Regards énergétiques sur l’égalité des territoires

Regards énergétiques sur l’égalité des territoires

ou

Comment réduire l’empreinte écologique de la France

  par Yves Cochet, Député européen

 

Consommation d’énergie et coûts énergétiques (1)

 

A l’échelle d’une personne, la consommation énergétique alimentaire est pratiquement la même pour tout être humain : chacun d’entre nous dissipe en permanence environ 100 W, et l’énergie correspondante dont nous avons besoin quotidiennement est de l’ordre de 3 kWh, ce qui semble peu par rapport à la puissance dissipée totale, par personne, dans les pays de l’Union européenne ou aux États-Unis (entre 60 et 120 fois plus). Cependant, du point de vue économique, le coût d’un kWh de nourriture est beaucoup plus élevé que le celui d’un kWh électrique par exemple. A cela, une raison fondamentale : l’alimentation est produite par la photosynthèse, qui a un rendement très faible (de l’ordre de 1% = énergie fixée / énergie reçue).

 

Coûts typiques moyens d’un kWh provenant de différents aliments dans les pays de l’Union européenne, en Euros 2010 :

  •  Riz, spaghettis 0,5 €
  • Pain 1,5 €
  • Pommes de terre 1,5 €
  • Tomates 15 €
  • Poulet 10 €
  • Bœuf 20 €

 

Ceci a des conséquences économiques immédiates pour le budget des ménages : au sein de la moitié la plus modeste des familles en France, le coût de l’alimentation varie de 25% à 50% du budget domestique. Dans les pays du Sud, ce coût est proche de 100%.

Si nous convenons que notre consommation énergétique alimentaire est irréductible, c’est donc ailleurs qu’il faut rechercher des économies d’énergie.

A l’échelle d’une famille, dans sa vie quotidienne, la consommation d’énergie s’accroit, en moyenne par personne, d’un facteur 10 par rapport à celle de l’alimentation. Considérons un foyer de quatre personnes vivant sous le même toit. Hormis l’alimentation, déjà traitée ci-dessus, cette famille consomme de l’électricité pour divers usages, ou du fuel, ou du gaz naturel pour le chauffage, ou du pétrole pour la voiture. Par souci de comparaison, utilisons toujours la même unité – le kWh par jour et par personne – pour chacune de ces consommations d’énergie. Supposons que cette famille habite en climat tempéré dans l’Union européenne, au centre de la France par exemple. Ce qui compte est l’ordre de grandeur.

 

Consommation d’énergie quotidienne pour une famille de quatre personnes, en kWh :

 

  • Énergie alimentaire 10 kWh
  • Appareils électriques 10 kWh
  • Eau chaude sanitaire 10 kWh
  • Chauffage d’ambiance 30 kWh
  • Voiture 50 kWh
  • Total 110 kWh

 

A partir de cette consommation d’énergie quotidienne moyenne pour la famille, nous pouvons déduire la puissance moyenne dissipée par personne dans ses activités domestiques : environ 1 kW, soit dix fois plus que pour sa pure maintenance interne en tant qu’organisme biologique (voir ci-dessus).

Pour un pays tempéré de l’Union européenne, la consommation énergétique alimentaire représente moins de 10% de notre consommation totale domestique (« domestique » s’oppose ici à « sociaux », attendez les calculs par personne à l’échelle de la société européenne, sous-chapitre suivant). Les consommations les plus élevées se situent dans le chauffage et la voiture (non inclus les kilomètres effectués en transports collectifs ; attendez, vous dis-je).

Bien que la consommation individuelle d’énergie alimentaire soit inférieure à 10% de la consommation individuelle domestique totale, les coûts économiques ne respectent pas du tout cette proportionnalité : pour un kWh électrique autour de 0,1 €, un kWh de spaghettis est cinq fois plus élevé, et un kWh de bifteck deux cent fois plus élevé.

