Jean- Philippe Magnen: « Nous ne voulons pas nous faire dicter des orientations politiques par le CPRDF »

Jean-Philippe Magnen, vice-président du Conseil Régional des Pays de la Loire en charge de l’emploi, de la formation professionnelle et des métiers de demain, répond aux questions de Diane Scherer (pour l’AEF),  dans une interview pulbiée le jeudi 14 octobre 2010.

« Nous ne voulons pas nous faire dicter des orientations politiques par le CPRDF » (Jean-Philippe Magnen, VP formation des Pays-de-la-Loire)

 

La région Pays-de-la-Loire est en train de procéder à une refonte de ses deuxschémas formation et emploi. Le SREF (schéma régional éducation formation) (AEF n°74591) va évoluer vers un schéma des jeunesses, qui inclura les questions de culture, d’insertion, de formation des jeunes. Le SRDE (AEF n°60548) va devenir un schéma du développement économique et de l’emploi durable, qui comprendra les questions de formation professionnelle continue, d’emploi, de recherche, d’innovation, etc. Une des déclinaisons de ce schéma du développement économique et de l’emploi durable sera le CPRDF (contrat de plan régional de développement des formations). Une démarche atypique que Jean-Philippe Magnen (Europe écologie), vice-président des Pays-de-la-Loire en charge de l’emploi, de la formation professionnelle et des métiers de demain, présente pour AEF. Il évoque également le lancement d’un plan régional de continuité professionnelle.

 

AEF : Où en êtes-vous dans l’élaboration de votre CPRDF ?

 

Jean-Philippe Magnen : Nous sommes un peu en retard. Mais nous allons respecter la loi : le CPRDF sera établi en juin 2011. Il sera l’une des déclinaisons du schéma du développement économique et de l’emploi durable, qui va remplacer le SRDE. Cette approche ne plaît pas du tout à l’État, mais nous l’assumons. Nous devons nous revoir très vite avec le préfet et laDireccte pour avancer sur ce sujet. Nous avons priorisé le travail sur les nouveaux schémas : le SRDE qui évolue vers le schéma du développement économique et de l’emploi durable, et le SREF qui évolue vers un schéma des jeunesses. Ces deux schémas seront officialisés fin juin. Notre retard dans l’élaboration du CPRDF est un choix : nous préférons travailler sur les orientations de nos futurs schémas avant de travailler sur le CPRDF. Nous ne voulons pas nous faire dicter des orientations politiques par le CPRDF. Pour nous, il est plus cohérent de travailler de cette façon.

 

AEF : Dans ce contexte, quelles sont vos relations avec les représentants de l’État ?

 

Jean-Philippe Magnen : Nos relations sont tout à fait correctes, notamment avec la Direccte. Nous nous voyons souvent dans nos instances de concertation. Les choses fonctionnent bien car nous avons beaucoup d’échanges. En revanche, nous avons des questions sur les outils : quel avenir pour les maisons de l’emploi ? Les bruits de couloir sont très mauvais à ce sujet. Quel avenir également pour les missions locales, même si les crédits semblent maintenus pour 2011 (AEF n°138281) ? En fait, nous sommes très interrogatifs sur les orientations de l’État en matière de financement de la formation professionnelle.

 

Un exemple : on affiche qu’il faut travailler sur la formation tout au long de la vie, et en même temps on ponctionne le FPSPP. Autre exemple : la décentralisation de la formation des détenus, une action qui est une vraie décentralisation, avec les charges et les ressources nécessaires. Une lettre circulaire du mois d’août nous apprend que la décentralisation ne concernera pas les établissements pénitentiaires à gestion déléguée… Pour nous cela représente deux établissements en moins, sur les cinq concernés, et surtout cela perd du sens sur la forme. Pour l’instant, nous reportons la signature de la convention régionale avec la direction interrégionale des services pénitentiaires. Ces deux exemples, parmi d’autres, nous laissent interrogatifs. L’État doit repréciser ce qu’il veut faire.

 

AEF : Toujours en matière de concertation, comment fonctionnent les différents comités en place?

 

Jean-Philippe Magnen : Le CCREFP ne fonctionne plus. Les plénières ne se réunissent plus. Seuls quelques groupes de travail sont encore actifs. L’État souhaite le relancer. Il va prochainement solliciter Jacques Auxiette, le président de la région, dans ce sens. En revanche la COPIRE est très dynamique. Je vais prochainement aller la voir pour parler du schéma du développement économique et de l’emploi durable.

 

AEF : Quel est le point saillant de ce schéma du développement économique et de l’emploi durable?

 

Jean-Philippe Magnen : Aujourd’hui nous avons plusieurs actions : le service public de formation, avec ses quatre programmes (OFT – offre de formation territorialisée, PRFQ – programme régional de formations qualifiantes, programme de promotion sociale et dispositif régional de sécurisation des parcours), plan anti-crise (formation des salariés en période de chômage partiel ou technique (AEF n°113972), formation des salariés licenciés pour motif économique), et l’expérimentation sur le conseil en évolution professionnelle (AEF n°132728). Pour améliorer la cohérence entre ces dispositifs, pour éviter les césures dans les parcours, nous allons lancer un plan régional de continuité professionnelle. Il s’agit d’accompagner la continuité, pour les demandeurs d’emploi, mais aussi pour les salariés et les précaires. Ce plan devrait être adopté lors du vote du budget primitif 2011.

 

AEF : Quels sont les autres projets sur lesquels vous travaillez?

 

Jean-Philippe Magnen : Le PRFQ, actuellement en négociation, devrait comprendre un volet sur les métiers de demain. Autres questions que j’aimerais travailler, notamment dans le cadre de l’OFT : les publics qui décrochent des parcours classiques. L’E2C de l’estuaire de la Loire (AEF n°138704) est une des réponses possibles à cette problématique. Enfin, le problème de l’illettrisme chez les salariés pose question. Il y a une réflexion à mener dans ce domaine.


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Cette article a été publié avec l’aimable autorisation de l’AEF.

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