Ligne très haute tension Cotentin-Maine : violence d’Etat contre vigilance citoyenne

par des élus Europe Ecologie Les Verts

Yannick Jadot, député européen EELV

Gaëlle Rougier, conseillère régionale EELV Bretagne

François Dufour, conseiller régional EELV Basse Normandie

Michel Perrier, conseiller régional EELV Pays de la Loire

___________________________________________________________________________________________________

Depuis des années, certains de nos concitoyens font la douloureuse expérience de ce qu’on appelle « la violence légitime » d’Etat en s’opposant à la construction de la ligne THT (très haute tension), dite ligne Cotentin-Maine. Longue de 163 kilomètres, cette ligne de 400 000 volts doit acheminer l’électricité produite par le futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville.

Agriculteurs mis à bas de leur tracteur, menottés puis placés en garde à vue, propriétaires expulsés de leur terrain par la force, survol d’hélicoptères, présence permanente de vigiles de Réseau de transport de l’électricité (RTE), procès en cascade, affrontements entre opposants et forces de l’ordre, contrôles et fouilles systématiques des voitures… : c’est un climat répressif et délétère qui accompagne la construction de cette ligne, réactualisant la peur du gendarme.

Alors que le chantier de l’EPR a pris quatre années de retard, doublant son coût qui s’élève désormais à 7 milliards d’euros et, alors même que les recours contre la déclaration d’utilité publique n’ont pas encore été étudiés, aucune urgence ne fonde l’empressement de RTE.

Au grand dam du collectif d’élus opposés au projet, la filiale d’EDF avance tel un bulldozer, au mépris du droit et de la protection des biens privés et communaux.

 

Des opposants, pas des terroristes

Dans la Manche, le tribunal de Coutances vient d’ailleurs de donner raison à Yves Larsonneur, agriculteur de Montabot (Manche), en condamnant RTE à quitter sa propriété sous peine de 5 000 euros d’astreinte par jour de retard. Il avait été interpellé et placé en garde à vue pour s’être opposé physiquement aux travaux.

Au Chefresne, le maire a également été interpellé. La démission du conseil municipal, unanime, n’a pas changé la donne. En Ille-et-Vilaine, à Vitré, un projet de pylône à proximité d’un drain alimentant en eau la ville suscite de vives inquiétudes.

Même l’agence régionale de santé, qui avait initialement émis un avis négatif, est bien vite rentrée dans le rang. A Québriac, les habitants ont découvert, presque par inadvertance, un projet de méga-transformateur lié à la ligne THT. Au lendemain d’une réunion publique, l’un d’eux est « sollicité » par la gendarmerie afin de donner le nom des élus présents dans l’assistance.

Les opposants à la THT ne sont pourtant pas des terroristes. Ces citoyens, élus, paysans, militants antinucléaires, défenseurs de l’environnement mènent un combat d’importance. Il concerne les 350 000 personnes vivant à proximité d’une ligne THT sans qu’aucune étude épidémiologique sur les conséquences sanitaires des champs magnétiques n’ait jamais été réalisée.

 

La nécessité d’un débat serein

Ce harcèlement, cette répression violente n’ont qu’un but : décourager toute opposition. Car derrière la ligne Cotentin-Maine se profile le débat sur l’EPR de Flamanville et sur notre modèle énergétique pour demain.

Au delà de divergences de vue sur la question du nucléaire, cette ligne soulève aussi une question démocratique cruciale : est-il acceptable que l’Etat se mette au service d’intérêts privés au détriment de l’intérêt général et de la santé des citoyens ?

Le changement en France passe aujourd’hui par une rupture claire avec la geste brutale et musclée de l’ère Sarkozy. La production et l’acheminement d’électricité en France nécessitent un débat serein, à l’aune des données objectives dont nous disposons aujourd’hui.

L’action citoyenne, garante de la vitalité démocratique de notre pays, doit être considérée avec respect. Les conséquences des champs électromagnétiques induits par les THT sont une question sanitaire qui mérite l’intérêt du gouvernement et non la répression policière. Nous voulons croire qu’il n’est pas trop tard pour que celui-ci en prenne la mesure.

Remonter