Voeu Sortie du nucléaire : Intervention d’Emmanuelle Bouchaud au BS 2011
Intervention relative au voeu sur la stratégie énergétique de la France, prononcée par Emmanuelle Bouchaud, vice-présidente du Conseil Régional des Pays de la Loire en charge de l’énergie, le 1er juillet 2011 lors de la séance plénière du Conseil Régional consacrée au Budget Supplémentaire 2011.
Monsieur le Président, chers collègues,
Pour EELV, ce vœu sur la stratégie énergétique de la France dit vœu nucléaire est loin d’être anodin.
Il résulte d’échanges longs et constructifs, à la hauteur des enjeux, sur notre vision commune de la politique énergétique et de son avenir.
Il s’inscrit dans une actualité dramatique qui nous a malheureusement démontré la dangerosité d’une énergie nucléaire que nous ne maitrisons pas.
Il s’inscrit également dans un contexte politique national où la gauche dans toutes ses composantes, s’interroge et remet en question la stratégie énergétique basée sur le nucléaire que les gouvernements successifs ont imposé aux français depuis maintenant 40 ans.
Et pourtant, si nous nous référons aux derniers sondages, aujourd’hui, très majoritairement les français s’expriment favorablement pour une sortie du nucléaire.
Et ils ont raison car le choix de la filière nucléaire comme pilier de la stratégie énergétique française, comme fleuron de l’exportation industrielle, est une impasse dangereuse.
Dangereuse, car le risque lié à l’énergie nucléaire est insupportable pour les populations, en premier lieu pour les salariés de ce secteur qui travaillent régulièrement dans des conditions d’exposition anormales, et en particulier les salariés de la sous-traitance.
Cette stratégie énergétique est une impasse car l’énergie nucléaire vit sur cinq mythes :
– Le mythe d’une énergie abondante. Or, cette énergie représente 75% de l’électricité, mais seulement 18% de l’énergie totale consommée.
– Le mythe d’une énergie bon marché. Or, le prix du KWH nucléaire est totalement artificiel car il n’intègre ni le prix du démantèlement, ni le coût du stockage des déchets nucléaires, ni bien évidemment celui des réparations de catastrophes.
– Le mythe d’une soit disant indépendance énergétique, or les réserves d’uranium qui sont, elles aussi en voie de raréfaction dès 2035 et sont originaires du Canada, du Kazakhstan et du Niger. Avec 437 réacteurs en activité dans le monde aujourd’hui, les capacités d’approvisionnement sont de quelques décennies, ce qui explique pour une large part qu’aussi peu de centrales soient en construction depuis 20 ans.
– Le mythe du nucléaire comme solution au réchauffement climatique. Or l’énergie nucléaire est une énergie de base qui ne répond aucunement aux demandes de pointe et pour cela la France doit importer de l’énergie des centrales charbon d’Allemagne ;
– Le mythe d’une énergie propre, or c’est une énergie plus que polluante, de par ses rejets et ses déchets.
Bref, je pense que vous l’aurez compris, les élus EELV considèrent donc que l’énergie nucléaire est à inscrire au passé et deviendra, telles les histoires mythologiques grecques, des contes que les générations futures raconteront à leurs progénitures.
Même si les débats sont loin d’être clos et méritent d’être élargis, ce texte a permis d’affirmer notre volonté politique de sortir du nucléaire. Pour les écologistes, il s’agit là d’une avancée très attendue.
En effet, au-delà de la stratégie purement énergétique nous considérons qu’en matière de stratégie industrielle, miser sur le nucléaire est une ineptie et va à l’encontre de la transformation écologique de l’économie. Comme nous l’avons déjà dit lors de notre intervention sur le SREED, l’écologie est le premier atout industriel de notre région mais aussi de notre pays.
Emmanuelle BOUCHAUD