« La prudence oui, mais de l’audace surtout !»

Jean-Philippe MAGNEN prends la parole dans l'hémicycle

Intervention générale prononcée par Jean-Philippe Magnen lors de la session plénière du Conseil réginal des Pays de la Loire consacrée au Débat d’orientation budgétaire.


 

 

Monsieur le Président, mes chers collègues,

 

 

Nous sommes réunis aujourd’hui pour valider les orientations budgétaires pour l’année à venir dans notre région.

Des orientations budgétaires, mes collègues sont déjà largement revenus dessus,  dans un contexte économique durablement dégradé.

Des orientations budgétaires alors que de fortes incertitudes planent sur nos ressources régionales avec le gel des dotations de l’Etat qui a été confirmé.

Des orientations budgétaires alors même que de nouvelles compétences sont en passe de nous être transférées.

Des orientations budgétaires, alors que le sommet de Doha sur le climat s’est ouvert en début de semaine.

Des orientations budgétaires enfin, nous ne saurions l’oublier, dans un climat de tensions autour du projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes.

 

Alors oui, le contexte global invite à la prudence.

 

Prudence dans la gestion des finances publiques : il est de notre responsabilité de veiller à ce qu’elles soient à l’équilibre. Nous ne pouvons que saluer la stratégie régionale :

–          nous maitrisons nos dépenses de fonctionnement,

–          nous plafonnons notre capacité d’endettement comme nous nous y étions engagés en début de mandat à un maximum de 5 ans,

–          nous augmentons le seul levier fiscal dont nous disposons : la carte  grise. Non pour disposer de plus de ressources, mais pour compenser notre manque à gagner. Et ce en veillant à exonérer les véhicules les plus propres.

–          nous innovons également. En effet, le recours à l’emprunt populaire nous prodigue des recettes complémentaires.

 

Prudence à ne pas tomber dans un excès de rigueur. L’échec du sommet de l’union européenne de la semaine dernière ne laisse guère de place à l’optimisme. Les discussions autour du cadre budgétaire 2014-2020 semble témoigner d’une montée des intérêts nationaux. Le budget européen est réduit à une peau de chagrin. Une hausse de 5% est pourtant nécessaire si nous souhaitons sortir l’Union de la crise à travers des réformes permettant d’aller vers une société plus durable fondée sur l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et une PAC à la hauteur des enjeux. Au sein de la zone euro, nombreux sont les Etats Membres qui ont choisi la rigueur et une réduction massive dans les dépenses publiques, avec des effets socialement et économiquement catastrophique.

Le conseil régional,  nous l’avons abordé ce matin, joue un rôle crucial en matière de développement économique. A travers ses aides et dispositifs en faveur de l’emploi et du développement économique mais également à travers ses investissements propres. Un exemple : la rénovation des lycées permet de créer des emplois non délocalisables dans notre région.

Il est fondamental de maintenir un niveau élevé d’investissement tout en maintenant un niveau important de fonctionnement. Nous saluons les 150 M d’investissements programmés ainsi que l’augmentation maitrisée à 1,6% de nos dépenses de fonctionnements.

[Passage à intégrer priorisation investissement et lien utilité dépenses de fonctionnement avec exemple]

Cependant, il faut continuer à hiérarchiser ces investissements, prendre en compte les coûts de fonctionnement. La Région demain sera renforcée grâce à la gestion des fonds FEDER, et son rôle élargi comme chef de file du triptyque « développement économique, emploi et formation ». Certains outils vont être mis en place et testés dans cette perspective-là. La responsabilité de la région n’en sera que renforcée.

 

Prudence qui ne doit pas obérer notre ambition politique. La gestion des ressources publiques ne doit pas tordre le coup à l’audace de l’action politique. Audace pour inventer des solutions nouvelles.  Ces solutions nouvelles passent par une réponse systémique à une crise de plus en plus durable. Car, même si cela tente certains, il ne faut pas mettre l’écologie sous le tapis en temps de crise. Je vous donnerai un exemple concret : la rénovation énergétique de notre patrimoine et notamment le plan ambitieux de rénovation des lycées mis en place dès sa désignation par mon collègue Matthieu Orphelin commence à porter ses fruits. L’investissement permet même à long terme de faire diminuer nos frais de fonctionnement.

 

Alors oui, notre bonne gestion financière nous permet de continuer à mettre en œuvre les politiques publiques sur lesquels nous nous sommes engagées : que ce soit la mise en œuvre des 3×30, l’éducation et la formation et ,notamment cette année un effort particulier compte tenu de la situation économique (cf chiffres du chômage) avec + 4% pour la formation professionnelle, l’élaboration à travers notre futur schéma enseignement supérieur recherche et innovation de nouvelles orientations stratégiques, d’investissements importants – 37 M d’euros – dans le domaine du transport ferroviaire ( Le-Mans-Angers-Nantes-Saint-Nazaire, étoile Mancelle…etc), d’une politique de l’eau ambitieuse et de la mise en œuvre d’un plan d’action 2013-2015 sur la biodiversité, sans oublier la culture et le sport, la mise en œuvre de nouvelles mesures en faveur des jeunes à travers le Pack 15-30 ou, dans le domaine social, la lutte contre la désertification médicales, l’agenda 22, les aides en faveur du logement…etc.

 

Oui ces orientations budgétaires nous permettent de poursuivre notre action, de poursuivre la mise en œuvre de nos engagements.

 

Dommage, et j’en finirai par-là, que la prudence économique et financière (puisque nous parlons ici d’orientations budgétaires) n’ait pas été notre guide sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

Pour preuve deux chiffres qui auraient dû nous guider :

Premièrement, un coût de 3 à 4 milliards si nous incluons les dessertes (contrairement au coût annoncé de 565 millions d’euros qui est largement sous-estimé et vous le savez).

Deuxième chiffre qui devrait laisser à penser : un déficit pour la collectivité qui pourrait atteindre 90 millions d’euros (contrairement aux gains annoncés entre 500 et 600 millions d’euros).

La DUP s’était en effet basé dans son analyse coût/bénéfice sur une valeur de 98 euros équivalent temps de transport économisé, là où le comité directeur des transports suggère de retenir une valeur de 20 euros. L’hypothèse retenue sur le nombre attendu de passager est très optimiste, les dépassements de coûts qui sont la règle sur ce type de chantier pas pris en compte…etc.

 

Bref, vous le voyez mes chers collègues, la prudence, la responsabilité et la mise en œuvre de nos convictions et ambitions politiques affichées sont pour nous un guide permanent dans notre action.

 

Jean-Philippe MAGNEN

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