Education : Développement des Campus des métiers et des qualifications.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche était en visite à Besançon lundi dernier au lycée Jules Haag, pour annoncer la liste des 26 nouveaux campus des métiers et des qualifications labellisés.
Éric Alauzet était présent à cette visite ministérielle. L’occasion était donnée aussi de répondre aux inquiétudes concernant le transfert à Montbéliard du BTS Métiers de la Mode (ci-dessous).
Le campus des métiers et des qualifications, créé par la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République, réunit, sur un territoire donné, un ensemble d’acteurs (rectorat, région, établissements publics locaux d’enseignement et établissements de l’enseignement supérieur, organismes de recherche, Direccte, tissu économique local, pôles de compétitivité, clusters, plateformes technologiques, etc.) en vue de la construction d’une offre de formation initiale et continue en lien avec une filière qui correspond à un enjeu économique régional ou national. C’est un réseau ouvert et coopératif porteur de méthodes de travail partenariales et d’innovations au niveau territorial, en faveur d’une politique éducative, de formation professionnelle et d’insertion professionnelle. Ils sont complémentaires des Pôles de Compétitivité et des Programmes d’Investissement d’Avenir (PIA).
Rôle des campus
Faciliter l’insertion professionnelle des jeunes sur des filières professionnelles porteuses d’avenir et innovantes et mieux coordonner les besoins des entreprises en main d’œuvre avec les formations professionnelles, en lien avec les politiques de développement économique des territoires, sont les objectifs des Campus.
Selon les propos que la ministre a tenus au lycée Jules Haag, « avec ces campus, nous voulons recréer le lien évident entre une formation, une filière professionnelle et un métier. Le Bac Pro existe depuis 30 ans maintenant et ces dernières années, on avait le sentiment que ces filières étaient assez mal connues et n’avait pas forcément la meilleure réputation… Cela est sans doute lié aussi que l’on s’est éloigné de la notion de métier. En s’engageant dans un lycée pro ou un CFA qui fait partie d’un campus des métiers des qualifications, un élève sait qu’il aura des entreprises intéressées par ses études et qui viendront le chercher, que des universités pourront lui proposer des études supérieures, que des laboratoires de recherche travaillent sur le métier sur lequel il est formé. »
« C’est le cas ici à Besançon pour les microtechniques, au Creusot pour l’usine du futur, les métiers de la mode sur Montbéliard. À Dijon, nous sommes sur les énergies renouvelables et la transition énergétique » a précisé la présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, Marie-Guite Dufay.
77 campus des métiers et des qualifications labellisés en 2017
C’est au lycée Jules Haag de Besançon, nouvellement labellisé « Campus microtechniques et systèmes intelligents », que Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la liste des 26 nouveaux campus des métiers et des qualifications labellisés au niveau national (dont 6 en Bourgogne Franche Comté) dans le cadre du quatrième appel à projets, mis en place au titre de la plate-forme État-région conclue en mars 2016.
Avec cette dernière vague de labellisation, ce sont désormais 77 Campus des métiers et des qualifications qui maillent le territoire et proposent une offre de formation professionnelle d’excellence, co-construite avec tous les acteurs et répondant aux enjeux de développement économique des territoires et de filières (infrastructures et éco-construction, chimie et biotechnologie, mécatronique, mobilité et transports, gastronomie et tourisme etc.). Ils illustrent le dynamisme du partenariat État-région au service du développement de l’offre de formation en lycées professionnels, en lien avec l’enseignement supérieur, et la construction de parcours plus fluides et mieux accompagnés pour les jeunes permettant leur qualification et leur insertion dans l’emploi. Ces dispositifs viennent compléter l’engagement de l’État en partenariat avec les régions pour le développement de l’enseignement professionnel :
- création à la rentrée 2017 de 500 nouvelles formations dans la voie professionnelle pour les métiers d’avenir et en tension
- création de 10 000 places de BTS sur cinq ans et mise en place à la rentrée 2017 de l’expérimentation Bac Pro-BTS dans trois régions académiques pour garantir la poursuite d’études des bacheliers professionnels
- mise en œuvre, dans le cadre des investissements d’avenir, du protocole expérimental Pro-Fan pour faire travailler ensemble des chercheurs et 80 établissements scolaires sur l’adaptation des compétences professionnelles aux enjeux du numérique d’aujourd’hui et de demain.
