LNOBPL: Le bilan du débat public démontre le manque de pertinence du projet
La Commission nationale chargée du débat public (CNDP) sur les Lignes nouvelles Bretagne Pays de la Loire (LNOBPL) présentait ses conclusions le 26 février dernier. Elles démontrent que les observations des élu-e-s écologistes bretons et ligériens sont largement partagées par les citoyens : dénonciation de la desserte imposée de l’hypothétique aéroport de Notre-Dame-des-Landes, du coût démesuré du projet et de son absence de financement, remise en cause de l’objectif des 3h, mise en avant de la transversalité Nord-Sud en Bretagne, regret de la faible prise en compte des enjeux des impacts environnementaux, des fréquences, des tarifs, du fret… Le constat est sans appel : le projet ne répond clairement pas aux attentes des habitant-es de Bretagne et des Pays de la Loire.
Si le tracé bleu a été sans surprise plébiscité par les grandes collectivités, la Commission constate que pour beaucoup de participants « la fonction des deux autres tracés [étaient] seulement de simuler une possibilité de choix ». Elle rappelle que les études de SNCF Réseau (ex-RFF) démontrent que le très faible intérêt socio-économique de ce scénario repose sur des évaluations socioéconomiques très optimistes et sur l’apport théorique du million de passagers annuels d’un aéroport qui n’existe (et n’existera) pas. Olivier Guerin, président de la Commission, souligne que les expertises complémentaires (sans prise en compte de la desserte de l’hypothétique aéroport de Notre-Dame-des-Landes) réclamées par EELV, France Nature Environnement, l’Acipa et le Cédpa « ont permis de donner un élan positif et d’ouvrir le cadre du débat » en montrant que « des variantes sont possible » : ces scénarios alternatifs (dont deux ont des résultats socio-économiques positifs) ont en effet mis en évidence « qu’il est possible de réduire de près de 15 minutes le temps de trajet entre [Rennes et Nantes], d’augmenter les fréquences, le tout en utilisant d’abord les emprises existantes ».
Ce débat a mis clairement en évidence le fossé entre les préoccupations concrètes des usagers – qui souhaitent avant tout une amélioration du service ferroviaire (fréquence, tarification, ponctualité, confort) et de l’accessibilité de l’ensemble du territoire – et les intentions de SNCF Réseau – qui portent sur un projet d’infrastructure très coûteux, avec la création de lignes nouvelles pour au moins 3 milliards d’euros. Un décalage qui se retrouve également entre l’importance donnée par les grandes collectivités à l’objectif symbolique des 3h entre Brest et Paris et le scepticisme du public sur l’impact économique réel d’un gain de temps de l’ordre de dix minutes pour seulement quelques liaisons quotidiennes. Un public qui ne perçoit généralement pas ce projet comme un « investissement prioritaire ».
La CNDP s’interroge également sur les problématiques liées au format actuel des débats publics : ce débat est prématuré, « trop en amont » d’un projet « à l’horizon si lointain » pour les citoyens (comme le prouve d’ailleurs la faible mobilisation lors de ce débat), ne permet pas de discuter de toutes les modalités de sa mise en œuvre et ignore les enjeux futurs de la mobilité (concurrence du covoiturage et de la libéralisation des autocars notamment). Il est donc urgent de repenser les procédures publiques entourant les grands projets d’infrastructures, comme s’est engagé à le faire le Président de la République lors de la dernière conférence environnementale.
La CNDP souligne enfin la quasi-absence de prise en compte du fret, de l’impact environnemental, du mode de financement et de la politique tarifaire. Des enjeux pourtant « sensibles aux yeux des citoyens et des usagers ». S’il est donné suite au projet, la commission recommande d’ailleurs de passer « d’un projet d’infrastructure à un projet de service ferroviaire et à un projet de territoires » et de porter « une attention particulière à la question des emprises foncières et des impacts environnementaux ».
La prise en compte, souhaitée par la CNDP, des expertises complémentaires et des expressions des associations et des citoyens ne doit pas être un vœu pieu. Le débat public n’aura été utile que si les prochaines décisions de SNCF Réseau s’en inspirent vraiment en privilégiant l’amélioration générale de l’offre de service ferroviaire sur tous les territoires de Bretagne des Pays de la Loire plutôt que la réduction du temps de parcours de quelques TGV. Pour leur part, comme ils l’ont fait pendant le débat public, les élus écologistes continueront de défendre un aménagement équilibré et durable du territoire qui répond aux véritables besoins des usagers et des acteurs économiques.