OXFAM : Spéculation alimentaire : les grandes banques européennes reculent

Communqiué d’OXFAM France – Publié le : 19 Février 2013

Des banques françaises, allemandes, autrichiennes et britanniques mettent fin à leurs activités de spéculation sur les matières premières agricoles, des pratiques controversées auxquelles Oxfam s’oppose compte tenu de leur lien avec la volatilité des prix alimentaires.

Suite à la campagne d’Oxfam France « Banques : la faim leur profite bien » lancée le 14 février, BNP Paribas a suspendu un fonds agricole de 214 millions de dollars et fermé un autre fonds partiellement indexé sur les matières premières agricoles. De même, le Crédit agricole a fermé trois fonds qui permettaient à ses clients de spéculer sur les matières premières agricoles. Oxfam France salue les mesures prises par BNP Paribas et le Crédit agricole.

Au Royaume-Uni, Barclays a annoncé le 12 février sa décision de renoncer à ses activités spéculatives sur les matières premières agricoles. Oxfam se réjouit de ce changement de politique, mais il reste à voir si la banque cessera effectivement de vendre des produits d’investissement spéculatifs à d’autres investisseurs et de spéculer en son compte propre.

Prix alimentaires en hausse

Suite à une campagne similaire menée par Oxfam Allemagne l’an dernier, DekaBank, la Landesbank Berlin, la Landesbank Baden-Württemberg, Commerzbank et l’Österreichische Volksbanken AG ont toutes mis un frein à leur participation dans des fonds indexés sur les matières premières agricoles. Les deux principaux courtiers allemands en matières premières, Allianz et Deutsche Bank, ont en revanche refusé de changer leur politique en matière de spéculation sur les matières premières, niant l’incidence sur les cours réels des denrées alimentaires alors même que cette incidence est désormais admise par un nombre croissant de courtiers et de chercheurs.

Oxfam-en-Belgique participe également à une campagne nationale qui exhorte les banques belges à ne plus vendre de produits d’investissement spéculatifs. De nouvelles statistiques sur ces produits seront publiées en mai dans le cadre de cette campagne.

Oxfam et d’autres ONG, ainsi que de nombreux économistes et experts du développement, craignent que la spéculation financière sur les matières premières agricoles n’attise la volatilité des prix alimentaires, ce qui porterait atteinte aux consommateurs et aux agriculteurs en situation de pauvreté. Les investissements dans des produits financiers souvent opaques se sont considérablement développés à l’échelle mondiale, passant de 10 milliards de dollars en 2004 à 90 milliards en 2011.

Renforcement de la réglementation et transparence

L’exemple des banques françaises, allemandes, autrichiennes et britanniques qui renoncent à la spéculation sur les prix alimentaires devrait donner davantage de poids aux appels à un renforcement de la réglementation et de la transparence des instruments financiers dérivés de matières premières. Oxfam fait pression en ce sens sur l’Union européenne, les États-Unis et le G20. Le Parlement européen s’est d’ores et déjà déclaré en faveur d’un plafonnement obligatoire de la spéculation sur les dérivés de matières premières et Oxfam invite le Conseil européen à lui emboîter le pas.

Autre initiative visant à accroître la transparence bancaire, Oxfam Novib fait également partie de la coalition « Eerlijke Bankwijzer » (Guide des banques équitables) qui procède chaque année à un examen des politiques des banques hollandaises en matière sociale et de développement durable.

En savoir plus

Vidéo : Spéculation sur les produits alimentaires : une question de vie ou de mort

Contacts

Pour de plus amples informations sur ces campagnes et sur l’analyse qui les étaye, contacter :

Oxfam France                                                

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