Littoral : les élus écologistes à la rencontre des victimes de la tempête Xynthia
Les élu-e-s écologistes du Conseil régional sont impliqués à différents niveaux dans les dossiers liés au littoral. Afin d’appréhender au mieux les enjeux complexes de la gestion durable du trait de côte, ils rencontrent régulièrement les acteurs des territoires concernés. C’est dans cette dynamique que Sophie Bringuy, vice présidente du Conseil régional en charge de l’Environnement, Claudine Goichon, conseillère régionale vendéenne, membre de la commission Aménagement du territoire et Environnement, et Laurent Martinez, membre de la commission finances, ont passé leur matinée, vendredi 26 avril 2013, avec des représentants de l’Association des victimes de la Faute (AVIF), qui s’est constituée suite à la tempête Xynthia qui a frappé nos côtes les 27 et 28 février 2010.
Depuis le début du mandat, les élus régionaux écologistes consultent régulièrement les associations et acteurs du littoral afin de nourrir leurs réflexions sur les enjeux complexes qui s’entrecroisent sur nos côtes. Parmi ces enjeux, il en est un qui est au coeur des attentions : la lutte contre les submersions marines. Une question dont le niveau d’importance est au rang de priorité, du moins dans les paroles, depuis le drame qui a frappé les côtes vendéennes en 2010, provoquant la mort de 29 personnes à la Faute-sur-Mer.
« Le lendemain de la catastrophe, c’était pendant la campagne pour les élections régionales, j’étais sur place avec Jean-Philippe Magnen, la tête de liste Europe Écologie, et Daniel Ramponi, aussi élu en Vendée. Depuis, j’y retourne régulièrement, à titre personnel, mais aussi dans le cadre de mes fonctions de conseillère régionale pour participer aux différents temps de concertation organisés par la Région pour accompagner ce territoire qui souffre », témoigne Claudine Goichon. « Pour moi, cette matinée avait pour objectifs de mieux former mes collègues aux enjeux locaux, mais aussi de rencontrer formellement l’AVIF, dont je connais certains membres de par mon métier d’infirmière… »
Après un balayage de la situation, l’AVIF a guidé les élu-e-s sur site : la lagune de la Belle Henriette, les tronçons I et J, la pointe d’Arçay, le point bas sur le tronçon D par lequel l’eau s’est engouffrée et où il y a eu le plus de victimes… « J’avais vu des simulations, via les outils informatiques développés avec l’appui du Conseil régional, comme Litto 3D, et assisté à des conférences », partage Sophie Bringuy. « Mais les explications sur site, avec les témoignages des situations vécues concrètement, sont à la fois instructifs et permettent de mieux appréhender les dossiers papiers que je vois passer, c’était aussi bouleversant… »
Et trois ans après, alors ?
S’il n’a fallu que quelques heures pour bouleverser la vie de familles, trois ans n’auront pas suffi à la lourde machine institutionnelle et politique française pour tirer les leçons de la tempête et avancer concrètement. Le renforcement des digues est loin d’être achevé à la Faute-sur-Mer. Certaines, comme le tronçon F, sont notoirement fragiles et les travaux ne sont pas encore programmés. A coup de dizaines de millions d’euros, des maisons ont été rachetées puis détruites, mais les projets immobiliers continuent de fleurir, et des entreprises de construction mises en examen ont toujours pignon sur rue.
L’instruction de la procédure pénale est quant à elle close depuis la mi-avril. Le procureur devrait rendre sa copie durant l’été et le procès démarrer… après les élections municipales de 2014. « Pour les victimes et leurs familles, il s’agit d’un temps très important », affirme Laurent Martinez. « Ce procès permettra de tout décortiquer, et si ce n’est de donner du sens au drame humain, de comprendre ce qui s’est passé et de clarifier les responsabilités des un-e-s et des autres. Ce que les victimes et leurs familles vivent est terrible. Par exemple, malgré leurs multiples demandes, il n’existe à ce jour aucun lieu en mémoire des 29 personnes mortes dans la nuit du 27 au 28 février 2010 à la Faute-sur-Mer. Le maire ne veut pas en entendre parler ».
