Des parlementaires lancent « l’appel du 8 juin » pour mettre fin à la sous-nutrition

A la veille du G8 en Irlande du Nord, Eric ALAUZET signe l’appel du 8 juin de parlementaires (*) pour que la nutrition infantile soit une priorité du développement. Cet appel est soutenu par Action contre la Faim, Alima, Global Health Advocates, Médecins Sans Frontières et l’UNICEF.

Communiqué de l’Unicef et Question au gouvernement du parlementaire Jean René Marsac.

 

Communiqué UNICEF

Paris, le 6 juin 2013 – A la veille du sommet international Nutrition pour la croissance organisé à Londres par le Royaume-Uni et le Brésil en amont du G8, des Parlementaires lancent un appel pour que la lutte contre la sous nutrition infantile soit placée au cœur des politiques publiques de santé, de protection sociale et de développement.

Cet appel s’inscrit dans la continuité de la Conférence internationale de Paris contre la malnutrition infantile des 14 et 15 mai derniers[1], qui appelait à la mobilisation des bailleurs internationaux, des décideurs politiques et économiques, mais aussi des représentants de la société civile, des pays du Nord comme du Sud, contre ce fléau mondial.

Pourquoi se mobiliser aujourd’hui ?

Parce que ce sommet est une opportunité unique pour élaborer ensemble, à l’échelle internationale,  des mesures plus efficaces de lutte contre la malnutrition grâce à une augmentation des investissements, un meilleur ciblage des interventions dans les programmes et à une meilleure coordination entre les pays bailleurs et les pays affectés.

La sous-nutrition est la cause sous-jacente de plus du tiers des décès des enfants de moins de cinq ans dans le monde. Par ailleurs, 165 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance dus à la malnutrition chronique, dont les conséquences sur le développement physique et cognitif sont irréversibles. En Afrique sub-saharienne, jusqu’à 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance.

 

En empêchant les enfants d’atteindre leur plein potentiel, la malnutrition nuit à la productivité et plombe les dépenses publiques. Elle représente pour les pays touchés une perte économique de 2 à 3% de PIB et est reconnue comme un obstacle majeur au développement perpétuant le cycle vicieux de la pauvreté.

Malgré ce constat catastrophique, la prise en compte effective de la malnutrition à l’échelle internationale n’est pas à la hauteur et ne permettra pas d’atteindre les résultats attendus[2]. Seul 0,4% de l’aide mondiale est alloué à la nutrition.

Que demandent les Parlementaires dans leur appel ?

Ils enjoignent les gouvernements à faire de la lutte contre la malnutrition une priorité des politiques de développement nationales,  européennes et mondiales ; à accélérer le déploiement à grande échelle des interventions prioritaires qui ont fait leurs preuves ; à intégrer la nutrition materno-infantile dans les politiques de santé, de protection sociale, d’éducation et d’agriculture ; à favoriser des approches coordonnées entre les différents acteurs. Enfin, le combat contre la malnutrition ne pouvant plus se satisfaire de réponses et de financements d’urgence, les Parlementaires appellent à une mobilisation de ressources financières suffisantes et pérennes.

Pourquoi ces élus ont-ils décidé de s’engager sur ces questions ?

Parce que les Parlementaires du Nord et du Sud ont une responsabilité, à travers leur travail législatif et leur pouvoir d’influence, dans la création d’un environnement favorable à la lutte contre la malnutrition.

Au niveau de la France, les discussions à l’automne prochain autour de la loi d’orientation sur l’aide au développement leur donneront l’occasion de porter cette priorité.

Au niveau européen, ils doivent s’assurer que l’UE concrétise ses ambitions affichées dans sa stratégie pour la nutrition publiée récemment. Cette dernière a été accueillie comme une évolution positive mais ni les moyens financiers alloués ni les mécanismes de contrôle n’ont été dévoilés.

Au niveau africain, les Parlementaires qui rejoindront l’appel pourront encourager l’adoption d’un plan national de nutrition ambitieux, voter des mesures de renforcement des systèmes de santé ou encore encadrer et promouvoir des pratiques responsables du secteur privé en faveur d’une nutrition adéquate, de qualité et accessible à tous.

