Éric Alauzet, premier élu des nouveaux entretiens du dimanche dans l’Est Républicain.
Éric Alauzet : « Sur les migrants, ça va être chaud ! »
Élu député EELV du Doubs en 2012, Éric Alauzet a conservé son siège en 2017 et a rallié le groupe parlementaire de La République en marche. Il salue le « dépassement des clivages » mais croit que droite et gauche ont encore un avenir politique.
D’un mandat à l’autre, qu’est-ce qui a changé ?
Le débat budgétaire, pour moi qui suis à la commission des finances, a été plus fluide, avec une majorité un peu plus confortable, moins fractionnée. N’oublions pas que, dès novembre 2012, il y avait eu des frondeurs. Combien de suspensions de séances, d’amendements perdus parce que les députés se disputaient, n’étaient pas tous là ou ne votaient pas pareil ? C’est une situation que nul ne veut revivre. Avec La République en marche, il n’y a pas d’écuries, d’amitiés de trente ans, de stratégies de conquête du pouvoir comme à l’intérieur du PS. Macron applique son programme, ça rend les choses plus faciles et c’est cohérent. Bien sûr, c’est le début et ça ne durera pas.
Certains vous reprochent d’être un groupe « monobloc », en déficit de démocratie interne…
Je ne dirais pas les choses comme ça. J’ai vu Barbara Bessot-Ballot, en Haute-Saône, monter au créneau sur les limitations de vitesse et une autre collègue, lors des questions au gouvernement, le faire sur la question des migrants (N.D.L.R. : Sonia Krimi, députée de la Manche). Parfois de façon plus flagrante qu’avec le PS car ce sont des élus moins expérimentés, qui prennent moins de précautions. J’ai moi-même réussi à faire passer mon amendement sur le maintien de l’aide à l’agriculture bio. Au départ, je me suis fait engueuler, y compris par la commission agricole dont je ne suis pas membre. À l’arrivée, tout le monde s’est vanté du fait que nous avions maintenu ces aides. J’ai aussi pris mes distances avec l’obligation de vacciner. Sur les sujets où il n’y a pas de doctrine, car ils ne figuraient pas dans le programme, chacun peut s’exprimer. Mais il faut un cadre.
Le projet de Gérard Collomb sur l’asile et l’immigration pourrait-il faire office de détonateur ?
Sur les migrants, il va y avoir du débat, ça va être un peu chaud. Car on a besoin que la France soit à la hauteur de ses valeurs. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas de fermeté et ne pas reconduire certains chez eux. Mais il faut rester en ligne avec nos traditions d’accueil. La demande d’asile doit être étudiée dans le pays où la personne souhaite aller. Mais si le cas a été traité, qu’il y a eu rejet, on ne va pas considérer que les gens peuvent faire ensuite tous les pays d’Europe les uns après les autres et qu’on va repartir à zéro. Après, il faut sortir de l’opposition binaire, caricaturale, dichotomique entre ressortissants de pays en guerre, pour qui l’accueil serait l’autoroute, et les autres, qui n’auraient aucune justification à faire valoir. Il y a des cas intermédiaires pour lesquels il faut faire preuve d’ouverture et de bienveillance.
Quand vous dites, à propos du bloc LREM, que « ça ne durera pas », à quoi pensez-vous ?
Pour moi, le clivage gauche-droite reste une réalité. C’est une tension entre l’individuel et le collectif. La droite incarne plus l’idée de l’autonomie et de la responsabilité des individus, la gauche a le souci que nul ne soit abandonné sur le bord du chemin. Avec des dérives connues : ultralibérale, communautariste et nationaliste d’un côté, de la déresponsabilisation et l’assistanat de l’autre. C’est parce que je pense qu’il faut être plus collectif qu’individuel que je suis à gauche. Maintenant, on est dans une période féconde, un peu extraordinaire, qui nous oblige à dépasser nos propres barrières. Elle ne durera pas mais profitons-en pour nous remettre en cause et faire avancer les lois sur la dynamisation des entreprises et de l’emploi, la valorisation du travail, la protection sociale. Ceci fait, la vie politique a vocation à être binaire, on ne peut pas rester sur du ternaire avec un gouvernement qui a deux oppositions, à droite et à gauche, ce qui est inédit. Je ne sais pas si c’est pour deux ans ou plus, mais non, je ne crois pas que ça puisse durer.
Êtes-vous toujours candidat à la mairie de Besançon ?
Évidemment que c’est une option. J’ai beaucoup de sollicitations et j’y réfléchis forcément. Je dois d’abord affiner et développer ma vision personnelle sur ce territoire et évaluer la situation politique. À partir de là, je déciderai d’ici la fin de l’année.
Qu’est-ce qui pourrait éventuellement vous dissuader ?
J’ai dû conduire l’initiative parlementaire pour défendre le CROUS à Besançon alors que ce choix avait été acté. Comme on ne peut pas monter au créneau sur tout, pour rester crédible, ça rend plus difficile de le faire maintenant pour la cour d’appel. Si le prochain mandat, à Besançon, c’est passer son temps à ne pas perdre ce que Dijon veut nous piquer de façon déloyale, non merci ! Ce n’est pas un projet politique. Et puis, c’est tout petit, Dijon. Ils peuvent faire les gros bras, mais s’ils ne s’appuient pas sur Besançon, ce sont Lyon ou Nancy qui en bénéficieront et je ne donne pas cher de leur peau. Mais il faut aussi qu’on se sorte de ça nous-mêmes, pour ne pas se piéger et s’y épuiser.
Propos recueillis Jean-Pierre TENOUX
uuuu
Bonsoir Eric. tu connais sans doute le dossier de cette famille d’Ouzbékistan qui doit être expulsée . certes cette famille à fait la bêtise d’entrer en France sous un faux nom mais voilà cinq ans qu’elle est en Chez nous . Cette famille à fait des efforts d’intégration énormes deux enfants sont nés ici et on les expulserait.On marche sur la tête.Pourrais tu à ton niveau essayer de trouver une solution? est-ce qu’il nous reste un peu d’humanité? Je me pose la Question
Bonjour André,
Bonjour André,
Je connais cette famille et j’étais intervenu en sa faveur il y a deux ans. Le Préfet n’avait pas infléchi sa position, notamment du fait de l’usurpation d’une fausse identité par la famille. Cette famille reste aujourd’hui pénalisée par ce même fait générateur. Je vais reprendre contact avec la Préfecture dans les prochaines heures.
Bien à toi.