Consommer les produits alimentaires de la région Centre : la proximité producteur-consommateur
Intervention de Michelle Rivet
Monsieur le Président, chers collègues,
Ce rapport présentant des propositions d’action pour valoriser les productions régionales vient devant notre assemblée alors que l’actualité démontre une fois de plus la vulnérabilité de notre système industriel en matière alimentaire
Le scandale en cours est de nature à décrédibiliser l’ensemble des chaînes commerciales alimentaires tant il est vrai que si on retrouve de la viande de cheval dans de la viande de bœuf le consommateur est en droit de s’interroger sur la composition exacte de ce qu’il achète et sur fiabilité des étiquettes sur les produits.
Il y a une faillite grave et incompréhensible pour tout un chacun des outils de la traçabilité : comment confondre bœuf et cheval ?
Cette crise de la traçabilité est une illustration de la difficulté de contrôler les produits tout au long de la chaîne dans un contexte de déplacements incessants dont la finalité est d’approvisionnements au moins cher . Et ce scandale vient après bien d’autres qui ont fait mesurer les risques sanitaires générés par ces déplacements.
Pourtant tous ces dysfonctionnements ont une seule conséquence : ils aboutissent au durcissement des règles pour tous . Aujourd’hui le plus petit éleveur ne peut déplacer le moindre animal sans produire des papiers, sans que l’animal soit identifié ce qui rend d’autant plus incompréhensible les ratés. Imaginez comment peut réagir un éleveur bovin ou ovin à ce scandale alors qu’il est obligé de payer de plus en plus cher pour l’identification de chacun de ses animaux .
L’injonction constante faite aux producteurs comme aux artisans est de se conformer aux règles de plus en plus dures destinées à stopper ce type de problèmes alors même que ces problèmes concernent les filières industrielles.
Au final le durcissement de la réglementation contribue efficacement à faire disparaître les plus petits sans que cessent les scandales à répétition.. Ceux qui produisent et trans forment dans la proximité sont sommés d’investir de la même façon que ceux dont les volumes et les déplacements génèrent les risques : convenez qu’il est paradoxal que ce soient à eux qu’on demande de s’aligner sur l’industrie plutôt que l’inverse.
Dans un contexte de crise écologique, la question de l’absurdité de ces déplacements complexes destines a faire gagner quelques centimes d’euros au kilos à quelques uns est une nouvelle fois posée . Et ce d’autant que les soi disant économies réalisées par le consommateur lui sont facturées en tant que contribuable puisque les contrôles sanitaires et la sécurisation de la chaîne alimentaire sont assumés par la collectivité .
La question de normes proportionnelles au niveau du risque et aux possibilités de traçabilité doit être posée pour stopper la course en avant qui a pour principale conséquence de concentrer le commerce alimentaire et de l’éloigner du consommateur final.
La question de la proximité producteur consommateur se pose donc plus que jamais mais aussi la question de la proximité tout court C’est pourquoi dans ce contexte de doute sur le contenu e nos assiettes, cette initiative régionale est la bienvenue avec des actions qui valorisent les produits régionaux et sensibilisent les professionnels à leur utilisation.
L’idée d’une signature régionale pour les produits de base ou les produits transformés a le mérite de garantir une meilleure traçabilité de manière simple.
Il conviendra cependant de vérifier que la qualité de ces produits corresponde bien aux attentes légitimes des consommateurs en terme sanitaire comme en terme gustatif sous peine de décevoir. J’insisterai particulièrement sur l’absence d’OGM, qui correspond a un engagement régional fort.
Par ailleurs il faudra être attentif à ne pas brouiller l’image des divers signes de qualité La souplesse induite par la signature ne doit pas conduire a une confusion mais au contraire valoriser plus encore ces produits labellisés, phare de notre Région.
Fervents défenseurs de la relocalisation des échanges, les écologistes ne peuvent donc que se réjouir de voir s’appliquer des principes qui leur sont chers : les actions mises en place devraient aboutir pour une partie des produits régionaux a moins de déplacements, plus de valeur ajoutée, et une réappropriation des enjeux alimentaires par les professionnels locaux. Sous les réserves que je viens de donner nous en soutenons pleinement l’esprit.