[BS 2014] Présentation de la nouvelle politique régionale en faveur de la biodiversité 2014-2016 par Sophie Bringuy

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Monsieur le président, Chers/ères collègues,

C’est avec un immense plaisir que je vous présente aujourd’hui la nouvelle politique régionale en faveur de la biodiversité.

Plaisir, car

–      ce plan d’actions marque tant la réaffirmation que le renouvellement de notre engagement politique en faveur de la biodiversité et de la nature.

–      ce plan constitue également un bond en avant dans nos politiques publiques, et je vais y revenir plus en détail.

–      cette dynamique est plus que jamais nécessaire compte tenu des enjeux de notre époque, et il est important d’agir. C’est l’objet même de ce plan, résolument pragmatique. Je sais qu’il se traduira en actions, on n’est pas dans le simple déclaratoire.

Il est important d’agir car, en Pays de la Loire, nous bénéficions d’un patrimoine riche, et donc d’une responsabilité particulière.

Voici quelques données à titre de rappel :

La biodiversité végétale des Pays de la Loire, c’est 1819 espèces spontanées (c’est à dire sans intervention de l’homme), soit environ 32% de la flore indigène de France métropolitaine et 12% de la flore européenne.

La diversité faunistique régionale représente 69% des poissons d’eau douce de France métropolitaine, 69% des mammifères, 50% des amphibiens et de l’avifaune nationale nicheuse.

Cette biodiversité remarquable s’explique par la diversité des habitats de la région, un chevelu hydrographique et des milieux humides associés particulièrement dense, un maillage bocager assez bien réparti, ainsi que la présence d’une frange littorale au sein d’un carrefour biogéographique.

Cette biodiversité, c’est un atout :

–      pour notre économie : tourisme, agriculture, matières premières pour l’industrie, secteurs de la construction, de l’énergie…

–      pour notre santé : l’environnement est un déterminant majeur de notre santé, et la nature fournit aussi généreusement des médicaments.

–      pour notre alimentation : chacun/e connaît le rôle des insectes pollinisateurs, des vers de terres… un peu moins celui des bactéries.

–      pour la lutte contre le réchauffement climatique : des sols riches et en bonne santé, des forêts opulentes, sont autant de sources de stockage de carbone.

–      pour notre bien-être : dans un pays champion dans la consommation d’antidépresseurs et apparentés, reconnecter avec la nature, avec l’émerveillement au naturel, est une voie thérapeutique reconnue.

Bref, ce n’est pas pour rien que l’on évalue à plus de 40 milliards de dollars les services rendus « gratuitement » par la nature à l’échelle internationale. Ce n’est pas pour rien non plus que de nombreux experts, dans de nombreux domaines, demandent à ce qu’on prenne en compte ces services éco-systémiques, notamment dans nos modes de comptabilité, pour accroître la conscience de l’importance de la biodiversité dans notre quotidien.

Nous avons donc besoin de la biodiversité. Et elle aussi, elle a besoin de nous ! Du moins, elle a besoin que nous changions nos modes de vivre et nos modes de faire pour freiner puis inverser l’éradication sans précédent dans l’histoire de la planète des espèces animales et végétales, avec pour cause : l’humain. Et oui ! L’artificialisation croissante et la fragmentation des espaces, l’agriculture reposant sur l’utilisation massive de produits chimiques et un appauvrissement des sols, le réchauffement climatique… toutes ces causes majeures de l’érosion de la biodiversité ont un facteur commune : l’activité humaine.

Malheureusement, les Pays de la Loire ne sont pas épargnés :

–      44% de la flore ligérienne est en situation précaire ;

–      plus de 50% des amphibiens et des reptiles sont menacés ;

–      37% des mammifères connus ;

–      35% des poissons d’eau douce répertoriés ;

–      34% des oiseaux nicheurs identifiés.

