[BP 2015] Sophie Bringuy intervient sur le Contrat métropolitain « Absence de concertation, problèmes de fond : nous nous abstiendrons »
Monsieur le président, cher-e-s collègues,
Le contrat métropolitain est un document cadre, une déclaration d’intention entre la Région des Pays de la Loire et Nantes Métropole. Pas d’engagement financier, c’est un document politique, déclaratif, sans impact direct particulier. Soyons honnêtes, il ne va pas révolutionner le monde.
Il n’est néanmoins pas dénué d’intérêt. En définissant une ambition commune, un cap partagé pour les cinq années à venir, il pourrait préfigurer une nouvelle gouvernance territoriale dans notre région, basée sur plus de coopération, plus de collectif, plus de transversalité entre les deux collectivités. L’intention est louable et mérite d’être soulignée.
Il nous permet aussi à nous, Région, de réaffirmer notre vision du développement territorial, que l’on souhaite équilibrée, ainsi que notre rôle en matière d’aménagement du territoire si possible durable. Une dynamique dans laquelle Nantes doit faire figure de locomotive au service de l’ensemble du territoire, de tous les territoires, c’est-à-dire que la métropole doit rayonner sans phagocyter.
Nous partageons un certain nombre d’enjeux réaffirmés par le contrat, en termes d’emploi, d’éducation, de transports collectifs, même si nous n’opterions pas toujours pour les mêmes solutions. Nous saluons ainsi le soutien renouvelé à la structuration, le développement et la professionnalisation du secteur de l’économie sociale et solidaire, tout comme l’accompagnement des dynamiques « recherche-formation-innovation » à l’échelle du territoire. Nous saluons l’ambition réaffirmée du développement des transports ferroviaires (via la promotion du TER et les études envisagées en vue d’un développement des dessertes urbaines et péri-urbaines de l’étoile ferroviaire nantaise), ou encore de la requalification urbaine et la revitalisation sociale des quartiers politiques de la ville (grâce aux projets Bellevue, Bottière ou Château Rezé).
Et pourtant, oui, nous nous abstiendrons et ceci pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, nous regrettons de ne pas avoir été associés à l’élaboration du document. Il aurait été bien que l’impératif affirmé dans le document du « faire ensemble » (p.4) soit appliqué en interne à chacune des deux collectivités. Et parce qu’on est souvent plus intelligents à plusieurs, nul doute que le document aurait été encore plus qualitatif s’il nous avait été accordé la possibilité d’y apporter notre pierre.
Sur le fond, il manque à notre sens des éléments essentiels : travail sur la souveraineté alimentaire avec l’accompagnement de l’agriculture urbaine et péri-urbaine, l’agriculture biologique, les circuits courts et l’économie de proximité, l’économie circulaire, soutien au développement de la participation citoyenne dans les projets, notamment dans une perspective de bien-vivre ensemble, sans oublier l’engagement dans la transition énergétique, avec le déploiement d’un mix énergétique, et pas seulement des énergies marines renouvelables sur lesquels est mis le focus dans le contrat.
De plus, des projets que nous dénonçons et rejetons fermement sont actés dans ce contrat cadre : mentions à plusieurs reprises du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, du projet de Liaisons Nouvelles Ouest Bretagne – Pays de la Loire (LNOBPL) – dont je rappelle nous dénonçons le passage en force par la mise en débat de trois variantes du même projet, et sans proposer d’amélioration du schéma existant.
Par ailleurs, le projet de CHU sur l’île de Nantes doit etre étudié de manière pragmatique : le contrat ignore complètement les conséquences possibles de la montée des eaux liée au réchauffement climatique sur ce projet d’envergure et il ne mentionne pas l’enjeu fort d’accessibilité.
En conclusion, nous soutenons le principe de ce document, qui marque un progrès dans la coopération inter-collectivités et qui va dans le sens d’une gouvernance territoriale partagée, mais nous ne pouvons le voter en l’état, tout comme nos collègues de Nantes Métropole.
Pour les raisons que je viens d’évoquer, nous nous abstenons.