Les perspectives sont mitigées
Si depuis la mise en place de la « commission littoral » (voir encadré) l’instruction des dossiers est plus simple du point de vue de l’accompagnement financier de la part de l’Etat et des collectivités, les élu-e-s écologistes s’inquiètent tout de même pour la suite.
Tout d’abord, la question des maîtres d’ouvrage des digues est loin d’être réglée. Pourtant l’enjeu est de taille devant la vétusté constatée des digues et l’absence d’une ligne claire quant à leur renforcement due en partie à la multiplicité des acteurs. Le temps institutionnel est long, parfois trop long. En conséquence, certains travaux urgent peinent à démarrer.
Ensuite, à ce jour, les enjeux ne sont abordés que partiellement, malgré l’adoption de la convention sur la gestion durable du trait de côte l’an dernier au Conseil régional (voir encadré). Celle-ci devait non seulement clarifier les modalités de financement des travaux des digues mais également élaborer une stratégie régionale pour la gestion durable du littoral. Ce travail peine aussi à démarrer, alors que seule une approche transversale et prospective permettra de répondre aux enjeux liés au littoral.
Enfin, ce qui est plus inquiétant c’est que nous ne semblons pas apprendre de nos erreurs passées. Trois ans après le drame, à la Faute-sur-Mer, c’est un peu comme si tout une partie du « village » souhaitait oublier la nuit du 27 au 28 février 2010. « Pourtant si certaines personnes ont survécu c’est parce qu’elles étaient bien consciente du danger et ont de fait adopté les bons réflexes. D’autres se sont laissés surprendre, et ont été pris au piège. C’est pour cela que vouloir faire croire aux habitants et vacanciers de la Faute-sur-Mer qu’ils sont en sécurité, c’est les mettre en danger. Une vraie culture du risque aurait pu sauver des vies. Et ce doit être une priorité dans nos actions !», conclut Sophie Bringuy.
Littoral : des élus impliqués à différents niveaux
Sophie Bringuy représente de Conseil régional dans le « Commission littoral », instance créée en 2012 dans le cadre d’une convention quadripartite entre l’Etat, la Région et les départements de Loire-Atlantique et de Vendée, pour suivre les demandes de financements de digues et élaborer une stratégie de gestion durable du littoral d’ici fin 2013.
Claudine Goichon suit de près le projet « Littoralis », engagement pris par le Conseil régional suite à la tempête, ainsi que l’élaboration des contrats de territoires destinés à accompagner les communes impactées par la tempête.
Laurent Martinez, proche de membres de l’association des victimes, a organisé cette rencontre et fait le lien entre les élus écologistes impliqués dans Littoralis.
La convention pour la gestion durable du trait de côte et la commission « littoral »
Le 9 mars 2012, l’État, le conseil régional des Pays de la Loire, le conseil général de la Vendée et le conseil général de la Loire Atlantique ont signé une convention partenariale pour la gestion durable du littoral. Cette convention régionale, établie pour la période 2012-2016, s’inscrit dans le prolongement d’un partenariat régional pré-existant, et vise à décliner localement et de manière coordonnée les stratégies et outils nationaux en faveur d’une gestion durable du trait de côte et de la prévention du risque de submersion marine sur le littoral régional.
Elle instaure la mise en place d’une commission régionale chargée d’orienter et coordonner l’action des partenaires pour la gestion durable du littoral ; cette commission aura notamment en charge la labellisation de certains projets « PSR ».
A travers cette convention régionale, les partenaires se donnent pour objectifs la mise en place, d’ici 2014, d’une stratégie régionale pour la gestion durable du littoral, l’amélioration et le partage des données de connaissance du littoral, la mise en place d’un dispositif simplifié et coordonné (guichet unique) pour le financement des opérations de gestion du trait de côte et de prévention des submersions marines.
Extrait du site de la DREAL : http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/dispositif-regional-en-faveur-de-r1024.html
Pour télécharger la convention :