 

Coûts dans le budget énergétique domestique quotidien pour une famille de quatre, en Euros :

 

  • Énergie alimentaire 17 €
  • Appareils électriques 1 €
  • Eau chaude sanitaire 1 €
  • Chauffage d’ambiance 4 €
  • Voiture 7 €
  • Total 30 €

 

Le faible rendement de la photosynthèse devient encore plus faible, si l’on peut dire, lorsque l’on considère la tendance contemporaine à consommer plus de viande que de végétaux. Le prix élevé de la viande de bœuf provient essentiellement du très faible rendement de la transformation de l’énergie végétale en énergie viandée. Manger de la viande augmente considérablement l’entropie relâchée dans la biosphère. En outre, les volumes de gaz à effet de serre émis par la filière élevage-viande sont du même ordre de grandeur que ceux émis par les automobiles.

Nous en déduisons un message politique à soutenir lors du prochain débat national sur l’énergie et lors de la loi de programmation subséquente : l’énergie alimentaire doit être totalement incluse dans toute stratégie énergétique globale. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (« World Energy Outlook » de l’AIE) ne fait aucune référence à l’énergie alimentaire dans ses statistiques. Il en est de même des publications de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) du Ministère de l’Écologie en France.

A l’échelle de la société (européenne par exemple) la puissance moyenne dissipée par personne est plusieurs fois supérieure à celle de la maison (nous l’avons vu : environ 1 kW par personne). En Europe, la puissance totale dissipée par personne est de l’ordre de 5 kW, aux États-Unis de l’ordre de 10 kW. Bien sûr, cette puissance totale dissipée par personne varie énormément d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre. Le Qatari moyen dissipe 30 kW, tandis que le Sénégalais moyen ne dissipe que 0,3 kW. Le Chinois moyen dissipe 2 kW, l’Indien moyen 0,5 kW.

Comme chacun d’entre nous avale de l’énergie alimentaire pour se maintenir, les sociétés avalent essentiellement des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) pour se maintenir. Elles rejettent ainsi énormément d’entropie dans l’environnement, avec les pollutions massives que l’on sait. En comparant les ordres de grandeur entre l’échelon domestique et l’échelon social, nous avons vu qu’il est assez difficile d’espérer réaliser beaucoup d’économies d’énergie par pure décision des individus. Bien sûr, il nous faut chacune et chacun être sobres (menu plus végétal, isolation thermique des bâtiments, transports en commun…) mais, à l’échelle de la société, cela restera limité.

C’est à l’échelle politique, surtout locale, mais aussi nationale et internationale, qu’il est plus efficace d’agir. La « crise énergétique et climatique » actuelle est en fait une crise de l’entropie. Sous deux aspects. D’abord, en amont, les volumes d’énergie requis pour limiter la croissance de l’entropie dans nos sociétés thermo-industrielles (donc, insistons, limiter à la fois la croissance de la consommation d’énergie et la croissance des émissions de gaz à effet de serre et autres pollutions) sont en passe de dépasser l’énergie réellement disponible. Ce qui compte désormais est moins le volume des réserves que le débit des robinets. Deuxièmement, en aval, la croissance des pollutions à l’échelle globale est insoutenable.

 

Nos sociétés peuvent-elles survivre en dissipant moins d’entropie ?

 

Peut-être… Une première réponse serait d’arrêter bientôt d’utiliser des voitures, de renoncer à l’avion, de se passer d’électricité de réseau (« Off the Grid », comme disent les survivalistes américains). Trop radicale, politiquement suicidaire, impossible à défendre.

Une seconde réponse est de croire que l’on peut encore vivre à peu près comme nous le faisons aujourd’hui, mais en utilisant des voitures plus économes, des avions sobres, des appareils électriques plus efficaces, des immeubles et maisons mieux isolés, etc. C’est la « croissance verte » de la Conférence environnementale et de « Energy Roadmap 2050 » de l’Union européenne.

Une troisième réponse est de modifier profondément notre mode de vie et la façon dont fonctionnent nos sociétés thermo-industrielles, en une phrase : relocaliser la majeure partie des activités dont nous dépendons à l’échelle des bio-régions. Institutionnellement, si nous croyons à « l’Europe des régions et des peuples solidaires », c’est promouvoir les Régions-Unies d’Europe, en commençant par une France fédérale.

