Rythmes éducatifs : les temps et l’intérêt de l’enfant n’attendent pas.

Eric Alauzet a souhaité s’exprimer une nouvelle fois sur la question des rythmes éducatifs.

Il a, sur ce sujet, répondu à des interpellations. Retrouvez ici une tribune reprenant ses propos sur la réforme en cours.

 

S’agissant d’un décret ministériel (1) qui a régi le nouveau cadre des rythmes, l’intervention d’un député a une « portée » limitée. Néanmoins, je suis attentif à toutes les observations et engagé dans le suivi et la mise en œuvre de cette réforme souhaitée par la majorité présidentielle et législative issue des élections en 2012, chapitre important de la Loi d’orientation de Refondation de l’école de la République, adoptée au Parlement en juillet dernier.

Il faut rappeler que cette réforme a été souhaitée par tous – le dernier diagnostic est de M. Luc Chatel, Ministre du Président Nicolas Sarkozy – à partir d’une part des recherches des chrono-biologistes et d’autre part du constat du rôle néfaste des rythmes actuels dans les résultats d’apprentissage et d’acquisition des élèves en France – cf. étude OCDE : Un nombre d’heure d’enseignements par an considérable, 864 heures (10% de plus que dans la moyenne européenne), avec un nombre de jours de classe très faible (144 de jours de classe par an, contre 187 en moyenne dans l’OCDE.)

Le projet de mise en place rapide de cette réforme des rythmes éducatifs – davantage que ceux uniquement scolaires –  a bien entendu soulevé des interrogations voire des doutes. Les habitudes d’organisation, tant au niveau des communes, des enseignants, des familles ou encore du monde associatif peuvent être bouleversés par cette réforme.

Mais nous nous devons tous de répondre à l’intérêt de l’enfant et à son épanouissement. Nous savons que l’équilibre des rythmes est un facteur déterminant pour la réussite des enfants à l’école (la semaine de quatre jours, mise en place en 2008 par le précédent Gouvernement, était source de davantage de fatigue et de difficultés d‘apprentissage).

Cette réforme est difficile à mettre en œuvre, mais on ne doit pas « baisser les bras » pour autant et refuser, pour des raisons matérielles, de relever le défi de l’éducation de nos enfants, ni renoncer à s’unir et se concentrer sur l’intérêt de l’enfant.

 

On entend qu’il y aurait « grogne » partout où la réforme est appliquée dans les communes volontaires pour la rentrée 2013. Ce n’est pas exact.

La mise en œuvre de la réforme se déroule de manière satisfaisante dans la quasi-totalité des communes concernées (93% de retours positifs) et, à chaque échelon territorial, les services de l’État sont mobilisés.

Dans la 2ème circonscription du Doubs (2), 7 communes ou intercommunalités s’y sont engagées dès la rentrée 2013.

– Certes, quelques difficultés matérielles ou d’organisation existent mais loin de là une « grogne »,

– Des évaluations montreraient des signes de fatigue des enfants mais qui semblent davantage imputables au mécanisme du changement, à la multiplication de nouveaux intervenants ou encore à la mauvaise succession de 8 semaines de vacances puis de 7 semaines de temps scolaire – la fatigue étant toujours importante à cette période ! –  qu’aux nouveaux rythmes eux-mêmes. Ceci dit, la question spécifique de la maternelle doit être regardée avec attention et des évolutions pour cette tranche d’âge sont attendues. Claire Leconte, présente dernièrement à Besançon, a bien expliqué que les rythmes et leur bon déroulement pour l’enfant étaient bien plus complexes que de simples aménagements scolaires.

– Il y a aussi de formidables opportunités à rassembler autour d’une même table des enseignants, des parents, des associations, des animateurs et des élus pour parler de l’école et de l’ éducation et co-construire un projet éducatif local de territoire.

Je constate que les craintes de ces derniers jours sont davantage exprimées dans les communes rurales qui n’ont pas encore mis en œuvre la réforme. Il faut naturellement que les services de l’Etat accompagnent les nouveaux projets dans ces territoires qui ne disposent pas des mêmes moyens que d’autres. La souplesse de l’organisation scolaire permet de trouver des solutions locales efficaces répondant aux besoins de l’enfant.

Oui, cela bouscule des habitudes, mais c’est  indispensable. Certes, cela suppose des calages, des évolutions. Mais on a compris depuis longtemps que les réformes « clé en main », imposées depuis un ministère, notamment en matière éducative, ça ne marche pas !

 

On nous dit que cette réforme n’est pas finançable et que l’Etat laisse une facture aux communes…

D’abord, l’Etat, dont c’est la responsabilité – et c’est l’engagement du Président de la République -, va apporter sur ces cinq années de mandat des moyens supplémentaires à l’école : plus d’enseignants – 60000 postes créées -, un soutien particulier aux élèves avec handicap, des programmes qui seront revus, une nouvelle formation des professeurs, etc. La jeunesse et l’éducation sont les priorités de l’action du Président de la République et du Gouvernement. La refondation de l’École de la République doit réduire les inégalités scolaires et sociales en élevant tous les enfants vers le plus haut niveau de connaissance, de compétence et de culture. La priorité est donnée à l’école primaire.

