SESSION PLENIERE DU 25 NOVEMBRE 2011 – DEBAT D’ORIENTATIONS BUDGETAIRES : INTERVENTION DE MATTHIEU ORPHELIN
Le 25 novembre 2011, les élu-e-s du Conseil Régional des Pays de la Loire se sont réunis en session plénière. Matthieu Orphelin, vice-président de la Commission Education et Apprentissage a prononcé une intervention générale relative au débat d’orientations budgétaires.
Monsieur le Présidents, chers collègues,
La crise s’aggrave. Les politiques traditionnels sont impuissants car ils s’escriment à essayer des recettes qui ont pourtant maintes fois montré leur inefficacité.
La première recette : la relance tous azimuts pour tenter de retrouver une croissance quel qu’en soit le prix social ou écologique. Nous savons tous aujourd’hui que cette fascination du PIB n’est qu’une illusion.
La seconde, choisie par Nicolas Sarkozy, c’est l’austérité budgétaire. Celle-ci empêche toute reprise d’activité (on le voit fort bien avec la Grèce) et pèse avant tout sur les plus faibles. Et c’est cette direction qu’a choisie le gouvernement français. Il aurait pu choisir d’aller chercher l’argent là où il est. Il a préféré enfoncer encore plus les ménages les moins aisés.
Ici, dans les Pays de la Loire, notre choix est radicalement différent. L’objectif de notre budget 2012 est ambitieux, radical mais réaliste : «Faire émerger un autre modèle de société ». Nous sommes heureux aujourd’hui en tant qu’écologistes, qu’enfin, soient affichées cette volonté et cette prise de conscience.
Notre premier levier de changement, c’est d’abord remettre la finance à sa place, au service de la société, c’est investir dans l’économie réelle, auprès de nos jeunes et auprès de nos entreprises. C’est le sens de l’emprunt obligataire lancé dès 2009 par la Région et qui porte ses fruits ; c’est le sens de la lutte que nous avons engagée contre les paradis fiscaux, c’est le sens d’une future banque publique régionale. Cette banque serait un outil d’indépendance par rapport aux marchés financiers ; la garantie d’un meilleur ancrage dans l’économie réelle et locale, au profit direct des ligériens.
Notre second levier, c’est de mettre en place une fiscalité écologiste : taxer les pollutions plutôt que le travail et réallouer ainsi ces gains sur des investissements d’avenir comme les énergies renouvelables. C’est traduit aujourd’hui dans les seuls outils qui restent à notre disposition, la modulation régionale de la TIPP et de l’augmentation de la carte grise.
Notre troisième levier, c’est la revisite de nos politiques publiques et la rationalisation de nos dépenses. Nous devons réorienter nos investissements sur une priorité centrale : la transformation écologique et sociale de l’économie. Le débat d’orientation budgétaire et le plan d’accompagnement des mutations vont dans ce sens. Les outils proposés permettent d’amorcer cette transition et maintiennent le cap des investissements.
Soutenir les éco-filières, assurer la transition des métiers de demain, soutenir la recherche et le développement des énergies renouvelables, soutenir l’économie de proximité, soutenir l’économie sociale et solidaire pour revitaliser et ré-industrialiser durablement le territoire, ce sont donc autant d’investissements pour maintenir la dynamique socio-économique et prendre en compte les enjeux écologiques et sociaux. Surtout, c’est éviter de tomber dans la dépression populaire ; le populisme nous guette en ces périodes difficiles. Face à la misère et l’incertitude, le repli sur soi et le réflexe sécuritaire sont malheureusement souvent plus faciles que de porter les yeux sur l’horizon.
Nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance et notre programme pour l’année 2012 marque notre volonté d’agir. Il est ainsi plus qu’urgent de remettre au cœur des débats le projet de société. Le travail sur les futurs indicateurs de richesse, la concertation sur les schémas régionaux, les 55 mesures du plan d’accompagnement des mutations sont des éléments positifs et constitutifs du chemin que nous devons parcourir ensemble pour aller vers une société plus viable, plus juste et démocratique.
Les orientations budgétaires présentées ici sont réalistes face aux contraintes et incertitudes financières. Nous ne pouvons que féliciter la prudence et l’ambition du plan présenté par Yannick Vaugrenard.
Un bémol tout de même. Nous ne serions pas écologistes si nous n’apportions pas une petite nuance à ce soutien sans partage de notre stratégie financière, aujourd’hui en débat.
Nous continuons donc de déplorer l’engagement pris par notre collectivité dans ce gouffre financier que sera le projet de Notre Dame des Landes. Nous continuons également de souligner, et Christophe Dougé l’a rappelé ce matin, qu’une des grandes priorités régionales devrait être le soutien à une agriculture saine et durable. Malheureusement, l’agriculture biologique continue de faire figure de parent pauvre alors qu’elle est l’un des premiers leviers de la transformation écologique et sociale.
Malgré cela, nous constatons que notre région a de l’imagination et du souffle. Nous soutenons donc le rapport présenté. Mais nous saurons aussi être vigilants sur la mise en œuvre des politiques régionales et sur leurs avancées. Nous ne sommes qu’au début du chemin et il est encore long à parcourir.
Je vous remercie.
Matthieu ORPHELIN