Les exemples d’initiative locales, mais partout envisageables selon des modalités spécifiques, ne manquent pas : circuits alimentaires de proximité, énergies renouvelables décentralisées en petits réseaux, production artisanale « low-tech » par récupération et recyclage des matériaux, abandon des résidences secondaires ; écoles, centre de soins, et services d’entre-aide locaux… Un nouveau vocabulaire émerge de ces initiatives : villes en transition, résilience, sobriété, simplicité, permaculture, écovillages, biens communs, économie sociale et solidaire, coopération altruiste et coopération symbiotique…

Une société qui dissipe par personne cinquante à cent fois plus de puissance que chaque individu (100 W l’individu, 5000 W à 10000 W par individu la société) doit être baptisée de très inefficace et très primitive. Notre objectif politique est de construire une société à moins de 1000 W par individu.

 

Une vision : de l’État central aux États simples locaux (2)

 

La topologie républicaine du territoire, telle qu’elle s’est construite de façon paradigmatique en France au cours du XXème siècle, est celle d’un espace partagé, public, homogène. C’est celle d’un plan isotrope, celle d’un territoire où les lois s’appliquent de la même manière dans toutes les parties de la République, celle d’une réalisation invariante du principe égalitaire sur l’ensemble de son étendue. Ainsi de la péréquation qui redistribue du financement aux collectivités territoriales à l’intérieur d’un État unitaire ou d’une Union (fonds structurels). Cependant, sous la pression de coûts de maintenance exorbitants (croissance de l’entropie) pour des bénéfices sociaux stagnants ou déclinants (en paraphrasant Joseph Tainter : le taux marginal de la républicanicité devient négatif) l’État central, ou l’Union, aura de moins en moins les moyens de garantir cette identité de traitement où que l’on soit (voir les nombreux articles de presse sur les inégalités d’accès aux services publics selon les régions). La topologie républicaine s’efface devant une topologie du sanctuaire. Le territoire se divise entre lieux sûrs et zones abandonnées. C’est une topologie de réseaux entre noeuds sanctuarisés reliés par des arêtes douteuses, c’est un graphe où l’espace situé entre les mailles est de moindre importance politique. L’espace se fragmente sous l’effet du renoncement de l’État au monopole de la violence physique légitime, de l’abandon de l’idéal d’égalité de tous à être protégés, faute de moyens de garantir ces principes républicains sur un si vaste territoire. La nouvelle économie politique de la violence est celle de la « sécurité » pour les puissants et des « dommages collatéraux » chez les dominés. Aujourd’hui, en France mais aussi en Inde (3), se multiplient les quartiers ou villages fortifiés pour riches, symptômes du déclin de la puissance isotropique de l’État sur le territoire qu’il est censé gérer. Le coût entropique est trop élevé, la complexité ne peut que diminuer, la surface étatique doit décroître.

Selon Hobbes, aucun groupe de taille inférieure à celle de l’État ne peut protéger ceux qui se réclament de ce groupe. Autrement dit, l’État correspond par définition au niveau d’une association d’individus qui engendre un pouvoir capable de protéger les citoyens d’eux-mêmes et des autres. Hobbes poursuit que la taille adéquate de l’État dépend de la taille du groupe ennemi situé à l’extérieur de l’État et auquel il s’oppose. Par une sorte d’interaction spéculaire entre groupes, ce qui détermine la bonne taille d’une société locale autonome dans un État central en décroissance c’est la dimension des groupes ennemis auxquels elle devra faire face. On peut imaginer que, les fonctions de déplacement et de mobilité se détériorant au cours de l’effondrement de la société complexe, on assiste à la naissance d’une mosaïque de petits États simples locaux à l’image, peut-être, de ce qu’étaient les villes-États germaniques ou italiennes au XVIIIème siècle.

