Climat et transition énergétique
La réalité du changement climatique et l’ampleur de ce défi planétaire ne sont plus à démontrer. La nécessité et l’urgence de l’action sont désormais reconnues par la communauté scientifique comme par les dirigeants politiques. Depuis Copenhague, un niveau d’ambition mondial a été défini, avec pour objectif d’empêcher un réchauffement de plus de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle et il s’agit maintenant de s’y tenir.
Le changement climatique est intrinsèquement lié à notre dépendance aux ressources fossiles : il résulte de ce que l’humanité, en brûlant à grande vitesse des combustibles organiques fossiles accumulés pendant des millénaires, rejette dans l’atmosphère du carbone en grande quantité. Changement climatique et raréfaction des ressources énergétiques sont deux les deux faces d’une même pièce ; on ne peut traiter ces crises séparément. Pour y faire face, la transition vers un système énergétique décarboné est indispensable.
Où en est-on ?
La température moyenne globale observée suit pour l’instant les tendances prévues par les modèles climatiques, et son augmentation depuis 1900 est évaluée à +0,7°C.
Figure 1: Quatrième rapport d’évaluation du GIEC, 2007, Résumé à l’intention des décideurs, fig. 1.1
Les gaz à effet de serre ne cessent de s’accumuler dans l’atmosphère : et pour cause, les émissions de gaz à effet de serre augmentent de plus en plus rapidement. Elles ont doublé depuis 1990 et ont atteint un record historique en 2011, en dépit des limites imposées par le Protocole de Kyoto et des effets de la crise économique.
Même s’il est impossible d’attribuer directement un événement météorologique précis au changement climatique, il est indéniable que les effet du changement climatique commencent à se faire sentir : fonte accélérée des banquises, événements climatiques extrêmes, menaces sur les petits états insulaires… Ces changements affecte(ro)nt la biosphère dans son ensemble, et leur vitesse sans précédent rend leur impact difficile à prévoir. Le risque d’effet de seuil et de rétroactions provoquant un changement irréversible et radical est également réel.
D’après le GIEC, le seuil maximal acceptable de réchauffement se situe antre 1 et 2°C par rapport à 1990 – certain scientifiques, comme James Hansen, considèrent que c’est beaucoup trop et qu’une augmentation de plus de 1°C n’est pas tolérable.
Figure 2: Troisième rapport d’évaluation du GIEC, 2001, figure SPM2
Or, contenir le réchauffement global en dessous du seuil de 2°C – ce qui est, rappelons-le, l’objectif de la communauté internationale – suppose une inversion rapide et drastique de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, qui devraient atteindre leur maximum, puis décroitre, dans les cinq prochaines années. Cela reste possible, mais chaque année qui passe rend l’effort nécessaire plus important (UNEP). Les engagements de réduction proposés, tant à l’international qu’au niveau domestique restent largement en deçà de ce qui serait nécessaire. D’après l’organisation Climate Action Tracker, ils devraient mener à 3.5°C de plus en 2100 (http://climateactiontracker.org/). L’écart béant entre ce qui a été promis et ce qui est nécessaire demeure alarmant.
Alors, que faire ? L’inéluctable transition énergétique
Réduire aussi rapidement les émissions de gaz à effet de serre dans un monde en croissance (démographique et économique) est certes un défi politique et technique. L’énergie est au cœur de ce défi : indispensable au développement, elle conditionne nos modes de vie et est aussi la première source de gaz à effet de serre. La seule production d’énergie était responsable de 26% des émissions de gaz à effet de serre en 2004, et c’est sans compter les transports (13 %) et le bâtiment (8 %). L’ampleur des efforts à fournir implique que des réajustements à la marge ne suffiront pas : il faut une transformation profonde, rapide et progressive du secteur énergétique dans son ensemble, c’est-à-dire de la ressource brute à l’usage final, dans la perspective d’une décarbonisation réelle de l’économie et de la société.