Déchets dangereux : une région particulièrement mobilisée sur le sujet !
Le 3 décembre 2013 s’est tenue la 3ème commission consultative du Plan régional d’élimination des déchets dangereux adopté en 2010 par le Conseil régional des Pays de la Loire. Sophie Bringuy, vice-présidente en charge de l’environnement, l’animait avec Eric Thouzeau, conseiller régional en charge des déchets. L’occasion de faire un point sur cette politique ambitieuse du Conseil régional.
En quoi consiste le Plan régional d’élimination des déchets dangereux (PREDD) ?
Sophie BRINGUY : C’était à l’origine une compétence de l’Etat, transférée aux régions en 2002. L’objectif du PREDD est de planifier l’élimination des déchets dangereux, en en minimisant les risques et impacts sur l’environnement et sur la population. Le PREDD 2009-2019 a été construit avec la participation des services de l’État, les collectivités locales, l’Ademe ainsi que nombres d’acteurs locaux (producteurs, collecteurs, associations).
Ce travail a permis l’élaboration d’un état des lieux, de définir des orientations et des moyens d’actions. Il fixe également des objectifs quantifiés associés à des indicateurs de suivi : réduire de 4 % la production de déchets dangereux, collecter 80 % des déchets dangereux produits en région, valoriser 40 % du tonnage de déchets dangereux produits en région, développer des alternatives au recours à la route comme unique moyen de transport des déchets et favoriser donc le transport multimodal pour 3 % du tonnage traité.
Notre PREDD est plutôt ambitieux et structurant. Nous le devons aussi à la contribution de Jean-Christophe Gavallet, qui était conseiller régional jusqu’en 2010, qui connaît bien la thématiques des déchets et a beaucoup travaillé à son élaboration.
Et le Conseil régional met tout cela en œuvre directement ?
Sophie BRINGUY : Oh non ! Nous n’en avons ni les moyens ni les compétences. Chacun participe à son niveau à la poursuite des objectifs inscrits dans le PREDD. Ce sera par exemple l’Agence régionale de la santé sur les enjeux sanitaires, les départements en matière de gestion des déchets amiantés issus des bâtiments. Ou encore les professionnels du secteur en matière de logistique pour réduire les transports ou de création de filière pour améliorer la valorisation.
Mais il y a quand même des actions portées directement par le Conseil régional…
Sophie BRINGUY : Oui, et cela est une originalité des Pays de la Loire. D’une part, nous sommes la seule région de France à avoir réalisé un état des lieux de l’amiante sur notre territoire. Nous avons aujourd’hui une idée des gisements en amiante liée et animons un travail collectif pour établir un programme d’actions pertinent et efficace pour traiter ce déchet dangereux particulièrement nocif. Ce n’est pas simple : les compétences sur le sujet sont assez éclatées. En plus des difficultés techniques à dépasser, il faut créer une dynamique collective et jouer sur les complémentarités entre d’acteurs qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble.
D’autre part, et là encore nous sommes la seule région de France à avoir développé cette action, nous avons construit un partenariat avec la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat. Dans ce cadre, nous accompagnons financièrement quatre filières pour l’acquisition d’équipements permettant de limiter et de mieux collecter les déchets dangereux : les entreprises artisanales de la construction et réparation nautique, les pressings, les entreprises de sérigraphie et les entreprises de mécanique automobile.
Quel bilan tirez-vous de ces actions ?
Sophie BRINGUY : Il y a un bilan quantitatif, bien entendu. Nous avons pu aider près de 150 artisans, soit à supprimer leurs déchets dangereux comme dans les pressings, soit à mieux les gérer et traiter comme dans les garages automobiles. Au regard des tonnages de déchets dangereux dans la région, cela semble une goutte d’eau. Mais il faut travailler à la canalisation de ces déchets diffus. Plus de 3 000 entreprises sont potentiellement concernées par ces aides…
Et le bilan sur le plan qualitatif ?
Sophie BRINGUY : Il n’est pas des moindres.
Tout d’abord, le soutien financier du conseil régional estconditionné par la réalisation d’un diagnostic environnemental de l’entreprise, qui s’engage ainsi dans une réflexion et une démarche globales. L’impact va donc bien au-delà des seuls tonnages considérés.
Ensuite, il y a des enjeux sanitaires derrière la gestion de ces déchets dangereux. Les impacts du perchloroéthylène sont aujourd’hui reconnus : irritation des voies respiratoires et des yeux, vertiges, nausées, maux de tête et pertes de mémoire, somnolence, perte de connaissance, cancers… Nous avons de nombreux témoignages de détenteurs/trices de pressings qui disent ne plus tousser ou ne plus avoir de mots de tête. Sans compter leurs clients qui ne rapportent plus chez eux des vêtements sous plastique qui, une fois à l’air libre,polluent l’air intérieur de leurs logements.
Enfin, on constate un effet boule de neige : les artisans/es satisfaits en parlent autour d’eux, et d’autres s’engagent de ce fait dans la démarche. Les clients/tes aussi sont sensibilisés à la question des déchets dangereux et cela peut potentiellement se répercuter dans leurs actions au quotidien.
Vous allez donc poursuivre ce travail ?
Sophie BRINGUY : Oui, c’est très important. Surtout dans la situation économique actuelle. Le soutien du Conseil régional constitue plus qu’un coup de pouce. Avec nos aides, celles de l’ADEME et de la Carsat, les artisans/es peuvent recevoir jusque 70% de subventions publiques.
Nous souhaitons aussi aller plus loin, et envisageons d’élargir l’éventail de solutions techniques éligibles aux aides, mais aussi de travailler sur d’autres métiers, comme les peintres en bâtiments ou encore les petites imprimeries.
Parallèlement, nous avons à faire le bilan et la révision à mi-parcours du PREDD, et à poursuivre la construction d’un programme d’actions partagé et cohérent en matière d’amiante. Bref, il n’y a pas de quoi s’ennuyer !