Hôtel-Dieu : le point de vue écologiste (1)

Pour les élu(e)s écologistes de Clermont-Ferrand, la reconversion du site de l’Hôtel-Dieu, en plein cœur de Clermont-Ferrand, est un dossier ancien, sensible et crucial. Ancien parce qu’il est le produit d’une histoire complexe qui conditionne en partie le contexte dans lequel l’aborde la Ville de Clermont-Ferrand aujourd’hui.

Sensible et crucial parce que situé en plein cœur de notre ville, cet aménagement concentre plusieurs défis urbains qui sont autant d’opportunités à ne pas manquer pour concrétiser la transition urbaine de Clermont-Ferrand.

Après un rapide survol du contexte, nous aborderons donc la série d’opportunités liées à ce projet de 4,6 ha autour de l’ancien Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand.

Le contexte

Sur ce dossier, nous avons aujourd’hui à composer avec un héritage historique, politique et juridique assez complexe.

a- Une opacité dommageable : mal piloté, le dossier de l’Hôtel-Dieu a été privé de gouvernance démocratique et politique dès le départ.

Aujourd’hui encore, nous ignorons quelles modalités ont présidé à la décision initiale, celle de ne pas préempter, et dont tout le reste découle.

Ceci est la résultante d’une gouvernance municipale souvent bien trop centralisée et trop peu concertée et qui aboutit en l’espèce à un défaut majeur de maîtrise publique. Or une telle maîtrise aurait pu nous procurer la cohérence nécessaire à un projet structurant de cœur de ville.

L’ironie de l’histoire, c’est que ce projet que les écologistes voyaient comme une opportunité de répondre au bétonnage du Carré Jaude II, ne s’inscrit pas dans une procédure de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) dont a bénéficié ce même Carré Jaude .

La suite n’est que conséquence de ce non-choix et de ce déséquilibre initial.

b- Une « mauvaise » affaire: c’est un choix qui va se révéler coûteux

  • pour le CHU : le retard survenu dans la vente a occasionné des frais divers, notamment financiers et de gardiennage ;

  • pour la collectivité : l’arrangement final avec les acquéreurs débouche sur un montage déséquilibré. Les partenaires privés acquièrent pour 25M€ un emplacement exceptionnel dont la valeur dépasse, pour la Ville et les Clermontois, cette seule estimation financière. Par ailleurs, Clermont-Ferrand déboursera 9M€ pour le bâtiment de la future bibliothèque [sans garantie de réussir le projet de réhabilitation d’un bâtiment complexe (18eme) en médiathèque du 21eme siècle et sans contrôle sur la réussite de la cohabitation avec les projets privés voisins…]

Mais au-delà du seul aspect financier, notre collectivité voit lui échapper une zone à la valeur exceptionnelle d’un point de vue urbain, et ce pour près de 13 millions d’euros (22 moins 9) ce qui paraît un investissement relativement modeste, eu égard aux potentialités du site.

  • La réserve foncière du centre-ville

En effet, après « l’encastrage » du Carré Jaude II dans le tissu urbain du cœur clermontois, les 4,6 hectares de l’Hôtel-Dieu restaient la dernière réserve foncière disponible en cœur de ville. Doté d’un patrimoine pour partie classé, d’une zone arborée également classée, cet espace pouvait faire fonction de corridor écologique majeur entre le jardin Lecoq, les Salins et la place de Jaude ; et ce, sur une trame écologique que fait émerger le prochain PLU (Plan Local d’Urbanisme) entre le jardin Lecoq et les coteaux de Montaudoux, via le stade Philippe Marcombes.

Il pouvait également constituer un espace-clef de jonction entre la butte, le quartier de Jaude, les Salins et les universités, espace susceptible de décloisonner le cœur de ville et de favoriser ainsi les continuités urbaines pour les piétons et cyclistes, tout en améliorant la qualité de l’air.

Aujourd’hui comme le projet reste principalement privé, l’aménagement échappe à la maîtrise publique et nous ne pouvons rien garantir aux Clermontois .

Il est indispensable d’identifier et de partager très clairement les enjeux du site afin d’en faire le socle commun d’une concertation avec les aménageurs et la population.

[A suivre…]

 

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