Eric ALAUZET : « La question de la crédibilité ne se pose pas seulement pour la Grèce mais aussi pour l’Union européenne ».
Question au gouvernement sur la dette de la Grèce par ericalauzet
Le jour où le Président de la République accueillait à l’Elysée le nouveau premier ministre grec Alexis Tsipras, Éric Alauzet a interrogé le gouvernement sur la position de la France vis-à-vis de la dette en Grèce.
La rencontre, pour le député, « symbolise la volonté de la France d’agir en trait d’union entre la Grèce et ses partenaires européens ». Et de se saisir de ce « trait d’union » pour construire une autre voie possible pour l’Europe : « Entre la politique dévastatrice de réduction massive des dépenses publiques qui a épuisé le peuple grec et le mur de la dette, deux mesures pourraient ouvrir une troisième voie ».
« Première mesure : effacer les intérêts de la dette. Cela ne serait que justice, comme un devoir de réparation (…) car si chaque État doit rester responsable de ses dettes, il est incompréhensible que l’Union européenne n’ait pas protégé ses membres face aux taux d’intérêts usuraires pratiqués par ceux qui ont spéculé sur les dettes souveraines, ce qui a conduit à une évolution exponentielle et rédhibitoire de la dette. »
« Seconde mesure : augmenter les recettes de l’État grec » par la mise en œuvre de réformes pour lever efficacement l’impôt, ce qui incombe à la Grèce « mais elle ne pourra pas mettre fin seule à l’évasion fiscale ». Et l’Union européenne doit accélérer la mise en place des mesures du G20 visant à limiter les transferts de bénéfices des multinationales vers les paradis fiscaux. « La trajectoire de réduction des déficits publics de la Grèce ne trouvera une légitimité politique et citoyenne et une réelle crédibilité que si l’Union se fixe le double objectif de l’extinction de l’évasion fiscale et de l’abandon des intérêts sur la dette souveraine. »
Le secrétaire d’État chargé du budget Christian Eckert, a répondu à Eric Alauzet en indiquant que le gouvernement était sur la même position que le député du Doubs, substituant à l’expression « trait d’union », le terme « facilitateur » : « Nous nous rejoignons sur l’attitude de la France par rapport à la situation de la Grèce. La position de notre pays tient en trois verbes : parler, proposer et permettre ».
« Parler, c’est faire en sorte que la Grèce continue de parler avec l’ensemble des acteurs du dossier, y compris avec ceux à l’encontre desquels elle a pu avoir des mots extrêmement sévères ».
« Proposer, c’est aussi entendre les propositions de la Grèce qui sont en train de se dessiner, plus audibles jour après jour. Cela nous permettra, lorsque nous les connaîtrons formellement – je pense à l’indexation des obligations sur la croissance, vous avez aussi évoqué d’autres pistes – de nous positionner, et éventuellement de discuter des modalités de mise en œuvre ».
« Enfin, permettre, c’est permettre à la Grèce de retrouver la croissance (…) et il faut s’entendre au niveau européen (…) Il faut, grâce à la France et à l’Allemagne, rendre possible le retour de la croissance en Grèce comme ailleurs. Ce que nous entendons ces derniers jours de la part du nouveau gouvernement grec va tout à fait dans le sens de la position défendue par la France ».
La question et la réponse :