Cet appel parlementaire à la veille de réunions importantes marque une prise de conscience indispensable à l’action, et constitue un point de départ. ACF, Alima, Global Health Advocates, MSF et l’UNICEF France, qui portent cette initiative, souhaitent que d’autres parlementaires de France, du Parlement européen et des Parlements africains rejoignent ce mouvement international en faveur de la nutrition.

* Colette Capdevielle est députée (PS) de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques (64), Anne-Yvonne Le Dain est députée (PS) de la 2ème circonscription de l’Hérault (34) et Jean-René Marsac est député (PS) de la 4ème circonscription d’Ille-et-Vilaine (35)

 

Question au Gouvernement – Mercredi 12 juin 2013

Lutte internationale contre la sous-nutrition

M. le président. La parole est à M. Jean-René Marsac, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.

M. Jean-René Marsac. Ma question s’adresse à M. Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement. J’y associe mes collègues Colette Capdevielle et Anne-Yvonne Le Dain, avec lesquelles j’ai participé à une mission sur la question de la sous-nutrition.
Samedi dernier se tenait à Londres une réunion internationale sur la sous-nutrition et la sécurité alimentaire, réunissant les pays du G8 et des pays du sud.

Cette année encore, plus de 2 millions d’enfants n’auront pas la chance de fêter leur cinquième anniversaire, et 165 millions souffrent d’un retard de croissance dû à la sous-nutrition. Au-delà de l’urgence humanitaire, il s’agit d’un handicap majeur pour le développement des pays concernés.

L’ambition de ce sommet du 8 juin était de mobiliser davantage de fonds en faveur de la lutte contre la sous-nutrition.

la France est membre de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, une initiative lancée lors du sommet du G8 à Camp David en 2012. L’objectif est de promouvoir l’investissement privé dans le secteur agricole dans six pays africains pilotes et de sortir 50 millions de personnes de la pauvreté d’ici dix ans. Néanmoins, les ONG craignent que les intérêts économiques prennent le pas sur la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Par ailleurs, la France a rejoint le Mouvement mondial de renforcement de la nutrition qui s’est fixé pour objectif de changer la manière dont le monde répond au problème de la sous-nutrition. En effet, au-delà des chiffres, il est nécessaire de promouvoir une utilisation plus efficace et plus transparente des financements internationaux.

Monsieur le ministre, conformément à l’engagement du Président de la République, vous présenterez un projet de loi sur la politique de développement dans les prochains mois. Quelles seront les orientations du Gouvernement afin d’affirmer une vision française de la politique de lutte contre la sous-nutrition et l’insécurité alimentaire ?

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du développement.

M. Pascal Canfin, ministre délégué chargé du développement. Monsieur le député Jean-René Marsac, mon analyse et celle du Gouvernement rejoignent totalement la vôtre, et je tiens à saluer votre engagement personnel et celui des députées auxquelles vous vous associez sur cette question. Je salue également le travail des ONG françaises, particulièrement actives et dont l’action en matière de lutte contre la faim dans le monde est reconnue partout dans le monde.

Alors que l’humanité pourrait nourrir sept milliards d’habitants sur cette planète, il y a aujourd’hui un milliard de femmes, d’hommes et d’enfants qui souffrent de malnutrition. Dans ce contexte, nous aidons d’abord les pays qui le souhaitent à prendre des dispositions concrètes, réglementaires et juridiques, pour lutter, par exemple, contre l’accaparement des terres, facteur aggravant de la malnutrition.

Ce week-end à Londres, en marge du G8, nous allons signer avec le Sénégal un contrat qui transfère dans leur droit des garanties permettant de lutter contre l’accaparement des terres.

Nous avons également instauré un dispositif financé par la taxe sur les transactions financières, qui permettra à deux millions d’enfants au Sahel de bénéficier d’un accès aux soins, afin de traiter les conséquences de la sous-nutrition et de la malnutrition.

Je suis fier que la France soit le premier pays au monde à mettre en place une taxe sur les transactions financières et à en affecter une partie au développement, ce que le précédent gouvernement n’avait malheureusement pas cru bon de faire.

Par ailleurs – cela peut paraître loin du sujet mais la faim dans le monde est aussi une question de spéculation –, la loi bancaire française est la première loi au monde qui va interdire aux banques françaises de spéculer sur les matières premières agricoles. Nous pouvons en être fiers, même si la droite, là encore, a voté contre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

 

 

 

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