Alimentation, qualité et industrie agro-alimentaire

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Intervention de Christophe Dougé – BS 2013

Monsieur le président, chers collègues,

Il nous est proposé d’affecter aujourd’hui 350 000 euros supplémentaires au soutien aux industries agro-alimentaires. Cette réaffectation nous interroge sur les priorités politiques qu’elle exprime, mais aussi plus globalement sur le sens de nos actions en soutien aux IAA.

L’industrie agro-alimentaire est très régulièrement traversée par divers scandales qui la rendent d’autant plus fragile face aux difficultés économiques.

Si ces scandales sont fréquents, c’est notamment parce que nous nous obstinons à vouloir produire toujours plus à un coût toujours plus bas. C’est s’illusionner sur la durabilité d’une « alimentation low cost ».

Et c’est mettre de côté la qualité alimentaire, avec diverses conséquences :

  • Des conséquences sécuritaires et de traçabilité : dernier exemple en date, l’usine Spanghero
  • Des conséquences sanitaires : après les impacts néfastes des pesticides sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, nous savons désormais que certains colorants alimentaires sont responsables de l’hyperactivité et des troubles de la concentration, que les arômes artificiels ont un rôle majeur dans le développement de la maladie d’Alzheimer, que l’huile de palme, en plus des conséquences environnementales et sociétales à l’autre bout du monde, est un facteur  aggravant des maladies cardio-vasculaires…
  • Des conséquences économiques : la crise de confiance due aux scandales ne fait que rajouter à l’hyper concentration de la filière. La moitié des salariés de l’industrie agro-alimentaire française travaillent dans 4% des entreprises. Les IAA sont en réalité un colosse aux pieds d’argile. Face à la déstabilisation économique de leur filière, elles se voient obligées de licencier les salariés par  centaines … plongeant les territoires dans l’incertitude de l’avenir. Doux en est l‘exemple le plus flagrant.

Cessons donc  d’être mono critère : les défis actuels et à venir ne sont pas seulement d’ordre productif ou compétitif ; ils sont aussi liés au rapport qu’entretient la société avec son alimentation, ainsi qu’aux enjeux de comportements et d’éducation. Nous ne pouvons, d’autre part, déconnecter les questions agro-alimentaires de l’agriculture et de ses impacts sur les populations et le développement des territoires en termes de  santé, énergie, eau ou encore de biodiversité…

Une approche qui serait uniquement une approche « filière » raterait le coche d’un développement équilibré, harmonieux et solide du territoire. Les questions de la vente directe, des circuits courts, de proximité et de qualité, des transformateurs artisanaux et fermiers ne peuvent rester une niche.

Nous ne devons à aucun prix lâcher prise sur l’exigence de la qualité et à ce titre nous rappelons que notre région est engagée dans la démarche des régions européennes sans OGM.

Si nous cédons sous  la pression des pro-OGM, nous perdrons la possibilité de valoriser nos productions régionales et par là-même de  se différencier et de gagner en valeur-ajoutée.

Une politique régionale durable doit donc s’appuyer sur le triptyque agriculture-alimentation-territoire.  C’est à cette seule condition que nous sortirons des concurrences internes, et d’une  vision mono centrée. C’est à cette seule condition et en cohérence avec nos autres politiques, je pense notamment aux engagements que nous avons pris sur la qualité et la gestion  de l’eau que nous ferons des Pays de la Loire un territoire plus solide économiquement, plus dynamique  humainement et avec un cadre de vie plus accueillant.

Enfin, notre responsabilité étant engagée, c’est, collectivement, qu’il nous faut construire une vision de l’agriculture et de l’alimentation.

Nous proposons donc que le rapport d’orientation « Pour une stratégie et un plan d’actions régional en faveur de l’agro-alimentaire en Pays de la Loire », qui sera présenté en octobre prochain, soit partagé avec l’ensemble des acteurs, du producteur au consommateur, en passant par tous les transformateurs y compris  les TPE et les ventes directes.

Ce rapport, qui ne peut être centré uniquement sur les IAA, doit être élaboré avec l’implication de toutes et de tous.

D’autre part, pour nous accompagner dans notre réflexion autour des enjeux de qualité et de santé, nous proposons également que la Cellule de veille et d’alerte soit saisie des questions liées à la santé alimentaire.

Monsieur le Président, nous souhaitons vivement que l’ensemble de ces questions soient étudiées lors d’un débat régional.

 

Je vous remercie.

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