Glyphosat-exit ? : Débat et réaction d’Éric Alauzet.

Au moment où la France s’apprête à refuser le prolongement pour dix ans de son utilisation, on entend beaucoup parler du glyphosate ces jours-ci.

Sur LCP, Eric Alauzet a réagi rappelant que « le sanitaire l’emportera sur l’économique » (voir ci-dessous).

 

Mais au fait, le glyphosate c’est quoi ?

Il s’agit d’un herbicide qui entre dans la composition de 178 produits commercialisés en France. C’est l’un des produits phytosanitaires les plus vendus au niveau national. On le connaît surtout sous l’appellation de Roundup, produit phare de la firme américaine Monsanto. Aujourd’hui, 826 000 tonnes de glyphosate sont utilisées chaque année dans le monde.

Autrefois plébiscité, ce produit est aujourd’hui au cœur du débat. D’abord, au niveau européen. En effet, le glyphosate est autorisé à la vente par la Commission européenne jusque fin 2017 dans l’ensemble des Etats membres l’Union Européenne. A l’approche de cette date-butoir, la Commission a proposé de renouveler la licence d’exploitation du glyphosate dans l’Union Européenne pour dix ans. Le vote est prévu les 5 et 6 octobre prochains.

Cette proposition était attendue, depuis les conclusions de l’Agence européenne de sécurité des aliments (l’EFSA), qui juge le risque cancérigène de ce produit « improbable ». À l’inverse, l’OMS (via le Centre international de recherche sur le cancer) juge le produit« cancérigène probable ».

Fin août, Nicolas Hulot, Ministre de la Transition Ecologique, a annoncé son intention de s’opposer à ce renouvellement. Lundi 25 septembre, le Porte-Parole du Gouvernement, Christophe Castaner, a annoncé la fin de cet herbicide controversé d’ici 2022, soit la fin du quinquennat. Puis revient sur ces propos, affirmant cette fois que le Gouvernement s’engage à des progrès significatifs d’ici à 2022.

Cette annonce provoque la colère du principal syndicat agricole. Et pour cause, si l’Europe dit oui, et si la France dit non, il y a un risque probable qu’une distorsion de concurrence se créer entre les agriculteurs européens.

 

Éric Alauzet : « il faut surtout mettre en place l’accompagnement des paysans »

Interrogé par LCP, mardi 26 septembre, Éric Alauzet a tenu à réagir à cette polémique en mettant l’accent sur le fait que « si on ne fixe pas une échéance à un moment donné, il ne se passera rien », ajoutant « le sanitaire l’emportera sur l’économique ». La question est moins celle du fond et de la motivation que celle du temps et des délais.

Il revient également sur les craintes des paysans en affirmant qu’ « à travers une échéance et une interdiction, il faut surtout mettre en place l’accompagnement des paysans […] S’il y a une moindre rentabilité, il faudra être à leurs côtés pour subvenir éventuellement aux pertes financières, de la même façon qu’il faudra les accompagner dans l’appropriation de nouvelles techniques de culture ».

Vidéo LCP

 

 

Il n’existe pas aujourd’hui de produit de substitution au glyphosate. L’agriculture étant dépendante de ce produit, l’arrêter brutalement n’est pas envisageable.

Le Premier Ministre l’a affirmé, suite à une QAG formulée par la Députée Lise Magnier (Constructifs), compte tenu des incertitudes concernant le glyphosate et de la durée de la licence proposée par la Commission Européenne, la France ne votera pas la proposition de renouvellement du glyphosate pour une période de dix ans. Edouard Phillipe a d’ailleurs demandé aux Ministres de la transition écologique, Nicolas Hulot, et de l’agriculture, Stéphane Travert,  de formuler une stratégie de sortie du glyphosate, avec un objectif affiché d’une transition progressive et irréversible.

A noter que si l’interdiction du glyphosate pour un usage agricole n’est pas encore actée, les villes n’ont déjà plus le droit de l’utiliser dans les espaces ouverts au public depuis le 1er janvier 2017, et les particuliers ne pourront plus l’acheter en magasin à partir de 2019.

 

La question au Gouvernement – 26.09.17

Utilisation du glyphosate

le président. La parole est à Mme Lise Magnier, pour le groupe Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants.

Mme Lise Magnier. Monsieur le Premier ministre, la semaine prochaine, l’Union européenne doit renouveler, ou non, l’autorisation de l’utilisation du glyphosate.