C’est dans ce contexte général, qu’il me semblait important de rappeler, que s’inscrit la nouvelle politique régionale. Vous le comprenez bien, il ne s’agit pas seulement de sauver des petites fleurs, mais bien d’accompagner une meilleure connaissance de la biodiversité, pour passer à l’action, et agir dans tous les domaines pour résolument empêcher le pire et construire le mieux !

 

Avant de vous présenter le plan, je tiens à remercier tout particulièrement la direction de l’environnement du Conseil régional, notamment Bruno Coic et Cyril Bellouard pour le travail réalisé, un travail de longue haleine, avec quelques rebondissements. Un travail d’ailleurs qui ne fait que commencer, il y a tant encore à faire !

Un travail de longue haleine car la genèse de ce plan date de près de deux ans. Elle s’inscrit dans un travail de bilan du plan précédent, réalisé à l’appui de plus d’une centaine de contributions, émanant des associations, collectivités, chambres consulaires… Un matériau riche dont nous nous sommes nourris pour construire le nouveau plan d’actions. Et il m’importe aujourd’hui de remercier toutes les structures et personnes qui se sont impliquées dans cette démarche.

Je tiens aussi à souligner qu’aujourd’hui, et c’est confirmé par le bilan du plan d’actions régional 2010-2012, nous sommes l’un des Conseils régionaux de France les plus engagés sur les questions de biodiversité. On le doit notamment au travail de qualité mené depuis plusieurs années, sous la responsabilité de Jean-Pierre Le Scornet, et qui avait abouti à l’adoption du premier plan en 2010. Je peux citer notamment nos 19 Réserves Naturelles Régionales, qui nous hissent au rang de deuxième région de France en nombre de réserves. Mais notre implication ne s’arrête pas là. Nous soutenons un réseau d’acteurs (associations, collectivités, chambres consulaires, entreprises…) qui partout sur le territoire s’engage pour la biodiversité.

Notre plan est donc basé sur l’expérience collective, solidement ancré dans les réalités de nos territoires. Nous faisons déjà bien, notre défi avec la nouvelle politique régionale, est de faire encore mieux.

Un travail plein de rebondissements aussi, car nous avons construit ce plan d’actions dans un contexte incertain. Notamment au regard de la réforme territoriale, mais aussi du projet de loi-cadre biodiversité. Ces incertitudes, on peut les lire entre les lignes. Il a bien fallu boucler le plan pour avancer. Et nous avons laissé des portes ouvertes, pour nous adapter aux évolutions des prochains mois. Ce plan n’est donc pas figé pour les trois prochaines années, nous le mettrons en œuvre de manière pragmatique, car ce qui compte, au-delà des déclarations, c’est le passage à l’action !

Ce plan, nous l’avons voulu simple – autant que possible – et synthétique. Il s’articule donc autour de trois axes, plus un.

Trois axes qui correspondent à l’architecture des plans actuels adoptés ailleurs en France, avec le triptyque « Connaître et évaluer », « Préserver et gérer » et enfin « Partager », un triptyque qui permet une approche à la fois simple et complète des différents niveaux d’intervention en matière de biodiversité.

Trois axes plus un : « Une région engagée ». Nous avons souhaité mettre en avant l’action directe du Conseil régional, en faveur de la biodiversité. Par exemple, en ce qui concerne la gestion des propriétés régionales, l’évaluation de l’impact de nos politiques publiques sur la biodiversité ou encore le rôle du Centre Beautour, plateforme régionale d’innovation dédiée à la biodiversité.

 

Je disais il y a quelques instants que nous faisions déjà bien, et que notre défi était de faire mieux. Quelle est donc la plus-value de cette nouvelle politique régionale ?

Elle a été conçue avec une attention particulière à la transversalité. Vous avez pu le remarquer, nous sortons avec ce plan d’une vision purement « biodiversité » pour entrer dans une dynamique d’hybridation. Il a été construit avec mes collègues pour rechercher des convergences, clarifier les articulations entre les politiques publiques, améliorer leur efficacité. Vous trouverez ainsi des fiches qui concernent la recherche, le tourisme, l’agriculture, la formation, l’aménagement du territoire, l’éducation, etc. Nous avons clairement fait un bond en avant.

