donc les risques de pathologie respiratoire et les allergies.
- De même en soutenant l’innovation dans le domaine de l’agriculture notamment l’agriculture biologique, et en aidant à l’approvisionnement des établissements scolaires dont elle a la charge en alimentation bio, en circuits courts et de proximité, elle favorise la santé des jeunes, et celle de la population en général et des agriculteurs en particulier. Et chacun sait le rapport étroit entre alimentation et santé.
- Lorsque qu’elle protège ses captages d’eau, ou quelle analyse la qualité de l’air dans le cadre du plan régional santé environnement, elle agit sur les conditions environnementales de la santé des citoyens. Il en est de même de la préservation de la biodiversité et de son impact sur la santé.
- Ses investissements dans le domaine de la recherche notamment dans le champ du cancéropole, et sur d’autres thèmes favorisent la santé. A ce propos peut être pourrions nous soutenir plus largement les projets de recherche dans le domaine des maladies professionnelles, ce champs étant peu développé, et la santé au travail est un sujet particulièrement sensible.
- Je ne m’étendrais pas sur le projet qu’elle va développer dans le champs de l’éducation à la santé, de la prévention et de la promotion de la santé des jeunes, et qui comme dit l’adage « prévenir c’est guérir » va dès la rentrée prochaine concerner les lycéens et les apprentis .
- Que ce soit la politique d’éducation des lycéens, et d’aménagement des bâtiments dans les lycées , le sport (non motorisé cela va sans dire), ou la politique culturelle, chacune des politiques publiques menée par le Conseil Régional a un impact sur la santé .
L’intersectorialité des politiques publiques permet de s’assurer que tous les déterminants d’une problématique de santé, soient abordés. Elle soulève la question de la coordination, et de l’articulation entre les acteurs en dehors du champs de délégation des uns ou des autres. Cela renvoie à la structuration des institutions et des acteurs. Si nous voulons être efficace en matière de santé nous sommes dans l’obligation de travailler dans la transversalité.
Pour finir, le conseil Régional mène différentes politiques publiques qui favorisent la santé et en particulier la santé environnementale, notamment en lien avec la projet régional de santé de l’ARS. Comme le développe le rapport du CESER, la santé n’entre pas directement de la responsabilité du Conseil régional hors le champs des formations, il apparait évident qu’il investit de manière directe ou indirecte un budget de plus en plus conséquent dans le domaine de la santé des citoyens au moment ou l’état se désengage de plus en plus du financement de la santé et en particulier de celui de la prévention (moins 28% cette année en région Centre).
Il est urgent que l’état assume ses responsabilités en matière de financement de la couverture territoriale de santé , et plus largement celui de la santé des citoyens.
Session des 23 et 24 Juin 2011 | |
Communication : Couverture territoriale en matière de santé en région Centre |