Atrocités et barbarie dans des abattoirs : bientôt la fin ?
Mis en lumière par l’association L214, par le biais de vidéos filmées en caméra cachée, des manquements à la réglementation en matière d’abattage et de graves atteintes au respect de l’animal constatés dans certains abattoirs ont choqué l’opinion publique.
Scandales à répétition dans des abattoirs
Plusieurs scandales relatifs aux abattoirs qui ont été amenés par cette association. On se souvient notamment des vaches égorgées conscientes à Metz, des lapins mutilés et agonisant dans le Morbihan, des poussins broyés vivants dans le Finistère. Mais les images insoutenables enregistrées dans les abattoirs d’Alès, du Vigan dans le Gard et, dernièrement, les animaux découpés, démembrés vivants et conscients à Mauléon-Licharre, ont conduit les acteurs politiques à réaffirmer leur engagement et à se saisir de nouveau de ce problème. Dans ces abattoirs ont été commis de véritables actes de cruauté, avec des souffrances sadiques infligées aux bêtes. Rappelons qu’en France on dénombre un peu moins de 300 abattoirs et que ceux-ci ont une cadence d’abattage élevée avec un grand nombre d’animaux tués chaque jour. Les règles de l’abattage classique, hors abattage rituel, imposent « d’étourdir » les animaux avant de les abattre afin de réduire les souffrances infligées.
Face à ces ignominies commises dans certains établissements d’abattage, les députés ont engagé la création d’une commission d’enquête parlementaire « sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français ». Ainsi, à l’initiative du groupe RRDP (Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste) de l’Assemblée Nationale, elle a été validée par l’Assemblée ce mardi 22 mars afin de faire la lumière sur les conditions réelles d’abattage et permettre de proposer des avancées afin d’améliorer ces conditions. D’après le député Éric Alauzet, « le groupe écologiste avait envisagé de réserver son droit de tirage pour une commission d’enquête annuelle sur le sujet » et soutient le groupe RRDP dans cette initiative.
Du côté du gouvernement, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a, dès l’éclatement du scandale de l’abattoir d’Alès, fait des annonces. En novembre 2015, il a donné l’instruction aux Préfets de s’assurer de la prévention de la maltraitance animale dans les établissements d’abattage et rappelé la responsabilité des opérateurs au sujet de la sécurité sanitaire et de la protection animale. Suite aux événements récents, il a réaffirmé le devoir des Préfets de faire inspecter les abattoirs en instaurant un délai d’un mois pour cela, en ajoutant qu’en cas de situation irrégulière décelée lors du contrôle, une suspension sans délai de l’agrément des établissements concernés devra être faite.
De plus, afin de coordonner ces actions au travail des députés, il a déclaré que les résultats de ces inspections seraient communiqués à la commission d’enquête parlementaire. Enfin, le 31 mars, il a annoncé la possibilité de mettre en place un représentant de la cause animale dans chaque abattoir, c’est-à-dire un salarié bénéficiant d’un statut particulier semblable à celui des « lanceurs d’alerte ». Une mesure jugée « a priori intéressante et qui peut être utile pour dissuader les comportements inadaptés et violents » mais qui « mérite d’être précisée » selon le député Éric Alauzet. Le député du Doubs est le rapporteur du budget sur la Sécurité alimentaire.
Éric Alauzet écrit au Préfet
Ce vendredi, le député a adressé un courrier au Préfet du du Doubs, monsieur Bartolt, afin d’obtenir des précisions sur la réglementation en matière d’abattage ainsi que sur les contrôles effectués. En effet, si des contrôles sanitaires sont effectués à l’arrivée des animaux dans les abattoirs et sur les carcasses, qu’en est-il pour la période intermédiaire (pré-abattage et abattage), pendant laquelle les manquements à la réglementation et les actes de cruauté ont été commis ?
D’autant plus que, depuis la loi du 16 février 2015, le législateur a modernisé le statut des animaux dans le code civil (harmonisant ainsi le statut juridique des animaux avec le Code Rural et le Code Pénal) en les reconnaissant comme des êtres doués de sensibilité.
Selon Éric Alauzet, « au-delà de la révolte que suscitent en nous ces comportements, on reste toujours stupéfaits devant une telle violence voir une telle barbarie dont se rendent parfois coupables certains de nos concitoyens tant ces actes défient l’entendement. Il convient toutefois d’analyser dans quelle mesure les conditions de travail et les impératifs économiques peuvent favoriser, mais jamais expliquer, de tels actes sauvages ».
Pour lui, la réaction du gouvernement était nécessaire « après la répétition de trois cas inadmissibles de maltraitance animale ». L’inspection générale annoncée par le ministre de l’Agriculture « peut permettre de détecter les anomalies les plus grossières ou dissuader les comportements brutaux » mais devra s’accompagner de mesures plus poussées.
En savoir + :
http://www.assemblee-nationale.fr//14/dossiers/enquete_conditions_abattage_animaux_abattoirs.asp
http://www.gouvernement.fr/argumentaire/inspections-systematiques-dans-tous-les-abattoirs-4155