La qualité et la proximité « made in Pays de la Loire »
Monsieur le Président, chers collègues,
Élaborer une charte régionale des circuits alimentaires de proximité et de qualité : voilà une idée ambitieuse et périlleuse à la fois. Et c’est effectivement un sujet sur lequel nous avons eu des discussions complexes, toujours animées et franches, entre élu-es qui ont travaillé sur ce dossier dans les différentes sensibilités de la majorité régionale. Je ne le regrette pas.
En relisant la version finale soumise aujourd’hui au vote, en la comparant aux premières versions de travail du document, je mesure les réelles avancées. Certains s’interrogent parfois sur l’intérêt des majorités colorées. Elles permettent, sur des sujets comme celui là, l’enrichissement mutuel. Le travail collectif est plus complexe, mais plus riche. Les avancées obtenues sur ce texte sont aussi une réponse concrète à ceux, heureusement de moins en moins nombreux, qui s’interrogent sur l’intérêt d’une participation des écologistes aux exécutifs territoriaux.
Est-il utile de rappeler les enjeux ? Les crises sanitaires, les impacts aujourd’hui avérés des pesticides sur la santé, la nécessité d’une autonomie alimentaire, la re-vitalisation de nos territoires, la juste rémunération des agriculteurs… Le modèle agricole actuel est à bout de souffle ; nous devons le changer. Pour réussir cette transformation écologique de l’agriculture, il faut agir concomitamment sur la demande et sur l’offre.
Agir sur la demande. La restauration collective est un levier majeur pour y parvenir. Nous souhaitons que tous nos lycées publics et CFA s’engagent dans cette démarche. Sur la 1ère année, nous avons déjà atteint, sur 37 premiers établissements engagés, 13 % d’introduction en produits bio et labels de qualité, essentiellement de proximité. Et cela en maitrisant les coûts. Je citerai 2 exemples :
- Le lycée Rieffel (Saint Herblain) qui est aujourd’hui à 25 % de produits à la fois bio et locaux (les deux en même temps !), avec un coût d’approvisionnement en diminution (de 2,20 à 2,05 €/repas)
- Le lycée Colbert de Torcy (Sablé sur Sarthe) qui est passé à 20 % de bio, principalement en local, en 6 mois avec une augmentation de 0,08 €/repas seulement, surcoût qui sera rapidement compensé par les économies réalisées notamment sur le moindre gaspillage.
Agir sur l’offre. Rebâtir un nouvel modèle agricole : rémunérateur, local, produisant une alimentation saine et respectueuse des territoires et de l’environnement. La présente charte sera un outil puissant pour accompagner cette mutation.
Nos principales exigences ont été prises en compte et notamment :
- Le traitement dans la même ambition politique des notions de proximité et de qualité. Quel sens y a-t-il en effet de consommer local si sa qualité n’était pas garantie ? La charte donne priorité aux signes d’identification de qualité ou de l’origine, tels que l’agriculture biologique ou le label rouge, et aux signataires qui visent ces performances dans leur démarche de progrès.
- Le non-OGM est réaffirmé haut et fort.
- Les signataires de la charte s’engagent résolument dans une démarche de progression, avec deux critères de développement durables supplémentaires et obligatoires.
- La gouvernance est collective. La charte a été construite avec une diversité d’acteurs alliant organisations consulaires, représentants de producteurs et industrie agroalimentaire ainsi qu’associations de consommateurs et de protection d’environnement. C’est cela qui fait sa force. Ce n’est qu’en impliquant tous les acteurs, dans leur diversité, que nous construisons des outils pertinents pour l’ensemble de notre territoire. Cet esprit de concertation ouverte et de co-construction se retrouve dans le comité de concertation qui veillera à la mise en œuvre de la charte.
Nous gardons un petit regret, c’est la non prise en compte, à ce stade, de l’autonomie protéique. Mais la charte étant pensée comme un instrument évolutif, cela pourra être introduit dans les années à venir.
Chers collègues, l’union fait bien la force à condition qu’elle soit collaborative. C’est bien grâce à nos différences que nous arrivons à mettre en œuvre des politiques publiques innovantes à la hauteur des attentes citoyennes. Cette charte l’illustre bien !
Matthieu Orphelin,
Vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire,
Président de la commission Education et apprentissage