Alstom : Courrier des députés au Premier Ministre : Quel avenir des sites d’Ornans et de Belfort ?

Le 22 décembre, le Premier Ministre, Edouard Philippe reçoit Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom. L’occasion pour les trois députés du Doubs concernés par des sites d’Alstom d’interpeller le Premier Ministre par un courrier en revenant notamment sur les absences de réponses du PDG lors de son audition à l’Assemblée nationale.

 

Monsieur Edouard PHILIPPE

Premier Ministre

Hôtel de Matignon

 

Paris, le 19 décembre 2017

Objet : Entretien avec M. Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom

 

Monsieur le Premier Ministre,

Le 26 septembre 2017 dernier, les Conseils d’administration d’Alstom et de Siemens ont approuvé le principe d’un apport par Siemens de ses activités de mobilité à Alstom, en contrepartie d’une prise de participation de 50% au capital du nouvel ensemble sur une base pleinement diluée. Cette alliance fera émerger un champion franco-allemand, en donnant naissance au numéro deux mondial des matériels roulants, et comme l’a rappelé Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Économie et des Finances, le groupe sera premier dans la signalisation.

Vous recevrez ce vendredi 22 décembre Monsieur Henri Poupart-Lafarge, le Président Directeur Général d’Alstom.

Nous considérons que le secteur ferroviaire est un secteur d’avenir et en notre qualité de députés du Doubs, nous sommes particulièrement attentifs aux sites de production d’Alstom à Belfort et Ornans. Nous avons d’ailleurs auditionné des représentants du personnel d’Alstom et Monsieur Poupart-Lafarge.

Dans un contexte d’interrogations sur les conséquences pour la France de cette fusion, sur l’impact économique en termes d’emplois, sur les participations financières au capital dans le nouveau groupe, et sur les politiques de gouvernance envisagées entre Siemens et Alstom, nous nous permettons de vous alerter sur trois points qui nous semblent devoir faire l’objet d’une attention particulière de la part de l’exécutif.

 

  • Sur l’avenir du site historique de Belfort. La charge pluriannuelle de travail du site dépend fortement de la commande publique. A cet égard, le « TGV du futur » constitue un enjeu déterminant pour l’avenir du site. Les études doivent être engagées en 2018, avec une production prévue en 2020 à cadence faible, celle de la mise au point des premiers trains. C’est pourquoi les autres commandes ont un intérêt particulier. C’est le cas notamment des six rames TGV Lyon-Turin-Milan (douze motrices construites à Belfort) et des vingt locomotives de secours, pour lesquelles les décisions sont encore en suspens.

 

  • Sur l’avenir du site de production d’Ornans. Il repose pour une part importante sur les investissements prévus par le Grand Paris et le métro parisien. Or, il ressort des travaux de la commission d’enquête une grande incertitude sur les intentions prêtées à la direction d’Alstom de confier la fabrication des moteurs nécessaires pour répondre à ces investissements dans un centre de production en Chine. Il s’agirait là d’un contournement « low-cost interne » pour répondre aux appels d’offres publics français et européens qui serait excessivement dangereux pour le centre de production d’Ornans et un manquement grave à la confiance qui doit prévaloir entre l’entreprise et ses salariés dans la cadre de la fusion avec Siemens. Cette question n’a pas connu de véritable réponse lors de l’audition de Monsieur Poupart-Lafarge au sein de la commission d’enquête.

 

  • Sur le projet « bus de nouvelle génération », porté par Alstom. Il revêt un grand intérêt pour le groupe et constitue une filière de diversification riche en perspectives et nouveaux marchés. Il doit donc être soutenu par tous les moyens, y compris par une offre immobilière adaptée pour développer cette nouvelle activité. C’est la raison pour laquelle nous attirons votre attention sur les espaces de production industrielle rendus disponible par PSA sur son site de production de Sochaux, à proximité immédiate de Belfort. Le passage de PSA en mono-flux et la réorganisation de ses chaines de production libèrent en effet 50 000 m² de bâtiments très récents disposant des volumes et hauteurs nécessaires à la fabrication de bus. Cette surface disponible de développement industriel, propriété de PSA, pourrait utilement être conseillée et présentée à Alstom et faire éventuellement l’objet d’un montage financier impliquant les collectivités (notamment Pays de Montbéliard Agglomération) pour l’acquérir et en flécher la destination.

 

Nous espérons que ces quelques points vous permettront de mieux connaître les conséquences de la fusion Alstom / Siemens pour le territoire franc-comtois.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de nos salutations respectueuses.

 

Eric ALAUZET                                                                        Frédéric BARBIER

Député de la 2ème circonscription du Doubs                          Député de la 4ème circonscription du Doubs

Denis SOMMER                                                        

Député de la 3ème circonscription du Doubs                         

Membre de la commission d’enquête sur la politique industrielle de la France

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