Voeu Sortie du nucléaire : Intervention de Michel Perrier – BS 2011

Michel PERRIER, conseiller régional. Membre de la commission Infrastructures, transports et déplacements

Intervention relative à la stratégie énergétique en France, prononcée par Michel Perrier, le 1er juillet 2011 lors de la séance plénière du Conseil Régional des Pays de la Loire consacrée au Budget Supplémentaire 2011.

Monsieur le Président, cher-es collègues,

Le vœu que le Conseil Régional va adopter s’intègre dans un mouvement international pour une transformation progressive du système énergétique actuel, et pour un abandon programmé du nucléaire.

Chacun peut le comprendre, cet abandon nécessite des investissements massifs dans la sobriété et l’efficacité énergétique, et un développement vigoureux des énergies renouvelables, bien entravé par le gouvernement actuel, tant pour les éoliennes que pour le photovoltaïque.

Nous devrons aussi gérer l’héritage laissé par l’énergie nucléaire.

– le démantèlement des centrales. Les coûts et les conséquences seront énormes. Un seul exemple très concret : mise à l’arrêt depuis 1985, la centrale de Brennilis était supposée être la première centrale nucléaire à subir un « démantèlement total » en France. EDF, le CEA, le préfet du Finistère, avaient déclaré leur intention de faire de cette opération «une vitrine». Plus de 25 ans après, le démantèlement est loin d’être terminé, la phase 3 n’a même pas démarré…

Le coût du démantèlement a été évalué en 2005, à 482 millions d’euros par la Cour des comptes, soit 20 fois plus que l’estimation de la commission Peon qui est à l’origine du parc nucléaire actuel, et les difficultés rencontrées vont encore alourdir ce chiffre.

– la gestion des déchets nucléaires accumulés. Aucune solution acceptable n’est encore trouvée, mais nous souhaitons l’abandon de la filière d’enfouissement irréversible. Il faut sans doute rappeler que plusieurs sites avaient été «testés» dans la Région, il y a quelques années et que les populations concernées s’étaient révoltées. La réversibilité est essentielle pour maîtriser les risques à très long terme.

La meilleure solution pour le démantèlement, c’est donc de ne plus construire de réacteurs. La meilleure solution pour les déchets, c’est ne plus en produire…

Pour les écologistes, cet abandon programmé du nucléaire doit être encadré par une loi de sortie du nucléaire comme en Allemagne. Celle-ci, que nous souhaitons dans le cadre d’une nouvelle majorité politique en 2012, doit prévoir précisément plusieurs objectifs concrets. En priorité :

– la fermeture de tous les réacteurs nucléaires de plus de 30 ans, ou en zone « dangereuse », en commençant par Fessenheim réclamée à l’unanimité par la totalité des élus municipaux de Strasbourg

– l’abandon du projet ITER

– l’arrêt de la filière plutonium à La Hague

– l’arrêt immédiat du chantier de l’EPR à Flamanville. L’EPR, c’est la possibilité de renouveler le parc nucléaire actuel. Un arrêt clair et net permettra à notre pays de ne pas repartir dans une nouvelle fuite en avant. Flamanville devait être une vitrine commerciale pour l’exportation de ce nouveau type réacteur, mais c’est un échec total. En quelques années, le coût prévisionnel a doublé ! En Finlande, le réacteur en construction accumule les retards et les surcoûts, les finlandais ne plaisantant pas avec la sécurité… Suite à un référendum, les projets en Italie sont annulés… Et même s’il le souhaite toujours, Kadhafi ne pourra plus en acheter. Tant mieux pour la sécurité du monde !

L’arrêt de l’EPR à Flamanville aura aussi une conséquence directe sur le territoire ligérien. Le projet de ligne THT Cotentin Maine n’aura plus de justification, ce qui réjouira de nombreux mayennais dont les préoccupations sanitaires n’ont jamais été prises en considération.

Je vous remercie de votre attention.

Michel PËRRIER

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