Agriculture – S. Le Foll : « Valoriser le lien entre un terroir, une production agricole et un produit alimentaire »

Vendredi 12 juillet, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, était en déplacement dans le Doubs (son deuxième après celui de Mamirolle avec le président de la république en mai dernier), et cette fois à Déservillers (berceau du Comté, la première fructerie datant de 1272), pour célébrer le cinquantenaire du Comité Interprofessionnel du Gruyère de Comté (CIGC).

Eric Alauzet, au coté de Barbara Romagnan et des élus locaux, a participé à la visite d’un GAEC, aux interventions du ministre et à la signature d’une convention-cadre sur les emplois d’avenir dans les métiers du vivant.

Cette journée a été l’occasion pour Eric Alauzet de rappeler son implication sur les dossiers agricoles locaux par le biais des interventions et questions écrites envoyées au Ministre de l’agriculture sur les produits de qualité (protection de la dénomination « absinthe » vis-à-vis de l’IGP suisse, cahier des charges de l’AOP Mont d’Or, devenir du site de l’INAO de Poligny) ; sur les subventions aux agriculteurs (plan de modernisation des bâtiments d’élevage,  devenir du 2ème pilier de la PAC dans la programmation 2014-2020) ; sur la valorisation des déchets agricoles (recours à la méthanisation pour les agriculteurs) ; et sur la forêt et sa gestion (les suppressions de postes à l’ONF, le soutien aux artisans bûcherons).

Le reportage sur la visite :

 

Retour sur la réussite du comté et sur l’actualité en matière agricole : l’accord européen sur la future PAC 2014-2020 et le travail en amont des députés européens EELV.

La réussite du Comté

« Il y a 50 ans paraissait le décret créant le CIGC (Comité Interprofessionnel du Gruyère de Comté), se souvient Claude Vermot-Desroches, son actuel Président. (…) En 1969, au sortir d’une dure période de crise, le CIGC mettait en place le système des contrats, c’est-à-dire une rémunération des fromages en blanc ‘’à la qualité’’. Ces contrats se sont améliorés depuis, mais l’esprit en est toujours le même : créer la confiance et solidifier un partenariat gagnant – gagnant entre le secteur coopératif de la première transformation et le secteur privé de l’affinage. »

« L’histoire de l’interprofession est émaillée de constructions collectives dont chacune contribue à la réussite actuelle du Comté : le plan de régulation de l’offre, la recherche, l’amélioration de la qualité, l’export, les Routes du Comté, la publicité et la communication en général… » (…)

50 ans cigc

« Notre dénominateur commun, c’est notre appartenance à une organisation socio-économique, un paysage, une communauté villageoise, une région, une fruitière, une maison d’affinage. Notre Interprofession est au carrefour de ces appartenances, et vit par et pour elles. Notre réussite économique est aux antipodes de l’argent pour l’argent. Elle nous permet l’accueil de nouveaux producteurs, elle fait fructifier le capital acquis pour les jeunes générations. Notre région est ainsi Championne de France des installations des jeunes agriculteurs. » www.comte.com

Et les ventes de comté ont ainsi progressé de 17% en 10 ans (57 886 tonnes en 2012).

Les professionnels de la filière se tournent également vers les marchés émergents et la Chine en particulier, en raison de la taille du marché potentiel et de son taux de croissance élevé. De plus, le Comté fait partie des 10 produits protégés en Chine dans le cadre d’un accord réciproque négocié avec l’Europe.

Le fondement de l’AOP

Cette venue a été l’occasion pour le Ministre de rappeler le fondement qualitatif de cette Appellation d’Origine Protégée (AOP), qui résulte de « la valorisation d’un travail de l’agriculteur, d’un produit : le lait, transformé en fromage. C’est un exemple de ce qui fait le choix historique de la France, que l’Europe partage, qui a su valoriser le lien entre un terroir, une production agricole et un produit alimentaire (…) et cela que je viens saluer ici ».

La veille, la commission européenne enregistrait en AOP les agneaux des « prés-salés de la baie de Somme », consacrant ainsi le 200ème produit alimentaire français sous signe de qualité.

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La Politique Agricole Commune 2014-2020

Une semaine rythmée par les annonces pour le Ministre de l’Agriculture, puisqu’à la suite de l’accord trouvé sur la PAC le 26 juin dernier entre le Conseil, le Parlement européen et la Commission européenne, entérinant une réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) pour la période 2014-2020, il a présente mercredi en conseil des ministres les grands axes de cette réforme qui doit permettre la mise en place d’une PAC plus juste, plus verte, plus régulatrice et tournée vers les jeunes et l’avenir (voir présentation ci-dessous) ; et la veille il a ouvert la concertation sur les choix nationaux à opérer pour la mise en œuvre en France d’une PAC en faveur de l’élevage et de l’emploi.

