Résumé des épisodes précédents (voir notre article ici et le courrier aux élus ici) : la gestion de la salle Jeanne-Demessieux (ancienne halle de sports) avait été confiée à la Communauté de communes Terre de Camargue (CCTC) lors de sa création en 2002. Mal entretenue, et peu utilisée par les élèves du collège, elle vient d’être l’objet d’un arrêté préfectoral ordonnant sa fermeture administrative pour défaut de sécurité. La commune d’Aigues-Mortes a demandé, et obtenu (voir Midi Libre, 28-06-2012) d’en récupérer la gestion pour la remettre en état.
Voilà bien une des décisions les plus malheureuses et les plus absurdes de ce mandat :
Nous allons dépenser au moins 300 000 euros, peut-être 500 000 (les 114 600 euros que versera la CCTC ne correspondent qu’à la mise en sécurité) pour remettre en état une salle vieille de 25 ans, hors normes et obsolète, qui fait doublon avec la salle Camargue (Halle de sports) alors que la CCTC se proposait d’investir 3 millions d’euros pour y construire en lieu et place un grand espace culturel (médiathèque centrale), et de collaborer avec la commune d’Aigues-Mortes pour y créer des salles pour les associations locales, salles de danse et de théâtre, de réunion ou de jeu.
Autrement dit, la CCTC était prête à financer une grosse moitié de la fameuse «Maison de la Culture et des Associations» qui fait si cruellement défaut à Aigues-Mortes et que toutes les listes avaient promise aux dernières élections municipales. Et nos élus refusent. Au grand soulagement finalement des élus UMP de la CCTC que la proposition-cadeau de leur président laissaient sceptiques.
Pourquoi le maire fait-il ça? Difficile à dire, sans doute la pression de quelque association locale, et son obstination à déserter l’espace intercommunal, ou de mauvais conseilleurs…
Mais qui donc défend l’intérêt général dans cette commune? Qui a ne serait-ce qu’une ombre d’ambition et de vision pour l’avenir? Je cherche.
Quand la commune ne respecte pas la loi (2)
J’ai demandé par mail et courrier postal en date du 26 mai 2012 adressé au maire d’Aigues-Mortes la mise à l’ordre du jour du conseil municipal de la question de l’avenir de la salle Jeanne-Demessieux.
La jurisprudence administrative a reconnu aux conseillers municipaux le droit de proposer au conseil l’examen de toute affaire entrant dans les compétences de celui-ci (Conseil d’Etat, 22 juillet 1927, Bailleul ; 10 février 1954, Cristofle).
Le conseil municipal suivant a été convoqué pour le jeudi 28 juin 2012 par courrier daté du 22/06 : son ordre du jour ne mentionnait pas cette question ni aucune autre concernant la salle Jeanne-Demessieux.
Mais, surprise, à l’ouverture de la séance le maire propose une modification de l’ordre du jour en y ajoutant un point sur la salle. Sûrement pas pour faire un droit tardif à ma demande mais parce qu’un vote était intervenu 3 jours auparavant lors du conseil communautaire entérinant le retour de la salle dans la giron communal. Il fallait donc, conformément à la loi, que la commune délibère également dans le même sens.
Ainsi, après deux ans d’atermoiements, c’est lorsque la question a finalement été tranchée qu’elle apparaît subitement à l’ordre du jour du conseil municipal. Elle a d’ailleurs donné lieu à quelques paroles mémorables. Un adjoint a osé : «Nous, on ne travaille pas pour trois personnes qui lisent des livres…»
Nous avons par ailleurs eu la réponse à la question «pourquoi fait-il ça?» : par caprice, parce qu’il le veut, c’est tout, et qu’il est buté. Et M. Bonato de conclure : «On a gagné». Et moi : «On a perdu, perdu une occasion unique de doter la commune du grand espace culturel et associatif qui lui manque tant.» L’amour-propre de M. Bonato est sauf mais les aigues-mortais ont laissé passer une chance historique d’avoir enfin un grand équipement culturel et associatif.