Najat Vallaud-Belkacem a annoncé le lancement du cinquième appel à projets Campus des métiers et de qualifications qui permettra aux acteurs économiques et aux acteurs de la formation scolaire et universitaire, en partenariat avec les régions et les régions académiques, de formuler de nouveaux projets répondant aux besoins des territoires. Le cinquième appel à projets sera particulièrement l’occasion de favoriser l’émergence de projets dans le secteur tertiaire, de l’efficacité énergétique ou encore des filières impactées par les enjeux du numérique.
Zoom sur les 6 Campus des métiers et des qualifications en Bourgogne-Franche-Comté
Un Campus des métiers et des qualifications avait été labellisé suite à l’appel à projets de 2015 : le campus ‘automobile et mobilité du futur’ à Montbéliard. Cinq nouveaux campus ont été labellisés suite à l’appel à projets 2016 :
- microtechniques et systèmes intelligents
- territoire intelligent
- maroquinerie et métiers d’art
- industrie technologique innovante et performante
- alimentation, goût, tourisme.
Focus sur l’expérimentation baccalauréat professionnel/BTS : un dispositif pour sécuriser la poursuite d’étude dans la voie professionnelle
L’essentiel
- Cinq académies se lancent dans l’expérimentation : Lille, Rennes, Dijon, Besançon et Amiens.
- L’expérimentation est mise en place pour 3 ans à la rentrée 2017.
- Les élèves concernés sont les élèves de terminale professionnelle scolarisés dans un EPLE, dans un lycée privé sous contrat ou hors contrat, dans un établissement public d’un autre ministère (lycée agricole ou préparant à des métiers maritimes) de la région académique.
- Le principe est de permettre la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur de droit en s’appuyant sur le processus d’orientation et l’accompagnement des élèves tout au long de l’année plutôt que sur la sélection à la fin l’année de terminale.
À sa création, le baccalauréat professionnel avait pour objectif principal l’insertion professionnelle directe mais permettait déjà de poursuivre une formation ultérieure. Aujourd’hui, 30 ans après, la poursuite d’études supérieures est une réalité et c’est une demande des jeunes eux-mêmes : 48 % des bacheliers professionnels souhaitent poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur.
La loi de juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et la recherche a institué les premiers quotas de bacheliers professionnels dans les STS (Sections de Techniciens Supérieurs) : 30 % de ces bacheliers poursuivent dans les STS publiques.
L’expérimentation porte sur :
- la procédure d’accès en STS: dans le cadre commun, tout bachelier professionnel, s’il souhaite poursuivre en STS, est soumis à une procédure de sélection. Dans le cadre de l’expérimentation, les nouveaux bacheliers professionnels qui souhaitent poursuivre leurs études en STS et qui disposent d’un niveau de maîtrise suffisant attesté par l’équipe pédagogique de terminale, pourront y être admis de droit. Le processus de sélection est remplacé par un processus d’orientation progressive et accompagné.
- l’accompagnement des élèves de terminale professionnelle et la préparation à leur entrée dans l’enseignement supérieur pour leur donner toutes chances de réussite.
Focus sur 500 nouvelles formations professionnelles pour les métiers d’avenir
Plus de 500 nouvelles formations en lycées professionnels sont en train d’être créées pour la rentrée 2017, ciblées sur les métiers de demain et les métiers en tension, du CAP au BTS. Cette action est soutenue par la création de 1 000 postes d’enseignants. Les parcours en apprentissage et les parcours mixtes représenteront un quart des projets.