C’est l’occasion de parcourir ou re-parcourir la brochure interactive des députés européens EELV qui appelait déjà à une PAC plus juste, plus vertes, plus saine, plus démocratique et plus simple : http://greens-efa-service.eu/reformepac/

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Accord européen sur la réforme de la PAC pour 2014-2020 :

Cet accord européen sur la PAC post-2013 intervient après 2 ans de discussions initiées par Dacian Ciolos, commissaire européen à l’agriculture, qui avait pour ambition de rendre la PAC« plus verte et plus juste ».

Alors que la PAC fêtait en 2012 ses 50 ans, elle devrait donc connaître une réforme en profondeur. Mise en œuvre à l’origine pour répondre aux besoins alimentaires des européens, elle doit aujourd’hui relever une multitude d’autres défis : réchauffement climatique, érosion des sols, pollution des eaux, perte de la biodiversité, crise économique et sociale, souveraineté alimentaire… Les enjeux des négociations sont donc d’envergure.

Les principales mesures de l’accord :

  • Dans la perspective d’une PAC plus verte :

La principale mesure de la réforme concerne le « verdissement » des subventions aux agriculteurs, qui prévoit de lier l’allocation de 30 % d’entre elles au respect de trois pratiques agricoles bénéfiques pour l’environnement : la diversification des cultures, le maintien des prairies permanentes et la préservation de 5 puis 7% de surfaces d’intérêt écologique à partir de 2018. Au terme de deux années de transition, les agriculteurs récalcitrants pourront perdre jusqu’à 37,5 % de leurs aides en guise de sanction.

Au minimum 30% du budget des programmes de développement rural devront être alloués à des mesures agro-environnementales, à des soutiens à l’agriculture biologique ou à des projets liés à des investissements ou des mesures d’innovation favorables à l’environnement.

Les mesures agro-environnementales seront renforcées. Elles devront être complémentaires aux pratiques soutenues dans le cadre du verdissement. Ces programmes devront être plus ambitieux et donc plus efficaces en termes de protection de l’environnement (garantie de non double financement).

  • Dans l’objectif d’une PAC plus juste :

Les références historiques qui constituaient l’étalon et sur la base desquelles étaient calculées les aides directes aux agriculteurs seront abandonnées, pour favoriser la convergence vers une valeur à l’hectare, correspondant à la moyenne nationale. Ainsi, l’enveloppe des aides, qui représente les trois quarts du budget agricole, sera mieux répartie entre agriculteurs d’un même pays ou d’une même région. Actuellement, environ 80 % des paiements directs sont alloués à 20 % des exploitations, car plusieurs pays européens lient encore le montant des versements aux niveaux de production atteints au début des années 2000.

Désormais, les Etats devront obligatoirement faire en sorte d’ici à 2019 que les agriculteurs aidés reçoivent au minimum 60 % du montant moyen de subvention à l’hectare. Mais pour les plus grosses exploitations, la réduction de la subvention pourra être plafonnée à 30 % sur la même période. Les différents Etats membres auront le choix du rythme de convergence des aides adaptés à leurs caractéristiques nationales.

Le soutien à l’herbe et la compensation des handicaps naturels sera revalorisée grâce au relèvement du plafond des aides en zones de montagne.

Les Etats membres pourront également attribuer des aides plus élevées pour les « premiers hectares » d’une exploitation, de façon à aider davantage les structures petites et moyennes.

L’installation des jeunes agriculteurs sera fortement encouragée, avec la mise en place d’un supplément d’aide de 25% pendant les 5 premières années, qui s’appliquera dans tous les Etats membres. Ces aides viendront s’ajouter aux mesures d’investissement en faveur des jeunes déjà disponibles.

Lien vers le communiqué de presse et la communication en conseil des ministres : http://agriculture.gouv.fr/PAC-2014-2020-Stephane-LE-FOLL

Pour plus d’informations, le lien vers le communiqué de presse de l’Union européenne :

http://europa.eu/rapid/press-release_IP-13-613_fr.htm

Cet accord doit encore être formellement approuvé par le Parlement Européen à l’Automne, et devra en outre être mis à jour pour tenir compte des décisions relatives aux perspectives financière 2014-2020.

 

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