Et, pour la première année, un fond d’amorçage de 250 millions d’euros a été mis en place, renouvelé pour les nouveaux projets éducatifs à la rentrée 2014.

Alors, au moment où l’on demande une simplification dans les compétences en matière de décentralisation, il revient aux communes d’organiser les temps péri et extra scolaires et de nombreuses communes, ces dernières années, s’y sont engagées avec, notamment, les Contrats Enfance Jeunesse des Caisses d’Allocations Familiales.

Et donc, pour financer ces nouveaux temps périscolaires, si la commune le souhaite, l’Etat, pour la première fois, va intervenir dans son financement par un forfait de 50 € par élève ; et les CAF ajouteront, à la suite de la nouvelle convention de gestion de 2013 avec l’Etat, dès la première année et les suivantes, 54€ par enfant sur les trois nouvelles heures de temps périscolaire, qui pourront rester gratuites dérogeant aux règlements des prestations de service CAF.

Aussi, à partir de l’expérience des communes déjà engagées, le coût supplémentaire pour les communes se situe entre 100 et 210 € par enfant et par an, la participation Etat ou CAF sera donc de 50 à 100 % la première année puis de 25 à 75% ensuite.

Sans compter que les autres temps périscolaires s’ils sont déclarés en accueil de loisirs perçoivent une prestation de 50 cts par enfant et par heure également de la CAF.

 

Aux communes de prendre leurs responsabilités : parce que cela reste une possibilité confirmée par le ministre, même si elle ne bénéficierait pas aux enfants, les communes qui considéreraient qu’elles ne disposent pas des moyens nécessaires (finances, locaux…) peuvent se dispenser d’organiser des activités péri-éducatives. Mais pas de se soustraire aux nouveaux rythmes scolaires et à leur aménagement sur 5 jours.

Le délai supplémentaire d’une année donné aux communes pour construire leur projet éducatif territorial ne doit pas être prolongé, au risque de maintenir nos enfants dans une situation qui leur est préjudiciable avec la semaine de quatre jours.

Pour nos enfants, nous devons réussir cette réforme. Nous aurions pu avoir plus de temps mais la réussite de nos enfants n’attend pas. Elle passe par une « continuité éducative » entre les acteurs de l’éducation pour permettre « à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école ». C’est ainsi l’ambition affichée des Projets Educatifs Territoriaux (PEDT) et du récent « Pacte pour la Réussite éducative » que la ministre déléguée a initié dernièrement, et qui mobilise tous les acteurs partenaires de l’école, « la réussite éducative ne se limitant pas à la salle de classe » et nécessitant « un pilotage commun » des différentes actions (3).

Il nous faut nous concentrer tous ensemble sur le bien-être et l’intérêt de l’enfant et donner la priorité des priorités à l’éducation.

 

Eric ALAUZET

 

http://www.education.gouv.fr/pid29074/rythmes-scolaires.html

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(1)   Décret n° 2013-77 du 24 janvier 2013 relatif à l’organisation du temps scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires

http://ericalauzet.eelv.fr/convention-etat-cnaf-financement-des-nouveaux-rythmes-educatifs/

http://ericalauzet.eelv.fr/nouveaux-rythmes-educatifs-quels-financements-des-caf-quels-liens-avec-les-contrats-enfance-jeunesse/

http://ericalauzet.eelv.fr/refondation-de-lecole-la-loi-adopte-en-2eme-lecture/

(2)   Chalezeule, Dammartin-les-Templiers, Gennes, Novillars, Osse, Pouligney-Lusans et Tarcenay.

(3)   http://ericalauzet.eelv.fr/un-pacte-de-la-reussite-educative-pour-une-approche-globale-de-lenfant/

 

3 commentaires pour “Rythmes éducatifs : les temps et l’intérêt de l’enfant n’attendent pas.”

  1. il faut aussi rappeler que cette semaine est un « cadeau  » de l’ancienne majorité . Le Ministre de l’éducation de l’époque Darcos a mis en place la semaine de 4 jours sans tenir compte des avis des acteurs concernés
    L’organisation avant 2007 avait aussi un autre intérêt c’est que la plupart des écoles travaillaient le samedi matin ce qui facilitait les échanges parents enseignants puisqu’une majorité de parents ne travaillent pas le samediAujourd’hui on se dirige largement vers le mercredi matin, c’est dommage

  2. Bonjour Mr le Député

    Je pense sincèrement qu’il aurai plutôt fallu que les enfants termine plus tôt les horaires de  » cours  » ( exemple 13h00 ) ce qui donnerai tout son sens à une activité périscolaire de qualité. École / Repas / Activité aurai été plus intéressant.

  3. Oui la réforme le permet, la Communauté éducative de chaque commune peut faire des propositions.

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