Une transversalité entre les politiques publiques du Conseil régional, mais aussi avec d’autres échelons. Nous avons ainsi travaillé à plus d’efficacité dans l’articulation de nos actions avec celles des Conseils généraux ou de l’Etat. Nous avons aussi pleinement intégré la nouvelle dynamique qui sera impulsée par les fonds européens, et travaillé à la synergie entre le FEDER et le FEADER avec l’action régionale.

Ce plan a la maturité de l’expérience. Toutes les actions préexistantes ont été revisitées, affinées, pour leur donner une nouvelle impulsion. Je pense par exemple à la plateforme GEOPAL. Cet outil remarquable, que certains nous envient, doit aujourd’hui franchir une étape nouvelle pour s’ouvrir au grand public et devenir un site ressources pour nos concitoyens et concitoyennes.

La nouvelle politique régionale intègre aussi pleinement les nouveaux outils à notre disposition, comme le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE), qui devrait être adopté d’ici un an. Il propose une boîte à outil pour accompagner sa déclinaison, et assurer sa traduction du papier à l’action.

Pour la mise en œuvre du plan d’actions 2010-2012, nous nous étions appuyés sur un réseau d’experts, capables de porter des projets en faveur de la biodiversité. Ils ont accompli un travail remarquable, et ce choix était judicieux, puisque ces acteurs peu habitués à travailler ensemble – nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes de transversalité – commencent à former une équipe qui pourrait jouer en ligue 1, si ça existait dans domaine de la biodiversité. L’objectif de la nouvelle politique est de participer à la coupe d’Europe ! Et pour ce faire, nous tablons sur trois orientations principales :

–      Nous allons élargir l’équipe autour du noyau dur qui s’est constitué, pour renforcer la capacité d’agir.

–      Nous allons, notamment à travers le travail sur les stratégies de territoires, et la boîte à outil associée, renforcer la capacité des collectivités à porter des projets intégrant les enjeux de biodiversité.

–      Nous allons aussi créer un outil à même d’animer l’équipe régionale et de faciliter le portage collectif : c’est une des raisons pour lesquelles nous nous sommes lancés dans la création d’un Conservatoire des Espaces Naturels en Pays de la Loire.

A travers les nouvelles orientations politiques, nous souhaitons aussi accentuer la valorisation de la biodiversité et de la nature auprès de tous les publics. Ceci passera notamment par le développement du tourisme de nature, mais aussi par de l’innovation et un travail sur les imaginaires. Exit « l’environnement ça commence à bien faire ! » et go to « j’aime la nature et je sais pourquoi ! ».

Dernier point que j’aimerais souligner avant de conclure : ce plan d’actions prévoit aussi un travail conséquent sur la gouvernance en matière de biodiversité et de nature. Les Conseils régionaux ont de nouvelles responsabilités et il nous appartient de les endosser tout en laissant aux autres acteurs les espaces de respirations nécessaires. Nous devrons animer, si possible de manière originale et fructueuse, les nouveaux Comités régionaux de la biodiversité créés par la loi-cadre. Mais au-delà de cette instance, il nous faudra donner vie à un réseau d’élus en charge des politiques de biodiversité sur les territoires, pour permettre le partage d’expériences, la montée en compétence, l’émulation collective, face à des dossiers aux enjeux souvent complexes. Et puis nous devrons continuer de travailler en lien avec les Conseil généraux et l’Etat pour une meilleure cohérence de nos politiques.

 

J’ai commencé cette intervention en vous montrant que la situation était grave. C’est un fait. Grave mais pas désespérée. J’ai l’espoir que, par le vote de cette politique aujourd’hui, même si ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport aux défis planétaires, nous contribuerons à engager une nouvelle dynamique. Sortons de l’ère de la destruction et entrons dans celle des synergies entre l’humain et la nature, pour le bien de toutes et tous !

Merci de votre attention.

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