François Hollande : Climat : « La France veut être à la tête de la plus large coalition pour la vie ».

Le Président de la République, François Hollande, à la veille de la COP 21, a donné une interview au magazine L’Express. Extraits.

La France est en première ligne pour le climat. Elle veut être à la tête de la plus large coalition pour la vie. Par la présence de 140 chefs d’Etat et 45 000 personnes, le message que la France souhaite envoyer au monde est clair : elle triomphera des périls. Les combats contre le terrorisme et contre le dérèglement climatique constituent un même combat, urgent, pour l’humanité et pour la vie. Aussi l’accord doit-il être à la fois contraignant et universel.

Pour tenir l’objectif des 2°, il doit prendre acte des engagements actuels, considérer que l’accord général engage toutes les parties prenantes de manière différenciée, et introduire un mécanisme pour évaluer et réviser les trajectoires afin de ne pas dépasser ces 2°.

S’agissant des manifestations citoyennes, elles ne pourront être confirmées dans le contexte des attentats, mais la mobilisation pourra avoir lieu dans des lieux fermés et sécurisés.

A noter, aussi, que s’il aurait été préférable qu’il y ait des écologistes au gouvernement au moment où se tenait la Cop 21, le président de la République a veillé à travailler avec toutes les forces et toutes les personnalités.

 

« La France est en première ligne » pour le climat. « Elle veut être à la tête de la plus large coalition pour la vie ». « Il ne s’agit donc pas de préserver seulement notre environnement, mais aussi les grands équilibres de la planète » (PR, 24/11/15) :

–        « Aujourd’hui, chacun est informé de la situation de l’autre et peut comprendre que la catastrophe qui s’est produite à l’autre bout de la planète annonce la prochaine dans sa propre région. Chacun voit les images des glaciers qui fondent en Islande, des forêts qui brûlent en Californie, des pics de pollution à Pékin, des côtes submergées du Pacifique, des ouragans terribles à Saint-Domingue, du désastre écologique qu’a connu le Vanuatu ou des tempêtes dévastatrices qu’ont vécu les Philippines, des sécheresses et des inondations en Europe. Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas »

–        « Aucune région n’est épargnée. Et même le cynique paradoxe qui voulait que les pays qui avaient été les plus prédateurs étaient les moins exposés au danger climatique n’est plus vérifié. Nous sommes tous concernés. Aussi bien les pays côtiers que les espaces de montagne, le Nord comme le Sud. Partout les températures s’élèvent. L’année 2015 a été l’une des plus chaudes du siècle dans notre pays et je n’oublie pas que le Sud Est a connu, il y a quelques semaines, des intempéries dramatiques.  Je rappelle aussi que la grande majorité des réfugiés fuient les conséquences du réchauffement. 80% de ces réfugiés sont accueillis dans les pays du Sud de la planète. Ainsi, même si nous parvenions à régler la question de la Syrie, nous serons toujours confrontés à des migrations de millions de personnes contraintes au nomadisme du fait de l’impossibilité de cultiver leur terre. Ces désordres ne pourraient qu’engendrer de nouveaux conflits ».

 

Par la tenue de la COP21, le message que la France souhaite envoyer au monde est clair : elle « triomphera des périls ». « La France ne renoncera jamais à ce qu’elle est : une grande nation qui parle au monde et qui est capable de le réunir pour décider de son destin ». C’est à Paris « qu’a été proclamée, en 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et qu’a été lancée une révolution qui ignorait les frontières. C’est toujours à Paris, en décembre 2015, que doivent s’inscrire les droits de l’humanité » dans « une sorte de révolution si la quasi-totalité des Etats du monde approuvent un accord contraignant comprenant des obligations et des engagements financiers » (PR, 24/11/15).

 

Le combat contre le terrorisme et contre le dérèglement climatique est « le même », avec « la même urgence » (PR, 24/11/15) :

–        Un combat d’une part pour « protéger l’humanité des actions de mort que porte Daech, qui frappent, bien plus que la France, l’ensemble du monde ».

–        Un combat d’autre part pour « préserver la planète de nos propres inconséquences, qui peuvent être, demain, des sources de conflit et de guerre ».

