[Débat d’Orientation Budgétaire] Intervention de Sophie Bringuy
DOB Intervention Biodiversité de Sophie Bringuy
Un peu lasse de multiplier les interventions pédagogiques pour interpeller l’hémicycle sur les enjeux de biodiversité, Sophie Bringuy, vice-présidente en charge de l’environnement, a choisi cette fois-ci de tenter une approche « originale », avec un trait d’humour pour parler d’un sujet grave. Une manière aussi de bousculer un peu le ronron de sessions aux codes quelque peu surannés.
Il a disparu !
Je vous vois venir, vous vous dites : non, ce n’est pas vrai, on aurait peut-être pu faire quelque chose, empêcher cela.
Mais franchement, entre nous, il l’a bien cherché.
Déjà, il est … comment dire … un peu délicat et exigeant. Il a décrété que son trois étoiles, c’étaient les prairies naturelles, si possibles humides, en milieu bocager, mais pas trop fermé quand même. Et il ne veut entendre parler de rien d’autre.
Il aurait pu quand même faire un effort pour s’habituer aux conséquences des remembrements et morcellement des territoires, et s’installer dans des zones d’activités ou des lotissements, comme son copain le renard.
Quand on a converti une grande part des prairies humides en peupleraies, il aurait pu quand même s’y habituer et penser à faire ses nids dans les arbres et plus à même le sol.
Et puis quand la mode est passée au labour des prairies pour semer ray-grass et fétuque, il aurait pu en prendre son parti, et se dire que ce n’était pas mal comme litière, à défaut de le protéger. Et puis si ces nouvelles techniques réduisaient « un peu » la quantité d’insectes, de mollusques ou vers de terre dont il raffole, il aurait pu en prendre son parti : ça lui permettait de garder la ligne !
Non seulement délicat et exigeant, vous l’aurez compris… Mais en plus un peu bête, voire à tendance suicidaire. Il s’obstine à vouloir se reproduire au printemps et n’a pas voulu changer de calendrier, alors que nous avons décidé, nous, qu’il fallait faucher de plus en plus tôt. Résultat des courses, les petits, incapables d’apprendre à voler à assez vite, ont tous fini en steak hâché sous les faucheuses. Et les grands, eux, au lieu d’abandonner leurs petits à l’approche de la grande machine ont plus ou moins connu le même sort.
Alors oui, le râle des genêts, il a disparu de la Sarthe. Mais au bout du compte, il l’a quand même bien cherché, non ? Il aurait pu s’adapter !
Et quand on y réfléchit bien du coup, ce n’est pas si gênant que le DOB ne souligne pas l’importance d’une vision globale et transversale pour un vrai développement durable. Au bout du compte, le durable c’est quoi ? Essayer de faire en sorte qu’il n’y ait pas 150 à 200 espèces qui disparaissent chaque jour ? Qu’elles s’adaptent et sauve qui peut, efficacité oblige ! Continuons sur notre lancée et vive la croissance !
Excellent petit texte, bien construit avec du suspens (mais qui donc a disparu ?) et une chute poignante.
Merci madame Sophie Bringuy.
Un charmant apologue qui permet d’éviter de parler des sujets qui fâchent, comme l’atteinte par le projet aéroportuaire de Notre Dame des Landes à cette biodiversité que vous prétendez défendre! Certes, avec un groupe PS dominant, la situation doit être délicate. Mais vous devez aimer les couleuvres pour être Vice-Présidente chargée de l’environnement dans une majorité favorable à cet aéroport.
Je doute que ce commentaire soit publié, mais enfin, je l’aurai écrit.
Ps : Trop pressée de faire votre éloge, Madame Sylvie Granger n’a pas dû lire votre texte jusqu’à la fin…
J’apprécie les reptiles, notamment les couleuvres qui sont aussi l’expression de leur diversité, mais étant plutôt végétarienne, je n’ai pas vraiment pour habitude de les avaler !
Je fais tout simplement la part des choses.
Quand je présente en session ou en commission permanente le budget ou les politiques environnementales, en ma qualité de vice-présidente, je m’en tiens à mes rapports. Bien entendu, à cette occasion, je dénonce régulièrement les atteintes à l’environnement notamment à l’encontre des zones humides, ou l’importance des têtes de bassins versants. Sans pour autant cibler de projets particuliers. Mais mes collègues ne sont pas dupes.
