Biodiversité : 40% de l’économie mondiale, c’est pas sérieux ?!
Intervention de Sophie Bringuy lors de la session budgétaire du 30 janvier et 1er février 2013
Monsieur le président, Cher(e)s Collègues,
J’avoue être prise de cours. Je pensais avoir la matinée pour préparer mon intervention. L’absence de la droite accélère notre session. Je ferai au mieux.
2013, une grande année pour la biodiversité ? En tous cas, une loi-cadre dédiée est dans les tuyaux avec un projet d’agence française de la biodiversité; On nous parle aussi d’une fiscalité environnementale pour le projet de loi de finances 2014, et en région, nous préparons notre nouveau plan d’action en faveur de la biodiversité.
Je pourrais vous parler de l’urgence à ce que nous portions collectivement des mesures ambitieuses dans le cadre de ces réformes.
Je pourrais vous dire que 44% de la flore ligérienne est en situation précaire, que 65% des amphibiens sont aujourd’hui menacées, 50% des reptiles, 37% des mammifères connus, 35% des poissons d’eau douce répertoriés, 34% des oiseaux nicheurs identifiés.
Et tout ceci devrait nous convaincre que le sujet est sérieux, qu’il y a urgence à agir. Urgence à changer de modèle agricole, urgence à interdire l’utilisation de certains pesticides, urgence à refreiner notre boulimie à artificialiser nos sols, urgence à repenser notre aménagement du territoire, à innover et trouver des alternatives aux grands projets d’infrastructures.
Mais est-ce sérieux ? Vouloir préserver la nature pour que nous, nos enfants et nos petits enfants puissions en profiter ?
Peut-être pas assez.
Alors parlons de choses sérieuses. Médicaments, aliments, filtration naturelle, pollinisation, matériaux de construction… 40 % de l’économie mondiale repose sur les services rendus gratuitement par la nature.
Délirant ? Non, c’est le fruit de la réflexion d’éminents économistes qui se sont penchés sur l’évaluation de la valeur des services rendus par la biodiversité dans le cadre de la préparation du Sommet international de Nagoya de 2010.
Concrètement, si on prend en compte nos amies les abeilles et les copains les pollinisateurs en général, on évalue à 150 milliards de dollars les services qu’ils rendent chaque année au secteur agricole, soit près de 9 % de ce que représente ce secteur.
Certains dirons « énoooorme » ! Moi j’ai envie de dire, ce sera une cata économique si nous n’inversons pas la vapeur.
C’est pourquoi je suis très fière de vous présenter aujourd’hui le budget environnement. Parce qu’il contribue à préserver la biodiversité. Une goutte d’eau à l’échelle de notre planète, mais c’est notre pierre à nous pour construire un avenir désirable pour nos enfants et nos petits enfants.
Petit retour avant de commencer sur les amendements déposés par l’opposition. Hier, en commission sectorielle, nous leur avons demandé à quoi correspondaient les réductions proposées, quelles actions ils auraient concrètement supprimées. Aucune réponse de la part de nos collègues. Nous avons donc majoritairement et logiquement voté contre leurs amendements.
Près de 8 millions pour la préservation de la biodiversité, 1,5 millions d’euros pour l’axe ligérien et ses affluents, 5,5 millions d’euros pour poursuivre notre action en matière de qualité de l’eau, 500 000 euros dédiés aux déchets et à la qualité de l’air.
Bref, nous maintenons nos objectifs, nous gardons nos ambitions, et j’espère que nous continuerons !
Merci pour votre attention.