[Débat d’Orientation Budgétaire] Intervention générale de Jean-Philippe Magnen

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Nous ne sommes pas dans une situation de reprise même si nous nous réjouissons de la baisse du chômage à la fois en Pays de la Loire et nationalement au mois d’octobre. Mais la crise est bien là ! La crise est économique, elle est sociale, elle est également une crise démocratique. En réfèrent les récents actes et prises de positions extrémistes.

D’ailleurs, nous avons un peu moins entendu l’opposition dénoncer les insultes qui ont été prononcées à Angers contre notre Garde des Sceaux. C’est grave démocratiquement ! Et je renvoie, aussi, à certaines alliances qui sont évoquées sur certains territoires en France dans la perspective des municipales…

La responsabilité et l’humilité qui nous incombent à nous, politiques, ce que nous sommes face à ces urgences-là, c’est en cela que l’action et le sens politique doivent nous permettre de reprendre la main. Reprendre la main pour faire bouger les mécanismes de la vie sociale, pour mettre fin aux situations d’inégalité des droits qu’une majorité de nos concitoyens subissent aujourd’hui. Prendre la main pour organiser des nouvelles manières d’agir et de faire ensemble. Je dis bien de faire ensemble.

Ce changement concret, c’est à nous de l’initier dans cette majorité régionale, avec sa diversité, avec  ses divergences, avec ses convergences. Cela passe par le partage des richesses. Cela passe par le partage de l’égalité et du travail, par le partage des opportunités. Je parle aussi d’éducation et de projet. Parce que ce qui s’est passé à Angers est une question d’éducation citoyenne.

Je parle de la qualité et de l’ambition de l’action politique  qui est la nôtre aujourd’hui. Alors oui, cette ambition et action politique doit nous amener – et nous ne pourrons pas faire l’économie de ce débat- à une réflexion sur le modèle. Le nouveau mode et le nouveau monde que nous devons créer ; un modèle de transition énergétique, économique, écologique qui est déjà là. Alors n’y entrons pas à reculons chers amis !

Ce temps de réflexion d’orientations budgétaires de notre collectivité doit nous amener à ces réflexions-là. Mais je dois vous avouer que nous sommes un peu gênés par une certaine tonalité du document budgétaire qui nous est présenté. Il semble comme illuminé par une lueur de croissance retrouvée. Une lueur faible, voire infime mais croissance quand même. Le tempérament général qui semble avoir présidé à l’élaboration de ce budget primitif ressemble presque à une ode à la croissance. De façon caricaturale, le mot croissance est employé plus d’une dizaine de fois rien que sur la première page décrivant le contexte d’élaboration du BP, comme une sorte de mantra auto persuasif.

Nos détracteurs, y compris certains de nos partenaires, diront « ces écologistes opposés à la croissance, au progrès, ces militants du retour à la bougie, ces utopistes loin de la réalité ».  Non, nous les écologistes, nous ne sommes pas contre le progrès, ni contre la modernité et le développement. Mais ne trouvez-vous pas absurde de courir après cette sacro-sainte croissance, décidément toujours déconnectée de l’emploi durable et du bien-être. N’est-il pas temps devant les enjeux auxquels nous sommes confrontés d’assumer  le fait que le progrès ne se mesure pas simplement en produit intérieur brut ? Et qu’il faut faire des indicateurs de richesse autre chose qu’une expérimentation : le thème d’une réelle alternative tant au niveau de la région et de sa gestion qu’au sein du monde économique et dans les entreprises. Les réserves sur cette ode de la croissance, n’oppose pas le fait qu’on puisse reconnaitre de façon très pragmatique et concrète – et c’est la richesse de cette majorité- qu’il existe bien des éléments rassurants et qualitatifs dans ces orientations budgétaires. Ce n’est pas contradictoire. Cela passe par une gestion saine de nos ressources en agissant sur un des seuls leviers  fiscaux qu’il nous reste : les cartes grises. N’en déplaise à l’opposition, nous le portons depuis le début du mandat et c’est cohérent par rapport aux évolutions nécessaires avec les moyens qui sont les nôtres.