« Les circonstances tragiques donnent un sens encore plus décisif » à la Conférence de Paris sur le Climat (PR, 24/11/15) :

–        « Jamais Paris n’aura accueilli tant de chefs d’Etat et de gouvernements ». Près de 140 chefs d’Etat et du gouvernement du monde entier sont attendus pour le lancement de la COP21.

–        « Jamais l’enjeu n’aura été plus élevé. Jamais l’obligation d’agir n’a été si grande ». Au-delà d’un « monde libéré du terrorisme », il est nécessaire de « préserver la ­planète de nos propres errements et construire un avenir d’espérance et de progrès. Ce qui est en question dans cette conférence, c’est l’humanité ».

 

« Pour être à la hauteur de notre propre histoire », l’accord doit être :

–        « Contraignant », tout en sachant qu’il y a « des règles institutionnelles [qui] peuvent empêcher certains gouvernements de signer des traités dès lors qu’ils doivent en référer à leur Parlement » ;

–        « Universel » :

o   « Les pays émergents ne peuvent pas rester en dehors du cadre ; ceux qui émettent le plus de CO2 ont des devoirs dont ils ne peuvent s’exonérer, quel que soit l’état de leur développement ».

o   « Les pays riches doivent se montrer exemplaires en matière de financement et de choix industriels. A cet égard, Barack Obama a envoyé un signal très positif avant de venir à Paris en refusant d’autoriser le projet d’oléoduc géant entre le ­Canada et les Etats-Unis ».

–        « Pour tenir l’objectif des 2 ° », il doit « prendre acte des engagements actuels, puis considérer que l’accord général engage toutes les parties prenantes de manière différenciée. Ensuite, introduire un mécanisme pour évaluer, réviser, corriger les trajectoires afin de ne pas dépasser ces 2 °. Il ne s’agit pas de reporter le problème aux Conférences Climat qui suivront mais de créer un rendez-vous régulier pour s’assurer que l’accord de Paris atteindra bien dans la réalité, et sur la durée, l’objectif fixé. Cette clause de révision est essentielle. Elle a été admise par le président Xi Jinping. Son exemple sera suivi par d’autres. Nous sommes même convenu que cette nouvelle estimation serait établie dès 2017-2018, avant que ne s’appliquent les mécanismes contraignants, c’est-à-dire en 2020. Il s’agit là d’une grande avancée ».

Sur un plan éthique, « qu’est-ce qui est le plus important, le présent ou l’avenir ? La consommation ou la préservation ? Ma vie ou celle de mes enfants ? Mon territoire ou la planète toute entière ? Voilà des choix éminemment éthiques. Alors, la politique peut retrouver à travers le défi climatique de nouveaux fondements » (PR, 24/11/15).

Sur un plan politique, il aurait été préférable « qu’il y ait des écologistes au gouvernement au moment où se tenait la Cop 21. Mais [le président de la République a] veillé à travailler avec toutes les forces et toutes les personnalités parce que c’est ensemble que nous devions préparer ce rendez-vous ». « Aujourd’hui la croissance verte est reconnue comme le ressort principal de l’activité de demain » (PR, 24/11/15).

S’agissant de la mobilisation citoyenne, « pour faire pression sur les dirigeants réunis », « dans le contexte que nous connaissons depuis le 13 novembre […] les manifestations prévues ne pourront pas […] être confirmées ». « Les ONG qui en avaient pris l’initiative l’ont regretté mais […] l’ont compris ». « Leur engagement est intact, il sera même sans doute plus fort encore, comme en témoigne l’extraordinaire diversité des initiatives prévues à l’agenda des solutions ». « De nombreux événements auront néanmoins lieu en Ile-de-France, dans des lieux ­fermés et sécurisés » (PR, 24/11/15).

S’agissant de l’organisation, « il y aura des désagréments » en Ile-de-France. « Une partie de la circulation sera interrompue le jour de la conférence. Il y aura des dispositifs de sécurité. Qui pourrait nier leur nécessité dans ces circonstances ? ». « Que pèsent ces mouvements d’humeur à l’échelle de l’humanité, si Paris doit être non seulement la capitale du monde, mais la ville d’un accord historique pour l’avenir de nos enfants ? » (PR, 24/11/15).

 

 

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