À aucun moment, la nocivité du glyphosate pour la santé n’a été confirmée par les différentes agences de sécurité sanitaire, qu’elles soient françaises ou européennes. Celles-ci ont même émis un avis favorable à la poursuite de son utilisation. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.)

Non, les agriculteurs français ne sont pas des pollueurs de sol ! Ce sont avant tout des gens passionnés, qui se consacrent à nourrir le monde. Vous avez pu le constater, je l’espère, le 1er septembre dernier lors de la Foire-exposition de Châlons-en-Champagne.

Actuellement, vous le savez, aucune solution n’a été trouvée pour remplacer le glyphosate et en interdire l’utilisation. Cette interdiction aurait pour conséquence une perte de 976 millions d’euros par an pour notre agriculture.. Et les cancers ?

L’agriculture représente un secteur économique à part entière. Dans la Marne, mon département, elle participe à l’alimentation de 10 millions de personnes et en emploie plus de 108 000.

L’agriculture française est une agriculture raisonnée, qui a déjà fait de nombreuses concessions pour améliorer la qualité de sa production. Au-delà de la question de l’utilisation du glyphosate, il s’agit de savoir quelle agriculture nous voulons dans notre pays pour quelle alimentation.

À force de rajouter normes et règlements à l’exercice du métier d’agriculteur, nous allons finir par conduire nos agriculteurs à leur perte, et notre approvisionnement alimentaire proviendra de pays beaucoup moins rigoureux que nous en matière de sécurité sanitaire.

Beaucoup s’interrogent sur la cohérence du gouvernement à ce sujet. Ma question est donc la suivante : pouvez-vous nous dire, monsieur le Premier ministre, quel choix fera votre gouvernement la semaine prochaine ? Le choix de soutenir nos agriculteurs pour la production de notre alimentation sur nos territoires ou le choix de céder à des postures dogmatiques mettant en péril notre indépendance alimentaire ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LC et sur plusieurs bancs du groupe LR.)

 

le président. La parole est à M. le Premier ministre.

Edouard PhilippePremier ministre. Madame la députée, qu’est-ce que le glyphosate ? C’est un principe actif qui entre dans la composition de 178 produits autorisés en France.C’est, avec le soufre, la substance phytopharmaceutique la plus utilisée en France. Les quantités vendues annuellement sur notre territoire oscillent entre 7 000 et 9 000 tonnes, soit plus de 30 % du total des herbicides.

Il n’existe pas aujourd’hui de produit de substitution au glyphosate. Arrêter brutalement l’utilisation de ce produit, dont l’agriculture est assez largement dépendante, est donc évidemment difficile. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LC et LR.)

La Commission européenne a proposé de renouveler l’autorisation du glyphosate pour une durée de dix ans. Cette durée est trop longue et, compte tenu des incertitudes qui pèsent sur la nature de ce produit, nous avons indiqué clairement – le Président de la République dans un premier temps, le Gouvernement ensuite – que nous ne voterions pas la proposition de la Commission d’autoriser pour dix ans supplémentaires l’utilisation et la commercialisation de ce produit. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes REM et MODEM.)

S’agissant des usages non agricoles, vous le savez, l’utilisation du glyphosate par les collectivités dans l’espace public est interdite depuis le 1er janvier 2017. Pour les particuliers, elle le sera à compter du 1er janvier 2019.

S’agissant des usages agricoles, j’ai demandé à M. Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi qu’à M. Stéphane Travert, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, de me proposer, à l’issue des états généraux de l’alimentation, une stratégie de sortie du glyphosate.

Avant la fin de l’année, pourquoi ? Une stratégie de sortie avant la fin de l’année ? Parce que nous voulons d’abord tenir compte de ce qu’auront dit les états généraux de l’alimentation, des analyses et des avis différents. Et parce que nous voulons prendre en compte l’état de la recherche et des solutions alternatives éventuellement disponibles pour les agriculteurs.

Le Gouvernement arrêtera sa position lorsque la stratégie aura été présentée par les deux ministres. Nous allons la confronter – vous comprenez bien pourquoi – avec la position des autres Etats membres, parce que nous ne vivons pas dans un monde sans voisins, et avec la position qui aura été définitivement adoptée par la Commission, parce que ce qu’elle a à dire et à décider compte évidemment.