La diminution de taille ne devrait pas nécessairement conduire à une régression institutionnelle oublieuse du droit que symbolise l’État central. La Cité grecque, la Polis, est une communauté existentielle de fait, pas un État. De même, la Civitas romaine et jusqu’aux féodalités médiévales. Ces regroupements humains sont des réalités concrètes sans concept juridique du pouvoir. C’est la construction intellectuelle de la séparation entre rapports publics de gouvernants à gouvernés (de dominants à dominés) et rapports privés de chefs à sujets qui fondera l’État. De ce point de vue – l’État comme artifice – il serait possible de retrouver, à l’échelle locale, une personnalité juridique génératrice de droit que l’on pourra appeler « État », quel que soit le régime, autoritaire ou démocratique, qui s’exerce ici, à condition que soit préservées ainsi l’intégration des pouvoirs publics au sein d’une entité unique et la capacité de celle-ci à créer du droit, y compris du droit qui limite son pouvoir.

 

Les relations de solidarité dans la décroissance

 

Traditionnellement – c’est-à-dire avant l’érection de l’État-Providence – l’espace de solidarité peut se représenter en trois cercles concentriques basés sur un modèle d’interactions spéculaires (4) : Le premier cercle est celui de la famille plus ou moins élargie ou, comme disent les anthropologues, le cercle de l’identité lignagère ou clanique. Le recours à la violence est en principe interdit. Mais, si violence il y a, la punition est terrible. En retour de cet interdit, la solidarité est illimitée. On donne (son temps, sa nourriture, son argent, son gîte…) à ceux qui en ont besoin et on attend d’eux la réciproque, le cas échéant. Marshall Sahlins (5) a analysé les liens entre solidarité et hostilité : l’obligation de solidarité illimitée entraîne des devoirs de violence, de vengeance et de défense des membres du groupe vis-à-vis de l’extérieur. La violence qu’il faut exercer contre les autres est inséparable de l’aide que l’on doit apporter aux nôtres.

Le second cercle est dominé par les relations d’adversité, de rivalité mesurée. Il n’y a plus d’identité commune, mais une réciprocité commune : un affront provoque une réplique proportionnelle , et un don sollicite un contre-don équivalent (vendetta, échange cérémoniel, potlach, cycle du kula…). Dans ce cercle, il faut mesurer, équilibrer la violence. L’important est de ne pas perdre (la face). Gagner, peut-être, mais sans déchaîner l’envie, la jalousie et la haine infernale. Le troisième cercle est celui des « autres, » des « étrangers », ceux à qui nous ne sommes liés par aucune obligation réciproque. C’est le cercle de l’hostilité guerrière, mais aussi celui des échanges marchands contemporains. Bien sûr, ces cercles géométriques idéaux ne sont pas clos, ils sont poreux. Chaque individu, selon ses identités multiples (6), peut se retrouver dans l’un d’entre eux en fonction de la situation en cours. La structure tripartite demeure, les individus y circulent et y adaptent leur identité au gré des rencontres. Cependant, la violence est d’autant plus interdite et la solidarité d’autant plus obligée que la distance sociale (7) est faible.

Dans l’État moderne, l’hostilité est exclue du droit. Dans l’État, il n’y a plus de cercles, il n’y a que le centre étatique et des individus atomisés. Il n’y a plus de cercles d’obligations intermédiaires, la société n’est plus segmentaire, elle est plate, égalitaire : même droits, mêmes devoirs pour tous. Le droit est le « tiers impartial ». L’État, c’est la fin des groupes. Ce sont les tensions entre les groupes (noblesse, clergé, tiers-état) qui furent la cause de la Révolution française. En effet, ce qui manqua à la monarchie absolutiste, c’est l’égalité. A l’intérieur de l’État, tous doivent être « amis », égaux. La naissance de la nation correspond au rabattement, par l’État, du second cercle sur le premier. La nation est l’extension de la solidarité inconditionnelle à l’ensemble des citoyens. L’État-Providence a organisé cette solidarité sous la forme impersonnelle de la « protection sociale » dont il parait que la France est un exemple d’aboutissement. Dans un État simple local, la protection sociale ne pourra plus s’exercer par le biais d’une administration aussi complexe et entropique que les différentes « caisses » actuelles engluées dans les innombrables « régimes » de la Sécu.

