Alimentation-agriculture : Schéma régional de l’Economie et de l’Emploi Durables
Intervention de Christophe Dougé, conseiller régional en charge du suivi des problématiques des actions territorialisées en faveur de nouveaux modèles de production et de distribution pour l’agriculture biologique, prononcée le 27 juin 2011, lors de la séance plénière du Conseil Régional des Pays de la Loire.
L’agriculture n’a jamais autant été au cœur de l’actualité. Pas une semaine sans reportages télévisés consacrés à l’alimentation et l’agriculture. Les articles dans la presse écrite et magazines se multiplient de jour en jour reflétant la préoccupation croissante des consommateurs et la sensibilisation forte de toutes et tous aux enjeux agricoles. Les colloques, à l’instar de celui organisé par wwf « oui au bio dans ma cantine – pour une alimentation locale, de saison et en circuit court » qui a lieu mercredi prochain à l’Assemblée Nationale recueillent une attention de plus en plus large.
L’agriculture, devient bien un secteur incontournable de notre économie régionale. Elle façonne notre industrie ainsi que nos territoires. Elle est, de fait, un levier majeur de la transformation écologique et sociale de l’économie. Notre objectif est bien celui-là : avancer ensemble vers un mode de production rémunérateur pour les exploitants, protecteur de l’environnement, de la biodiversité et de la qualité de l’eau, créateur d’emplois, ancré sur les territoires et proposant des produits de qualité pour toutes et tous. Nous saluons le fait que toute sa place lui soit donnée dans ce chapitre complémentaire, adossé au SREED.
C’est aussi avec beaucoup d’assiduité et d’attention que le groupe Europe Ecologie Les Verts a tenu à contribuer au chapitre qui nous est proposé.
I. Nous soulignons ainsi plusieurs motifs de grande satisfaction:
– en premier lieu, et cela ne vous étonnera pas, la place donnée et les objectifs réaffirmés concernant le développement de l’agriculture biologique.
Nous nous sommes fixés des objectifs quantitatifs que nous poursuivrons avec détermination : doublement des surfaces agricoles en bio, création d’un observatoire de l’agriculture biologique, incitation à la conversion via le conseil personnalisé, des actions collectives sur les bassins versants sensibles ou encore la favorisation de l’installation des jeunes agriculteurs en bio
– la réelle prise en compte de la biodiversité au cœur de la politique agricole ensuite
Comme le stipulait déjà l’ancien schéma du développement économique « par définition, l’agriculture modifie le milieu naturel afin de l’exploiter et de produire des denrées ». C’est avec satisfaction que nous soulignons notre engagement pour le soutien à l’apiculture, la biodiversité des sols et la mise en place de la trame verte et bleue.
Je me permets d’insister brièvement sur les 2 premiers points :
1) le soutien à l’apiculture
L’apiculture est une activité centrale, à la croisée de l’agriculture et de l’alimentation, mais aussi d’intérêt général, tant les pollinisateurs, dont les abeilles rendent des services inestimables. Cela est pris en compte avec l’instauration de mesures demandées depuis longue date par les professionnels : comme des aides pour lutter contre l’implantation du frelon asiatique ou la reconstitution des cheptels.
Il convient de rajouter que la récente prise de position de notre conseil régional contre le CRUISER ne vient que renforcer notre soutien aux apiculteurs et aux abeilles. Pour rappel, le 16 juin dernier Bruno Lemaire, Ministre de l’Agriculture, a pris la décision d’étendre l’autorisation de mise sur le marché de ce produit. Ce pesticide contient pourtant un composant qui est à l’origine de cas avérés d’intoxications d’abeilles…
2) La biodiversité des sols. Il nous faut adapter nos cultures à notre environnement, à la richesse de nos sols et aux conditions climatiques d’aujourd’hui et de demain.
3ème point de satisfaction la mise en place d’un plan protéine au service de la souveraineté alimentaire
Une agriculture saine doit viser à l’autonomie la plus grande afin de ne pas dépendre des fluctuations des prix des matières premières ni de la hausse des prix de l’énergie. L’idée d’un plan protéine avait déjà été évoquée lors du précédent mandat.