Nous allons organiser une transition à la fois progressive et irréversible. Le travail engagé au sein des états généraux de l’alimentation doit nous permettre de voir comment accélérer la recherche pour trouver des produits de substitution. C’est indispensable : si nous voulons donner des perspectives claires aux agriculteurs, il faut que la recherche avance. Pour que la recherche avance, il faut que des objectifs soient fixés et qu’une visibilité soit donnée. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LR.)

Deuxième sujet : nous allons voir comment nous pouvons adapter les pratiques agricoles là où c’est possible. Peut-être cela ne sera-t-il pas possible partout, mais il y a des endroits où c’est possible et où nous voulons les adapter.

Je réaffirme très clairement notre engagement d’obtenir, avant la fin du quinquennat, des progrès significatifs vers l’interdiction de l’usage des substances dangereuses et vers une agriculture moins dépendante aux pesticides. Nous sommes résolument engagés dans cette voie, et nous serons extrêmement attentifs lorsqu’il s’agit de santé, d’environnement et de capacité pour les agriculteurs à vivre de leur activité. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LR.)

Ce que je suis en train de décrire – je remercie la représentation nationale d’être attentive, en tout cas une partie d’entre elle (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM) –, c’est une voie qui cherche l’équilibre entre des préoccupations évidentes en matière de santé et une visibilité à donner aux agriculteurs pour qu’ils adaptent, dans le temps, leurs modes de production. Cela ne semble pas vous intéresser ; je pense que vous avez tort : c’est un sujet central. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM.)

 

3 commentaires pour “Glyphosat-exit ? : Débat et réaction d’Éric Alauzet.”

  1. Les mesurettes ne suffiront pas à protéger la santé des français, il convient dès maintenant d’être ferme et responsable. Les cancers nous submergent progressivement, bientôt ( 2050 ) une personne sur 2 atteinte de cette maladie grave. Je suis d’accord avec E Alauzet : il faut que la préservation de la santé des français l’emporte sur le désir de profit des producteurs de Comté.

  2. Monsieur le Député
    En ce qui concerne le glyphosate
    Ce qu’il y a de gênant c’est qu’il semble que l’AFSA et pourquoi pas l’EFSA soient sous la coupe des firmes que vous connaissez et que, parait-il, (radio) on retrouve dans les explications tolérantes au glyphosate de l’AFSA des « copiés-colés » venant des textes de Monsanto (pour ne pas le nommer)… alors que l’AFSA est sensée avoir fait ses propres recherches …Les études contraires au glyphosates sont systématiquement mises de coté .
    Je ne veux pas de glyphosate. La rotation intelligente des cultures doit pouvoir permettre de tenir le choc.
    Si la France est seule à exclure le glyphosate qu’elle interdise en même temps l’importation des produits traités au glyphosate.
    Soyons cohérent les cancers et autres perturbations sanitaires couteront aussi cher,( et même plus ?) que les aides pour le remplacement du glyphosate par d’autres méthodes de lutte contre les mauvaises herbes.
    Pour éviter l’invasion des produits agricoles Nord américain il faut aussi refuser les accords CETA qui sont trop globaux et donc être destructeurs pour une partie importante de la population européenne
    Merci pour votre combat écologique pour l’homme et la Planète
    Cordialement
    Xavier LAURENT
    Besançon

  3. Bonjour, A la suite de ton article dans la lettre de ‘mon député », à la suite des discussions sur le glyphosate, , et à faire partager lors des débats sur les états généraux de l’alimentation , 2 rapides réflexions:
    Les techniques de cultures sur sol couvert en permanence avec des jachères végétales ou des cultures associées ( céréales, protéagineux et légumineuses) , sans labour du sol, permettent d’éviter l’envahissement par des plantes non souhaitées , traitées ensuite au glyphosate.
    Ces procédés utilisés couramment en agriculture biologique et en agro écologie , permettent par ailleurs de faire activer la biologie du sol et des apports naturels azotées et protéiques apportées par la culture intermédiaire ou les cultures associées.
    Sans approfondir toute les propositions, développées, entre autres par Marc DUFUMIER, Professeur à AGRO-SUP, je joins 2
    références , très « officielles »
    Agricultures et territoires: chambre d’agriculture de la Manche: comment implanter ses céréales sans labour
    INRA autres:
    Les cultures associées céréales -légumineuses: agriculture « bas intrants » dans le sud de la France.
    on les trouve facilement sur les moteurs de recherche

    Cordialement

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