Eric Alauzet : « Soutenir Alexis Tsipras et le peuple grec »

Éric Alauzet a souhaité revenir dans une tribune sur son vote favorable au 3ème mémorandum en faveur de la Grèce.

 

Tribune

Soutenir Alexis Tsipras et le peuple grec

La question qui était posée au Parlement français et celle qui était proposée aux grecs était en réalité extrêmement simple : valider le 3ème mémorandum entre la Grèce et ses créanciers publics, à savoir ici l’Union Européenne et la BCE – Banque Centrale Européenne, ou choisir le Grexit (la sortie de la Grèce de la zone Euro) de M. Schäuble, ministre des finances allemand, avec le risque de contagion à d’autres pays du sud ou tout au moins, dans un premier temps, de nouvelles spéculations financières sur les dettes souveraines de ces pays.

Les Conséquences de Grexit et de la « faillite désordonnée » ont été largement détaillées par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, comme un « choc de pauvreté » avec faillite des banques, déflations, dévaluation de la monnaie, dépeçage des actifs publics, etc. Bref, il fallait éviter le « désastre » selon les propres mots d’Alexis Tsipras.

L’analyse du contenu dévastateur du mémorandum ne fait pas débat, mais ce n’était pas la question première. Notamment, la baisse de la dépense publique de 3,5% du PIB en deux ans aura inévitablement des effets récessifs qui inhiberont la croissance et creuseront la dette.

 

La position des créanciers publics est parfois odieuse quand ils demandent à la Grèce de baisser les dépenses militaires en agissant sur les salaires et le volume des personnels pour ne pas toucher aux achats d’armes dont bénéficient principalement la France et l’Allemagne. On touche là le cynisme absolu. D’autres mesures sont pourtant nécessaires qui visent à mieux faire rentrer l’impôt, à lutter contre la corruption ou à rendre l’administration plus efficace.

Certaines étaient d’ailleurs dans le programme du parti, Syriza vainqueur aux dernières législatives et on peut regretter qu’il ne les ait pas enclenchées dès son arrivée au pouvoir. Oui, il faut dire aussi que la Grèce – avec ses Gouvernements successifs tous plus corrompus les uns que les autres – a failli depuis trop longtemps et qu’elle suscite aujourd’hui la méfiance extrême des pays de l’Union européenne, voire le rejet par les plus petits pays qui ont entrepris des réformes importantes et impopulaires et où le niveau de vie des populations est inférieur à celui de la Grèce. Ce rejet n’est pas simplement celui des Gouvernements mais des peuples dont on aurait raison de craindre que leur soit donnée l’occasion de s’exprimer par referendum sur ce mémorandum. Ce sont eux les plus favorables au Grexit.

 

Certaines mesures sont inadmissibles mais il convient là aussi de regarder la situation avec le plus d’objectivité possible. Par exemple, il n’y a pas de plan de privatisation de 50 milliards mais le cautionnement par 50 milliards d’actifs des prêts accordés par les créanciers. Il serait en fait question de 2,5 milliards de privatisations programmées sur les trois ans à venir. En revanche, il n’est pas interdit d’aider la Grèce à mieux gérer ses actifs et à en retirer le profit pour elle-même. C’est une des propositions que j’ai faite à Michel Sapin, ministre des finances, lors de son audition à huis clos à l’Assemblée nationale (cf. les cinq questions à Michel Sapin).

 

Une partie du mémorandum porte sur le renforcement des investissements (12,5 Md€) mais il ne faut pas se leurrer, là comme partout et en France aussi, la relance des investissements n’a malheureusement pas empêché et n’empêchera pas l’érosion progressive de la croissance en Occident avec son impact négatif sur les déficits et sur la dette. Sans compter que le surcroît d’investissement ne garantit en rien sa nature écologique.

Et pour remettre brièvement les débats en perspectives, ce n’est pas le traité de stabilité en soi qui est à l’origine de la récession dans ce pays comme dans les autres, mais parfois sa brutalité et surtout le choix de faire porter l’effort quasi exclusivement sur la baisse de la dépense publique alors que la communauté aurait pu – et du – faire converger ses efforts en direction de la lutte contre la corruption, l’optimisation fiscale agressive, la fraude pour améliorer ses recettes et les équilibres budgétaires – notamment en Grèce – en faisant payer celles et ceux (ménages, entreprises, Etats…) qui ont largement profité du système depuis 30 ans.

 

Mon vote en faveur de ce mémorandum aura donc été celui qui participait à éviter le Grexit, il a été celui du soutien à Alexis Tsipras, celui du soutien au peuple grec qui est favorable à cet accord (à plus de 70%), celui de la France reconnue par les Grecs comme le pays qui les a soutenu. Et pour paraphraser Alexis Tsipras : « Je ne laisserai personne me dire que ce choix ne respecte pas les idéaux de la gauche ».

 

Éric ALAUZET

Député du Doubs

Un commentaire pour “Eric Alauzet : « Soutenir Alexis Tsipras et le peuple grec »”

  1. Je ne souhaite pas que la Grèce sorte de l’Europe sinon nous perdrons une partie de notre âme. Ne pas payer d’impôts, éviter les taxes ne sont pas de bonne augure pour l’avenir des grecs mais n’est ce pas un juste retour dans la gestion d’un pays ? Je suis favorable au 3eme mémorandum de la Grèce: Courage à toute la Grèce!!!;;

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