Voir par exemple :
– Mon intervention au budget primitif : « Une ambition toujours plus nécessaire au vu de la dégradation persistante de la nature et de notre environnement. D’autant plus dans la région « championne de France » de l’artificialisation des sols, c’est-à-dire des terres agricoles. « Championne du bassin Loire-Bretagne » en termes de dégradation des masses d’eau. » (http://elus-pdl.eelv.fr/bp-2014-presentation-des-rapports-environnement-par-sophie-bringuy/)
– Celle du BP précédant : « Je pourrais vous dire que 44% de la flore ligérienne est en situation précaire, que 65% des amphibiens sont aujourd’hui menacées, 50% des reptiles, 37% des mammifères connus, 35% des poissons d’eau douce répertoriés, 34% des oiseaux nicheurs identifiés. Et tout ceci devrait nous convaincre que le sujet est sérieux, qu’il y a urgence à agir. Urgence à changer de modèle agricole, urgence à interdire l’utilisation de certains pesticides, urgence à refreiner notre boulimie à artificialiser nos sols, urgence à repenser notre aménagement du territoire, à innover et trouver des alternatives aux grands projets d’infrastructures. Mais est-ce sérieux ? Vouloir préserver la nature pour que nous, nos enfants et nos petits enfants puissions en profiter ? Peut-être pas assez. Alors parlons de choses sérieuses. Médicaments, aliments, filtration naturelle, pollinisation, matériaux de construction… 40 % de l’économie mondiale repose sur les services rendus gratuitement par la nature. » (http://elus-pdl.eelv.fr/biodiversite-40-de-leconomie-mondiale-cest-pas-serieux/)
Je le fais sans état d’âmes, car nous sommes vraiment une région engagée sur ces sujets. Nous avons des équipes dans la direction de l’environnement qui donnent beaucoup. Présenter avec justesse et sérieux les rapports qui sont le fruit de leur travail, c’est aussi montrer le respect que j’ai à l’égard de leur engagement.
J’ai aussi souvent l’occasion de comparer avec mes collègues des autres régions. Nous sommes parmi les régions les plus volontaires en matière d’environnement.
Je pense d’ailleurs que les communautés naturaliste ou les environnementaliste des Pays de la Loire seraient beaucoup plus critiques si ce n’était pas le cas.
Bien entendu, qui dit engagé, ne dit pas cohérent, conséquent et responsable. Et oui, à côté de cela, une majorité régionale s’est constituée, sans les écologistes, avec les communistes, le PS, le Centre, la droite, pour soutenir un projet de nouvel aéroport. Ce n’est pas le seul point de clivage avec nos partenaires socialistes, mais c’est le plus symbolique, celui qui a mis les feux des projecteurs sur notre région. Un marqueur entre celles et ceux qui veulent continuer à foncer droit dans le mur, et celles et ceux qui veulent sans tarder engager les nécessaires transitions.
Ce projet de nouvel aéroport jalonne notre quotidien d’élus/es depuis le début du mandat. Il ne se passe pas une semaine sans que nous ayons à traiter ce dossier. Il ne se passe pas une session sans qu’un membre du groupe rappelle notre opposition ferme et sans appel à ce projet.
Au-delà de notre engagement en tant qu’élus/es, nombre d’entre nous militent aussi dans différentes associations et collectifs pour faire bouger les ligne, informer et convaincre de l’ineptie de ce projet qui, s’il devait se réaliser, détruirait 1500 hectares de zones humides, sur lesquelles se situent 9 têtes de bassins versant, avec son cortège d’espèces remarquables inventoriées. Et je ne parle même pas des conséquence en termes de risque inondation en aval. Pour ma part, je participe notamment au collectif sarthois de soutien aux opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes. Notre dernière action a été la venue d’Hervé Kempf : http://sarthe.eelv.fr/2014/01/soiree-projection-debat-les-media-sont-ils-libres-lexemple-du-projet-de-nouvel-aeroport-a-notre-dame-des-landes-avec-herve-kempf/
En plus des interventions régulières du groupe des élus régionaux Europe Ecologie Les Verts dans l’hémicycle, et notre mobilisation régulière sur le terrain, nous publions a minima une fois par mois, l’actualité est ainsi faite, un communiqué ou une tribune sur ce projet. Tapez simplement les lettres « NDDL » dans le moteur de recherche du site, pour vous en rendre compte.
Alors soyez-en certain, s’il y a bien un dossier qui est régulièrement mis sur le tapis, sans langue de bois, et avec conviction, c’est celui-ci.
Et oui, parfois, nous nous autorisons de parler aussi des autres sujets qui fâchent, peut-être moins importants à vos yeux, certainement moins à la mode, comme la disparition d’une espèce.
Au plaisir de vous voir le 22 février à Nantes.
Vu votre engouement à mettre le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes au cœur des enjeux politiques, vous serez très certainement des nôtres et à l’écoute de l’appel à mobilisation des opposants. Voici les informations sur cette manifestation : http://22fevrier2014.blogspot.fr/
Sophie Bringuy
Vice-présidente à l’Environnement