Malgré cela, effectivement, le débat fiscal est plus global. Et nous nous réjouissons que s’ouvre au niveau national un débat sur ce sujet. Il manque simplement des précisions sur les orientations de ce débat fiscal. Quid de la fiscalité écologique ? Quid du transfert de la fiscalité ? Non pas de création d’impôts nouveaux, Messieurs et Mesdames de l’opposition…

C’est aussi le débat sur les niches fiscales qui devraient permettre – notamment sur les pollutions – de récupérer jusqu’à 20 milliards d’euros dans nos ressources.  C’est également la fiscalité sur les transports en commun ; je parle ici de la TVA. Et aussi de la fiscalité locale.

Je pense qu’il faut agir de concert pour faire en sorte d’avoir des ressources libérées et de plus en plus claires pour les Régions. Pour qu’elles aient un rôle de mise en œuvre des politiques publiques, il faut que nous ayons un levier fiscal direct au niveau régional ; c’est une priorité aujourd’hui.

La stratégie financière est ambitieuse et elle reste ambitieuse malgré cet état de fait sur la fiscalité. A travers la gestion saine, réactive, rivée sur l’investissement, nous maintenons notre capacité d’investissement et nous saluons ces choix. Nous appuyons sur cette position parce que cela parle aussi de mesures concrètes et j’y reviendrais aussi par rapport aux quinze mesures qui ont été évoquées. Et ne vous en déplaise Monsieur Pinte !

Au-delà de notre soutien global à ces orientations budgétaires, nous souhaitons vous alerter sur un point. Les efforts fournis sur le fonctionnement montrent aujourd’hui clairement leurs limites du fait du manque de ressources et nous devons être vigilants. En interne, dans l’impact sur l’activité des services de la Région, mais également auprès de nos partenaires…

Les chiffres sont sortis cette semaine dans les gazettes en France, le secteur associatif au niveau national est durement touché par les coupes budgétaires : 30 000 à 40 000 emplois sont menacés aujourd’hui et nous devons être alertés par cette situation et voir de quelle façon nous pouvons agir rapidement.

Le sens de l’engagement concret de la Région et de sa majorité ceux sont quinze actions concrètes pour l’année supplémentaire du mandat. Et il ne s’agit pas d’un programme électoral pour 2015 et la suite… Il s’agit d’un engagement concret et commun pour la dernière et supplémentaire année de mandat où l’on confirme un engagement que nous avons pris en 2010. Il s’agit d’un compromis équilibré, d’une majorité unie dans sa diversité qui s’appuie sur des mesures concrètes, y compris des engagements financiers que nous prendrons lors du budget primitif.

Je l’illustrerai par trois orientations et quelques mesures.

La réponse à la crise – au-delà d’un pansement social et d’une logique de réparation- passe par un développement de l’activité économique et la préparation de l’avenir. La mesure sur le soutien à l’économie sociale et solidaire et la déclinaison des objectifs de la Banque Publique d’Investissement à propos de l’investissement sur ce secteur sont très importante. Malgré nos divergences avec une partie de la majorité sur l’agro-industrie et notamment sur l’agro-alimentaire, le fait d’appuyer la production agricole en soutenant les circuits-courts, le bio, les lieux de vente directe et de transformation pour les acteurs de cette production agricole, est très important.

Enfin, 700 places dans l’apprentissage,  fléchées sur les enjeux de la transition en industrie, bâtiment et transition énergétique.

Le deuxième point concerne l’amélioration du pouvoir d’achat. Là aussi c’est concret.  L’augmentation des bourses versées aux élèves et étudiants. L’augmentation de la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle primo demandeurs d’emploi : sur 22000 stagiaires demandeurs d’emploi qui bénéficient de l’offre régionale, 7000 stagiaires primo demandeurs d’emploi en bénéficieront dans notre région.

Le guichet unique sur les réalisations de travaux énergétiques est à la fois une mesure de transition énergétique mais  aussi une mesure de pouvoir d’achat pour accompagner les particuliers – notamment les plus modestes- dans les travaux de rénovation énergétiques de leur logement. Donc oui, par ces mesures, nous agissons concrètement pour améliorer le pouvoir d’achat des Ligériens.

Une autre mesure sur la transition et la transformation écologique de notre région, je l’ai dit à travers le guichet unique, concerne la rénovation énergétique annoncée de 20 lycées et CFA  supplémentaires et de 30 Millions d’investissement pour la biodiversité.

C’est de la transition écologique en acte et les écologistes y ont pris toute leur part, vous pouvez le remarquer dans ces quinze mesures.

Je vous remercie Monsieur le Président.

 

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