Il est nécessaire pour garantir notre indépendance, à l’instar d’un travail déjà bien engagé en Haute et Basse Normandie d’avancer sur cette question et réduire le nombre des exploitations dites « hors sols ». Cette question est d’autant plus importante que certains labels sont soumis à la production de l’alimentation animale au niveau local. Si nous n’avançons pas sur ces questions c’est le développement de ces filières qui sera freiné.
Nous sommes aujourd’hui (mais ce n’est pas particulier à notre région) en réel déficit concernant l’alimentation protéique animale, il est important d’y travailler en impliquant tous les acteurs, y compris les semenciers, les granulaires et les agriculteurs biologiques.
– Nous nous félicitons également de la place consacrée « au bio » dans la recherche et l’expérimentation, la place de la Restauration Hors Domicile et le développement des circuits courts. La commission Education Apprentissage du Conseil Régional est fortement investie dans la mise en œuvre des engagements qui répondent à la préoccupation croissante des parents d’élèves pour fournir une alimentation saine à tous nos lycéen-e-s.
Concernant les circuits courts, cela, et j’y reviendrai plus tard, répond également à cette réelle aspiration citoyenne : savoir avec quels produits nous nous nourrissons et où ceux-ci sont produits. Une étude est actuellement lancée par le CR pour définir nos critères de qualité pour les aliments en circuits courts, car il ne s’agit pas de promouvoir le local au détriment de la qualité.
II. Par ailleurs, il y a un point sur lequel nous sommes dubitatifs : l’Agriculture Ecologiquement Intensive.
Il s’agit d’un concept mal défini, qui n’offre pas aujourd’hui les garanties nécessaires au respect des priorités régionales. Ceci concerne notamment la question des OGM, qui n’est nullement exclue de cette approche. Par ailleurs, elle ne constitue pas à nos yeux la recette miracle qui permettra d’allier écologie et productivisme. Elle ne peut et ne doit en aucun cas, tout comme l’agriculture dite « raisonnée » s’inscrire dans notre politique agricole actuelle en lieu et place de l’agriculture biologique.
III. Je souhaite aborder un dernier point : l’alimentation.
Point sur lequel, même si également certaines avancées sont à souligner, notre groupe tient à exprimer une pointe d’inquiétude.
Sur l’alimentation donc : en effet, étant donnée sa place dans notre économie régionale, il nous semble important de rester à la pointe dans ce domaine.
De ce point de vue, la prise en compte des aspirations citoyennes, une attention accrue à la provenance et la qualité des aliments, …etc. nous semble cruciale pour le développement du secteur. Car la perte de confiance des consommateurs dans les produits qu’ils achètent est aujourd’hui réelle tout comme l’influence de la nourriture sur notre santé.
L’instauration d’une PRI « CAP Aliment » à Nantes doit notamment s’inscrire dans cette ligne. La conditionnalité des aides, doit dans ce domaine également permettre d’encourager les acteurs du territoire à continuer leur recherche de qualité, dans un souci de qualité alimentaire et sanitaire. La bonification des aides est un premier pas dans cette direction.
L’alimentation doit effectivement être source de confiance. Nous nous devons de limiter les additifs alimentaires notamment ou la modification artificielle de nos aliments, compte tenu de leurs effets sur notre santé et particulièrement sur celle de nos enfants. La sécurité des aliments ne passe pas uniquement par une approche hygiéniste, mais doit intégrer de manière globale la valeur nutritive des aliments et évaluer les risques sur notre santé. Elle ne peut et ne doit pas être marchandée.
Nous resterons donc vigilants dans le suivi de cette plateforme.
Enfin, il nous apparaît important de consacrer une attention particulière aux actions d’information, d’éducation et de sensibilisation auprès d’une large population. Une culture commune est à développer sur les conséquences d’une agriculture intensive, tant sur la qualité de notre environnement que sur celle de notre santé …
Nous sommes, pour conclure, satisfaits du chapitre proposé et resterons attentifs à sa mise en œuvre dans les années à venir.