Liste des nouvelles formations professionnelles :
Académie de Besançon
- BTS et/ou Bac Pro approche collaborative dans le bâtiment (building information modeling)
- CAP agent polyvalent de restauration
- Certification réseaux et télécommunication
- BTS découpe emboutissage
- Titre professionnel technicien supérieur de maintenance industrielle option éolien
- CAP opérateur logistique
- Bac Pro ASSP option domicile avec spécialisation mise en œuvre des objets connectés et service à distance à la personne
Académie de Dijon
- Formation aux services distants
- Bac Pro boulanger-pâtissier
- Bac pro des métiers du cuir
- Bac Pro ASSP mise en œuvre des objets connectés et service à distance à la personne
- Bac Pro technicien appareillage orthopédique
- BTS services et prestations des secteurs sanitaires et social
- BTS conception des processus de réalisation de produits (option unitaire)
- BTS contrôle industriel et régulation automatique
- BTS et/ou Bac Pro approche collaborative dans le bâtiment (building information modeling)
- BTS maintenance des systèmes option éolien
- Contrôle non destructif
- Certification réseaux et télécommunication formation BZEE/GWO (certification éolien)
Transfert du BTS mode de Jules Haag à Montbéliard (lycée des Hyuisselets)
Dans le cadre de la mise en œuvre du campus des métiers et des qualifications ‘maroquinerie et métiers d’art’, le rectorat et la région ont prévu depuis 2015 le transfert du BTS mode, implanté depuis 28 ans au lycée Jules Haag de Besançon, vers le lycée des Hyuisselets à Montbéliard.
Interpellé par l’équipe enseignante, Éric Alauzet a reçu et échangé avec elle. Ce transfert a généré des inquiétudes légitimes de sur la baisse du niveau de ce BTS qui est directement en lien avec les entreprises du secteur et de la filière.
Le député a relayé leurs constats et contacté Le Recteur d’Académie et la Présidente de Région. Ils lui ont assuré en retour que ce transfert, décalé à la rentrée 2018, se fera dans les meilleures conditions possibles et que des engagements avaient été pris pour maintenir les partenariats locaux avec les entreprises ou les évènements comme le Salon de la Mariée à Besançon.
Dans le même temps, le BTS Conception de processus de découpe et emboutissage sera implanté au Lycée Jules Haag pour renforcer le pôle existant des formations dans les microtechniques.
La ministre s’est exprimé également sur le sujet : « Que l’on puisse penser à l’échelle d’un aménagement territorial de formation notamment pour créer des pôles d’excellence, et précisément c’est ce que nous construisons autour des campus des métiers et des qualifications qui permettent aujourd’hui à la Région Bourgogne Franche-Comté d’avoir six pôles d’excellence différents (…), oui, ça me paraît de bonne politique. Il est important d’avoir un territoire qui concentre toute une palette de filières de formations, d’activités autour de cette thématique ».
Ainsi que la Présidente de Région : « J’entends une crainte par rapport aux acteurs économiques qui pensent qu’ils pourraient moins travailler avec le BTS dès l’instant qu’il se fait à Montbéliard plutôt qu’à Besançon. Mais ça, il faut nous démontrer pourquoi. Il y a énormément d’acteurs économiques de la mode qui sont autour de Montbéliard avec la dynamique créée par l’école Boudard autour de la maroquinerie et que les BTS se forment à Montbéliard ou à Besançon par rapport à tous les acteurs économiques de la mode dans la région, ça ne change pas grand-chose. Ce qui change, c’est qu’on puisse rassembler les forces sur Montbéliard et dans le sens de la création de ce campus mode, métiers d’art et maroquinerie. Ce serait dommage de laisser le BTS de la mode tout seul à Jules Haag alors que ce campus se met en place à Montbéliard, ce qui sera une force pour les jeunes afin qu’ils trouvent du travail, pour les acteurs économiques en lien avec la recherche. Ca implique du changement : ça veut dire que des professeurs de Besançon vont devoir aller à Montbéliard : je crois que c’est un ou deux professeurs. Il faut accompagner ce changement vraiment dans l’intérêt des jeunes et de notre territoire. »