Peut-on conserver le caractère universel et inconditionnel de la protection sociale dans un État simple local ? Peut-être, si cette solidarité de proximité est fondée sur le pur voisinage territorial et non sur des affinités ethniques, religieuses, philosophiques ou autres. Cependant, dans un contexte de déspécialisation des rôles sociaux et de coûts de gestion minimaux, le système de protection sociale comptera beaucoup plus sur le bénévolat, la participation citoyenne et la démocratie. A titre d’exemple, imaginons un quartier ou un village dont les habitants (tous les habitants, pour éviter la fragmentation sociale due à la rivalité mimétique entre sous-groupes) se réunissent chaque mois pour examiner les questions de santé. Chacun paie une cotisation annuelle proportionnelle à sa fortune, connue de tous grâce à la proximité géographique. Cette connaissance commune (« common knowlegde »), bien qu’approximative, limite la contagion de jalousie entre voisins. Le quartier ou le village contracte pour un an avec un médecin qui perçoit un salaire mensuel et se tient à la disposition gracieuse des habitants concernés. Ce contrat annuel est, pour le médecin, une incitation à la qualité de ses prestations, sous peine de non-renouvellement l’année suivante. Certes, ce système n’est pas parfait, mais les exemples historiques de solidarité organisée par les loges maçonniques du début du XXième siècle aux États-Unis montrent qu’il peut être viable.

 

Avec la décroissance de l’entropie, des États simples locaux peuvent émerger ici ou là si des institutions légères de sécurité et de solidarité contiennent (au double sens du terme) la violence potentielle des rapports spéculaires.

 

1 Ces considérations sont inspirées de la lecture des ouvrages : Jack Hokikian, The Science of Disorder, Los Feliz Publishing, Los Angeles, 2002 ; Guy Deutscher, The Entropy Crisis, World Scientific Publishing Compagny, 2008 ; Agence internationale de l’énergie, World Energy Outlook 2011, Paris.

2 La fin de ce texte est extraite de mon article « États simples locaux », à paraître dans la revue Entropia N°13, octobre 2012.

3 Julien Bouissou, « Gurgaon, symbole terni des villes privées indiennes », Le Monde, 15 mai 2012, p. 11.

4 Paul Dumouchel, Le sacrifice inutile, Flammarion, 2011, p. 124-133.

5 Marshall Sahlins, Stone Age Economics, Aldine Publishing Compagny, Chicago,1972, p. 185-276.

6 « Ma vie quotidienne, qui baigne dans le flux des purs vécus, se déroule dans une alternance incessante de modèles du monde qui réorganise à chaque fois l’ensemble de mon être au monde […] Dans tous ces investissements, et il y en a mille autres possibles, c’est la même personne qui peint sa vie en puisant dans sa palette de modèles du monde celui qui correspond à son vécu de l’instant. Ces modèles sont évolutifs, disparates, voire contradictoires entre eux. Un tel individu, fragmenté et qui accepte cette fragmentation, est l’être le plus ordinaire qui soit. L’être humain est multidimensionnel, bigarré, ambigu. Cette conception s’oppose à la vision unidimensionnelle de l’Homo oeconomicus, réduit à un moi unitaire rationnel sans cesse à la recherche de sa cohérence et de la maximisation de son utilité (libéralisme). Elle s’oppose aussi à la conception d’un individu massifié dont la conscience serait entièrement déterminée par la position qu’il occupe dans les rapports de classes (marxisme) ». Yves Cochet, Antimanuel d’écologie, Éditions Bréal, Paris, 2009, p. 130-131.

7 Cette « distance » peut être mesurée approximativement par l’inverse de l’intensité et de la fréquence des interactions entre deux individus.

 

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