[PAYS DE LA LOIRE 2040] Intervention générale de Jean-Philippe Magnen

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2040…La vraie difficulté du temps long est bien celle de la nécessité du courage politique. Car une décision coûteuse aujourd’hui mais avec des effets bénéfiques sur le long terme, ne sera très certainement pas attribuée à son concepteur.

On pourrait résumer cette délicate quadrature par la phrase de Jean-Claude Juncker, ex-premier Ministre luxembourgeois «  Nous savons ce qu’il faut faire. Ce que nous ne savons pas, c’est comment être réélus si nous le faisons ».

Alors ayons du courage et cessons de cantonner l’action politique à l’immobilisme, à la non décision, ou à la seule réparation. Combien de cessations d’activités, de fermetures de boîtes (et notre région est cruellement touchée), combien d’années de hausse du chômage, de projections dramatiques de réchauffement climatique nous faudra-t-il pour nous attaquer aux racines du mal : le modèle productiviste ?

Le débat d’aujourd’hui nous impose de confronter nos visions, et notre vision d’écologistes diverge fondamentalement des matrices idéologiques des droites et gauches, celles qui ont tant de mal à se renouveler et tellement peur de réformer qu’elles en deviennent conservatrices. L’écologie politique s’est au contraire construite sur la critique en profondeur du modèle productiviste. Et c’est ce modèle qu’il devient impératif de renverser. La crise de l’agro-alimentaire bretonne nous le démontre cruellement.

Le risque, bien réel, est de rater le coche du changement durable, auquel tant de monde nous appelle, d’Edgar Morin à Jérémy Rifkin en passant par Esther Duflo et Tim Jackson. Le temps nous est compté. L’aspiration à la transformation écologique et sociale est réelle mais elle est concurrencée par d’autres réflexes, détestables, et d’autres aspirations, effrayantes : la haine de l’autre, le rejet des différences et de la diversité, le repli nationaliste et identitaire. Il nous faut aujourd’hui endosser notre rôle de décideurs politiques, en toute responsabilité, et oser changer les choses, maintenant, pour préparer demain !

La démarche 2040 a été réfléchie et élaborée avec cette volonté, et en concertation avec la société civile. Le résultat n’est pas complètement satisfaisant. C’est un document  de compromis politique, où nous retrouvons des enjeux essentiels, tels l’agriculture et l’alimentation, la mobilité, la biodiversité ou encore la lutte contre le réchauffement climatique, l’éducation et la formation, un document où la transition écologique est même évoquée comme piste dès l’introduction.

Mais, pour nous écologistes, il ne va pas assez loin.  Il n’apporte que des réponses partielles ou pas assez ambitieuses voire erronées à des questions fondamentales : Pourquoi devons-nous changer ? Quels sont les enjeux importants auquel notre société va être confrontée, quelles transitions doit-elle amorcer d’urgence ? comment éradiquer la pauvreté, la précarité (objectif 1 du millénaire pour le développement à échéance 2015 et qui ne sera pas atteint) ? Comment enrayer le réchauffement climatique ? Comment lutter contre l’érosion de la biodiversité ? Comment promouvoir un modèle économique plus solidaire et non productiviste qui instaure de nouveaux indicateurs de richesse ?

Les habitant-e-s de notre région ne s’y étaient pas trompés, plaçant en tête du classement de leurs attentes la formation tout au long de la vie, suivi de l’agriculture et l’alimentation, la transition énergétique ou encore l’Economie Sociale et Solidaire. On ne retrouve pas assez clairement cette priorisation dans ce document et nous le regrettons.

Mais comment ne pas finir en soulignant que le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’est pas cité ou même évoqué dans ce rapport Pays de la Loire en 2040. Il ne fait donc pas partie intégrante d’une vision commune du projet pour notre territoire en 2040. Il est inutile, ça nous le disons depuis longtemps, et n’a donc maintenant pas d’avenir !

Pour reprendre des mots récents du 1er Ministre au début de la crise bretonne : «  le courage ce n’est pas l’obstination ! »  Notre responsabilité en tant qu’homme et femme politique est de montrer que nous partageons une vision de l’avenir et que nous avons le pouvoir de la réaliser ». Monsieur Le Premier Ministre, ayez ce courage pour NDDL !

Nous voterons, même s’il n’est qu’une première étape incomplète, ce rapport Pays de la Loire 2040 !

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